Par René Crozet, Jacques Girault
Né le 25 octobre 1899 à Maulicheres (Gers), mort le 28 novembre 1993 à Riscle (Gers) ; instituteur ; franc maçon ; ami et défenseur des républicains espagnols ; responsable du Syndicat national des instituteurs dans les Basses-Pyrénées puis dans le Gers, militant de la Mutuelle générale de l’éducation nationale ; conseiller municipal de Riscle.
Fils d’agriculteurs, Jean Bentegeac reçut une éducation religieuse mais cessa très tôt de pratiquer. Élève de l’école primaire supérieure d’Aire-sur-l’Adour (Landes), il entra à l’école normale d’instituteurs de Dax (Landes) en 1916. Appelé sous les drapeaux (1919-1921), il fut nommé instituteur, à partir de 1921, dans des villages du département. Il rejoignit, avec sa femme, épousée en mars 1923 à Estagel (Pyrénées orientales), institutrice, un poste d’instituteur dans les écoles françaises de Saint-Sébastien (Espagne) en 1929-1931. Le couple eut trois enfants.
Revenu en France dans les Basses-Pyrénées, il enseigna dans un poste double à Urepel (1931-1933) puis au cours complémentaire de Saint-Jean-Pied de Port (1933-1935). En 1934, dans cette ville, dont le député Garat était compromis dans l’affaire Stavitsky, dans une région, fief du dirigeant de l’extrême-droite Ybarnegaray, il ne participa pas à la grève du 12 février 1934 comme ses collègues. Avec son épouse, il repartit sur un poste de directeur des écoles françaises de Bilbao (1935-1936). Revenu en catastrophe, lors de l’offensive des troupes franquistes contre le Pays basque, il fut chargé d’une direction d’école à Bayonne puis au Boucau où il créa une amicale laïque.
Jean Bentégeac adhéra au syndicat dès son entrée en fonction. Franc-maçon (Grand-Orient de France), membre du conseil syndical de la section des Basses-Pyrénées du SNI en 1936, connaissant particulièrement bien la situation des républicains espagnols, il était hostile à la non-intervention, et anima le puissant mouvement de solidarité des instituteurs de la région, notamment l’accueil des enfants, puis l’aide aux internés du camp de Gurs. Il exerça la responsabilité de secrétaire de la section syndicale de 1938 à 1940 et participa à la grève du 30 novembre 1938.
Déplacé d’office à Saint-Michel-de-Fronsac (Gironde) en février 1941 avec son épouse, puis dans le Gers par le gouvernement de Vichy, il exerça ses fonctions d’instituteur à Maulichères-Riscle (Gers) de 1943 jusqu’à sa retraite en 1955.
Il fut élu membre du premier conseil syndical de la section du Gers reconstituée en 1945. Élu le 17 décembre 1945 au Conseil départemental de l’enseignement primaire, il devint le 3 janvier 1946 secrétaire général de la section départementale SNI et assuma cette responsabilité jusqu’en 1948.
Dans le cadre de ses responsabilités à la tête de la section du SNI du Gers qui fut une des plus ardentes dans la décision de créer la Mutuelle générale de l’Éducation nationale au congrès de Grenoble de juillet 1946, Jean Bentegeac fut élu le 8 décembre 1946 au conseil d’administration provisoire de la MGEN, élection confirmée par la première assemblée générale en juillet 1947. Il occupa cette fonction jusqu’en 1963. A ce titre, il participa aux commissions suivantes : solidarité, surveillance, orphelinat, statuts et questions techniques. Membre de la commission administrative de la section du Gers (1948-1963), vice-président, il fut désigné comme son président d’honneur. Dans les années 1960, sympathisant socialiste, il fut élu conseiller municipal puis deuxième adjoint maire de Riscle en mars 1959. Réélu en mars 1965 et en mars 1971, il fut, pendant ces deux mandats, premier adjoint. Il créa en 1970 le syndicat d’initiative et le présida jusqu’en 1973.
Par René Crozet, Jacques Girault
SOURCES : Arch. MGEN (notes d’André Lainé). — L’Ecole libératrice. — Renseignements fournis par l’intéressé et par la mairie de Riscle.