PINTUS Joseph

Par Julien Lucchini

Né le 17 mars 1918 à Sassai (Italie), mort le 06 novembre 2003 à Limoux (Aude) ; ajusteur ; militant communiste de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) ; syndicaliste CGT ; directeur adjoint des Éditions sociales (1959-1976).

Fils d’Ange Pintus, ouvrier cimentier, et d’Antoinette Pintus, sympathisante communiste, sans profession, Joseph Pintus était titulaire d’un CEP et d’un CAP. Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1936 et en fut secrétaire local jusqu’en 1938. Avant guerre, il effectua son service militaire dans l’infanterie.

Durant l’Occupation, Joseph Pintus fut en liaison avec Ange Colombi. Prisonnier aux stalags IV A et IV B, renvoyé à Saint-Nazaire en 1941, il passa clandestinement la ligne de démarcation. Sergent FFI et chef de détachement au groupe FTPF de La Ciotat, il fut démobilisé en 1945. Il avait adhéré au Parti communiste en 1944.

Responsable aux jeunes en 1945, Joseph Pintus fut secrétaire de section à partir de 1947. En 1945, il avait suivi une école de section puis, en 1946, une école fédérale.

Ajusteur au chantier de constructions navales de La Ciotat, il avait adhéré en 1935 à la fédération des Métaux de la CGT et y militait toujours en 1952. De 1949 à 1952 au moins, il fut délégué syndical de son entreprise.

Proposé par la direction fédérale, qui le décrivait comme un « militant solide », au comité fédéral, Joseph Pintus y fut élu en 1952. Il faisait alors également partie du secrétariat de la section locale de La Ciotat et militait à sa cellule Timbaud.

Responsable du bassin minier l’année suivante, il intégra alors le bureau fédéral, où il siégea jusqu’en 1956, puis fut membre du secrétariat fédéral jusqu’en 1959.

Désigné directeur adjoint d’une école centrale de quatre mois en 1957, il y remplaça Paul Courtieu. Il fut affecté à Paris comme collaborateur de la section des écoles, sur proposition de Paul Courtieu. Muté dans la capitale, il quitta ses responsabilités fédérales en 1959.

Le 24 juin 1959, Joseph Pintus succéda à Robert Brécy, directeur adjoint des Éditions sociales depuis 1955 (Guy Besse en était le directeur) lorsque celui-ci fut démis de son poste. À nouveau, le PCF fit appel à un permanent pour occuper cette fonction. Comme Robert Brécy, c’était un intellectuel formé par le parti. Antoine Spire qui intégra plus tard, en 1969, les Éditions sociales le décrivait ainsi : « En fait il ne parle pas souvent et nourrit certainement quelques complexes vis à vis des intellectuels d’origine qu’il censure avec un zeste d’ouvriérisme parfois désagréable ».

Chargé du quotidien des éditions, Joseph Pintus demeura dans cette fonction jusqu’au milieu des années 1970 : « [Était]-ce un rôle de surveillant politique ou d’administrateur comme Raymond Hallery ? » s’interroge Marie-Cécile Bouju dans son ouvrage Lire en communiste. En tout cas il incarna à la tête des Éditions sociales leur appartenance viscérale à l’organisation partisane. Le rôle de Joseph Pintus fut d’autant plus important que Guy Besse était un homme très occupé. Poursuivant son métier d’enseignant, et entamant une carrière de chercheur, ce dernier allait être nommé, en mars 1970, à la tête du CERM (Centre d’études et de recherches marxistes créé en février 1960). Cependant les Éditions sociales n’étaient pas la maison d’édition d’un seul individu voire du « couple Besse-Pintus » (M.-C. Bouju). Sous l’influence notable de Georges Cogniot, et grâce au travail d’un groupe d’auteurs formés par l’université, les chantiers lancés depuis 1947 avaient produit des séries de livres, en particulier de nouvelles traductions des œuvres de Marx et d’Engels avec Émile Bottigelli et Gilbert Badia ; ou celles de Lénine reprises rigoureusement par Paul Kolodkine.

En 1966, année du comité central d’Argenteuil, Guy Besse défendit auprès de Pintus, puis de François Billoux un projet éditorial, proposé par Louis Althusser, qui consistait en une édition de poche « digest » du livre I du Capital, traduite par Jules Roy. Ce projet avorta, et finalement Garnier-Flammarion récupéra l’ouvrage, initialement prévu chez eux, en 1969. Althusser s’était en fait ravisé, et avait souhaité que les Éditions sociales s’emparent du projet « pour aider tous nos camarades présents et à venir à lire Le Capital… ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article162852, notice PINTUS Joseph par Julien Lucchini, version mise en ligne le 21 août 2014, dernière modification le 3 août 2021.

Par Julien Lucchini

SOURCES : Arch. comité national du PCF. – Marie-Cécile Bouju, Lire en communiste, Les maisons d’édition du Parti communiste français, 1920-1968, collection « Histoire », Presses universitaires de Rennes, 2010. – Antoine Spire, Profession permanent, collection « J’écris ton nom liberté », Éditions du Seuil, 1980. – Notes de Gérard Leidet.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable