Par Michel Cordillot
Né le 23 décembre 1826 à La Rochelle (Charente-Maritime) ; militaire ; exilé aux États-Unis pour échapper à une condamnation ; rentré pour se battre contre la Prusse en 1870, communard, exilé en Belgique après la Semaine sanglante.
Marc Francfort fit quatorze ans de service dans l’infanterie : caporal au 72e de ligne, puis sergent au 2e bataillon d’Afrique, il participa aux campagnes de Crimée, d’Afrique, de Syrie et du Mexique. Il fut condamné, le 19 janvier 1856, par le 2e conseil de guerre de Marseille, à trois ans de travaux publics pour désertion à l’intérieur.
Libéré le 25 avril 1869, il partit pour les États-Unis, sans doute pour échapper aux conséquences d’une condamnation à un an et un jour de prison prononcée contre lui par le tribunal correctionnel de la Seine pour abus de confiance. Il s’installa à New-York, mais décida rapidement de rentrer au pays à la nouvelle des revers militaires subis par la France. S’embarqua-t-il avec le contingent de militants socialistes emmené par Latour et Tufferd (voir ces noms) ? Cela semble vraisemblable puisqu’il fut comme eux incorporé dans l’armée des Vosges, avant de faire partie du bataillon des Enfants-Perdus de Paris et d’y être nommé officier-payeur.
Marc Francfort aurait offert ses services à Versailles après le 18 mars 1871, mais n’ayant pas obtenu d’être réintégré dans le grade de sous-officier qu’il avait au moment de sa libération du service militaire, il servit la Commune du 1er avril au 11 mai comme adjudant-major, puis comme chef de bataillon, et enfin comme lieutenant-colonel des Vengeurs de Paris. Il demeurait alors 10, rue Nicolas-Flamel (IVe arr.) et était célibataire.
Marc Francfort fut arrêté le 30 mai 1871. Il soutint n’avoir pris part à aucun engagement et dit « qu’il n’a accepté un grade supérieur que pour paralyser les efforts de l’insurrection et préparer sa défaite. » L’instruction fit en effet apparaître qu’à partir du 11 mai, il s’était effectivement mis au service de la contre-révolution organisée dans Paris. Le 3e conseil de guerre le condamna pourtant à la déportation simple le 22 décembre 1871. Le 14 mai 1872, sa peine fut commuée en dix ans de bannissement, puis remise le 20 mars 1875. Il quitta cette année-là Bruxelles et partit s’installer à Strasbourg. En décembre 1875, il était signalé comme n’exerçant « aucune profession suivie et sérieuse ».
Par Michel Cordillot
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/741. — Arch. PPo, Ba/429. — Arch. Gén. Roy. Belgique, dossier de Sûreté n° 255.015 (en 1880). — F. Sartorius, J.-L. De Paepe, Les Communards en exil. État de la proscription communaliste à Bruxelles et dans les faubourgs, Bruxelles, 1971.