BÉRANGER Daniel

Par Claude Pennetier

Né le 2 mars 1908 en Seine-et-Oise, mort 16 octobre 1978 ; représentant de commerce ; militant communiste du XVe arr. ; proche de la famille Mercader.

Daniel Béranger
Daniel Béranger

Sa mère, Marie-Louise épouse Ramaget, une femme au fort caractère, avait entraîné Daniel Béranger dans le mouvement communiste. Représentant de commerce de la Société Arts et techniques, Daniel Béranger était un jeune militant français lorsqu’il devint l’ami de la fille de Caridad Mercader, Montserrat Mercader, et donc de la sœur de Ramon Mercader, le futur assassin de Trotsky. Sa séparation d’avec Montserrat ne compromit pas ses rapports étroits avec la famille Mercader.C’est sans doute sur demande qu’il entra dans la Jeunesse socialiste et mena une opération « entriste » visant à la fusion des JS et des JC. En 1934, il organisa des rencontres avec une délégation clandestine de JC russes. Il prit également contact avec Fred Zeller mais ses agissements parurent suspects.
Il milita à la section communiste du XVe arr. avec Caridad Mercader et Raymond Guyot et il s’éloigna de la vie politique publique légale. Jacques Duclos l’autorisa à quitter le Parti communiste, procédure régulièrement employée pour permettre le travail dans un réseau discret. Avec sa mère, ils logèrent des membres de la famille Mercader, Leonid Eitingon, amant et référent de Caridad Mercader dans la préparation de l’assassinat de Trotsky, Soudoplatov, et d’autres internationaux. Devenu petit industriel, il voyageait beaucoup, parfois en Belgique.
Durant la guerre, son succès commercial fut assuré par la vente de masques à gaz en caoutchouc de la marque Le Gallus. Il aurait logé Joseph Epstein et coopéré avec lui. Selon Pascal Convert, c’est par l’intermédiaire de Daniel Béranger que transitait une partie du financement des opérations des FTPF d’Île de France. L’argent de son entreprise contribuait au financement des FTP, lui touchant un salaire de 2200 F du Parti communiste.

Sa famille garde de souvenir de passage d’amis discrets, et notamment d’un « Michel », qui pourrait désigner Louis Gronowski, dirigeant de la MOI, ou Jean Jérôme, ou d’ailleurs un autre clandestin.

Quelques instants avant d’être fusillé, Joseph Epstein inscrivit deux noms sur la Bible de l’abbé Stock, aumônier allemand qui transmettait les dernières lettres des fusillés aux familles, dont celui de Daniel Béranger, 18 rue Guersant, Paris XVIIe.
Dans sa dernière lettre à sa femme Paula, il écrivait "Daniel - prends soin de ma petite Paula chérie et de mon petit Microbe adoré".

La fille de Daniel Béranger se souvient qu’alors qu’elle était adolescente (dans les années soixante) « on parlait de Ramon Mercader comme d’un ami [...] un très bon ami ". Et elle ajoute : « Un jour mon père m’a dit : « J’aimerais bien qu’il sache que je ne lui en ai pas voulu d’avoir tué Trotsky, que je lui ai gardé mon amitié »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16297, notice BÉRANGER Daniel par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 11 juin 2020.

Par Claude Pennetier

Daniel Béranger
Daniel Béranger

SOURCES : Pierre Broué, Histoire de l’Internationale communiste, 1919-1943, Fayard, 1997. — Pascal Convert, manuscrit d’un projet de livre sur Joseph Epstein, 2007 ; témoignages de la famille recueillis par Pascal Convert. — Guy Krivopissko, La vie à en mourir. Lettres de fusillés (1941-1944), Seuil, Poche, 2006, p. 270.

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