BERCEGEAIS Joseph, Jean, François

Par Gilles Morin

Né le 28 mars 1910 et mort le 28 octobre 1972 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; employé ; résistant et militant socialiste de cette ville ; secrétaire de la fédération SFIO de la Loire-Inférieure en 1945, de la fédération du Parti socialiste autonome en 1958 ; syndicaliste Force ouvrière.

Fils de Joseph-Marie Bercegeais, employé de Droits de Place à la mairie de Nantes et de Mathilde, Marie, Henriette Lusseau, son épouse, cuisinière. Celle-ci à la suite de la disparition de son époux, le 8 janvier 1915 en Argonne, devint couturière au Magasin central de l’Armée à Nantes. Elle éleva ses fils, Joseph et Émile, pupilles de la nation, en privilégiant les études en fonction de ses petits moyens, faisant montre, écrivait sa petite-fille, de beaucoup, de courage et d’une grande dignité. Joseph suivit une formation professionnelle et obtint un diplôme de polytechnicien électro-mécanicien.
Syndiqué depuis 1926, J. Bercegeais fut employé chez Citroën et Singer, puis entra au Service de l’Eau, le 29 octobre 1934 à Nantes. Il avait adhéré en mai précédant à la SFIO et il participa activement à l’organisation du congrès de Nantes en 1939, organisant notamment la venue de Léon Blum (il figure en photographie dans l’ouvrage « Le cœur et la passion » d’Yves Laurent, étant le 3e à partir de la gauche en haut). Contrairement à la majorité des responsables socialistes du département, il n’appartenait pas à la Franc-Maçonnerie.
Rappelé le 3 septembre 1939 dans le 8e régiment du génie, Bercegeais fut fait prisonnier le 22 juin 1940, dans la forêt de Champ, à Bruyère, près de Saint Dié (Vosges). Emmené prisonnier à Colmar, puis en Allemagne - à Standbostel, près de Kiel sur la Baltique, au Stalag XA n° 44110XB Arbeit Kommando 1023 -, il fut libéré (sanitaire) début mars 1943. À son retour, Bercegeais entra immédiatement en Résistance, car il avait côtoyé la condition misérable des déportés et savait le sort réservé aux juifs. Il participa avec Marcel Febvre notamment, au mouvement « Libération Nord ». Il fut emprisonné à la fin de l’Occupation.
À la libération, Bercegeais était nommé secrétaire du Comité de Libération de Nantes et secrétaire de la section SFIO de la ville le 1er septembre 1944. Il conservait cette fonction en 1945, mais n’était plus en fonction en mai 1946. De nouveau secrétaire en septembre 1947, il démissionna alors pour désaccord avec la direction nationale. Il appartenait à la rédaction de La Tribune socialiste en décembre 1945. Au congrès des fédérations socialistes reconstituées de novembre 1944, Bercegeais, délégué de la fédération, demanda que la laïcité reste la pierre de touche permettant « de distinguer les républicains ». Il siégea à la commission des résolutions. Secrétaire fédéral adjoint, désigné au congrès fédéral du 17 décembre 1944, il représenta encore la fédération avec Guitton à la réunion des secrétaires fédéraux de janvier 1945. Secrétaire fédéral en titre, de mars à septembre 1945, il intervint au conseil national du 20 mai 1945 et au congrès d’août 1945 - où il critiqua la présentation du Populaire - et présenta la motion finale sur la laïcité adoptée par le congrès. Il participa encore au congrès national, tenu à Lyon l’année suivante.
Par la suite, Bercegeais fut suspendu par la commission fédérale des conflits « pour collusion avec le parti autonomiste breton pendant sa captivité » (lettre de Staub*, 12 octobre 1951). Était-il victime d’une cabale, comme cela semble probable, dans une fédération très divisée par les conflits de tendances, compliqués par des conflits de personnes et par la rivalité entre les sections de Nantes et de Saint-Nazaire ? En tout cas, cette suspension fut certainement levée, puisqu’on le retrouve membre de la commission exécutive fédérale, responsable aux questions de presse à Nantes et dans la fédération en 1951-1953.
Au congrès fédéral de janvier 1955, Bercegeais contribua à faire battre le secrétaire fédéral, Staub, au renouvellement du secrétariat fédéral en présentant la candidature de Routier-Preuvost* qui fut élu. Il se prononça contre l’amnistie aux députés indisciplinés sur la CED et fut délégué au congrès national de Puteaux des 5 et 6 février suivant. Mais, durant la guerre d’Algérie, les deux hommes s’affrontèrent frontalement.
Bercegeais, de nouveau secrétaire de section de Nantes en mars 1956 et en 1957, fidèle à son idéal et déçu par des promesses électorales non tenues concernant la fin de la guerre d’Algérie, se vit infliger un blâme en novembre 1956 par la Commission nationale des conflits pour avoir autorisé la publication d’un article pour la paix en Algérie dans un quotidien communiste. Un an plus tard, le 24 novembre 1957, il fut exclu par la Commission fédérale des conflits pour avoir signé un « appel » à la population de la Loire-Atlantique en vue de faire du 17 octobre 1957 une journée pour la paix en Algérie et pour avoir tenu dans un meeting intersyndical, en tant que militant FO, des propos malveillant à l’encontre de Pierre Métayer, ministre socialiste de la Fonction publique. Il avait prit ces positions comme responsable syndical, et non comme politique, mais fut pourtant sanctionné par la SFIO pour cet acte, ainsi que pour son franc-parler qui déplaisait. En septembre 1958, lorsque se produisit la scission de la SFIO qui donna naissance au Parti socialiste autonome, Bercegeais fonda la fédération du PSA, avec un groupe de jeunes du Club Léo Lagrange.
Bercegeais œuvra encore pour l’ébauche des États-Unis d’Europe et devient secrétaire du comité départemental du « Mouvement Européen ». Il fut secrétaire délégué des services publics et de santé de Force ouvrière jusqu’en 1971. Déjà très malade, il se retira.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16303, notice BERCEGEAIS Joseph, Jean, François par Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Gilles Morin

SOURCES : Bulletin intérieur de la SFIO, n° 88, 99. — Arch. OURS, dossiers Loire-Inférieure. — Archives A. Seurat, lettre du 15 mai 1957. — Courrier électronique de sa fille (Mme Brétécher), 1er mars 2004.

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