PRIN Jeannette, Marguerite [née DESPRETZ]

Par Julien Lucchini

Née le 8 juin 1907 à Auchy-les-Mines (Pas-de-Calais), morte de 6 avril 1970 à Thiembronne (Pas-de-Calais) ; employée commis des PTT ; syndicaliste CGT ; militante communiste, membre du secrétariat de la fédération du Pas-de-Calais (1949-1965) ; conseillère municipale d’Auchy-les-Mines (1947-1953), conseillère général du Pas-de-Calais (1967-1970), députée (1951-1958 ; 1962-1970).

Assemblée nationale
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Fille de Louis, Joseph Despretz, houilleur, et de Marguerite Mullier, Jeannette Prin était issue d’une famille d’ouvriers mineurs. Elle obtint le Brevet élémentaire et devint employée des postes. En 1925, elle adhéra à la CGT. Le 4 juillet 1932, elle épousa Gustave, Philibert, Guislain Prin, électricien né à Auchy-les-Mines en 1896 et membre de l’Association républicaine des anciens combattants. Selon le Dictionnaire des parlementaires, Gustave Prin fut militant SFIO et conseiller municipal d’Auchy-les-Mines. Gustave Prin était par ailleurs décoré de la Grande Guerre.

En 1947, dans son questionnaire biographique pour la Section des cadres du PCF, Jeannette Prin affirmait que, fille de militants communistes, elle n’avait été que simple sympathisante dans l’entre-deux guerre et que la capitulation de 1940 et les années qui suivirent avaient profondément motivé son adhésion. À partir de fin juin 1940, Jeannette Prin prit en effet part aux activités clandestines du PCF. Agent de liaison dans le groupe formé par Ignace Humblot, elle hébergea des militants résistants recherchés, comme Georges Capelle et Ignace Humblot, et aida au ravitaillement de résistants maquisards. En 1944, elle adhéra au Parti communiste et, en décembre 1945, elle suivit une école fédérale du parti.

Jeannette Prin fut secrétaire de l’Union des femmes françaises de 1944 à 1950. Au sein de l’organisation féminine, elle avait suivi une école départementale en 1945. Elle intégra le comité fédéral du Parti communiste du Pas-de-Calais en 1946. La direction fédérale soulignait en 1947 son rôle dans l’essor de l’UFF à Auchy, où l’organisation regroupait plus de 300 adhérentes, et dans le suivi des sections. Elle fut alors proposée pour suivre l’école centrale du PCF destinée aux femmes en 1947 mais, en raison de son âge, elle n’entrait pas dans les critères de la Section de montée des cadres qui privilégiait des profils plus jeunes. Elle suivit néanmoins une école centrale quelques années plus tard.

Jeannette Prin fut appelée au secrétariat fédéral en août 1949, en remplacement de Roger Pannequin, appelé à la section d’organisation par Auguste Lecoeur. Elle siégea au secrétariat fédéral jusqu’en 1965 et y fut notamment chargée du travail parmi les femmes. Elle fut ensuite ramenée au bureau fédéral et y demeura jusqu’en 1970. À compter de 1961, elle apparaissait comme retraitée. Parallèlement, elle resta membre du bureau départemental de l’UFF après 1950, et était toujours responsable de cette organisation en 1963.
Jeannette Prin eut également des responsabilités sur le plan national. Elle avait été élue comme titulaire à la commission centrale de contrôle financier lors du XIVe Congrès du PCF (Le Havre, juillet 1956) et y siégea jusqu’au XVIIe Congrès (Paris, mai 1964).

Candidate en quatrième position aux élections législatives de 1946 pour la deuxième circonscription du Pas-de-Calais, elle ne fut pas élue. De 1947 à 1953, elle fut conseillère municipale d’Auchy-les-Mines. De nouveau candidate dans la même position aux élections législatives de 1951, elle fut cette fois élue de la deuxième circonscription, la liste communiste recueillant 36,4 % des suffrages. À l’Assemblée, elle y fut membre des commissions de la famille, de la population et de la santé de 1951 à 1952, puis des commissions en charge de la Défense nationale, des moyens de communications et du tourisme, de 1953 à 1955. Elle fut réélue, en troisième position, lors des élections législatives de janvier 1956. Lors de cette mandature, elle fut secrétaire de l’Assemblée, ainsi que membre des commissions en charge du tourisme et de la Défense nationale. Durant ces deux mandats, Jeannette Prin s’était montrée très active sur les questions du droit des femmes, de la préservation des emplois miniers, et sur le statut des travailleurs des PTT, où elle avait exercé. Elle déposa plusieurs projets de lois et de résolution dans ces domaines. Le 27 février 1958, elle intervint en séance pour dénoncer les horreurs de la guerre d’Algérie et apporta publiquement son soutien aux soldats déserteurs, donnant lecture des témoignages publiés par le comité de résistance spirituelle. Le débat qui s’ensuivit fut extrêmement vif et Jeannette Prin fut rappelée à l’ordre.

Non réélue en 1958, Jeannette Prin, réintégra l’Assemblée en 1962, ayant été élue députée de la onzième circonscription du Pas-de-Calais. Dans les années soixante, elle défendit des projets de lois relatifs aux droits des femmes et, dans le contexte de fermeture progressive des mines de sa région d’origine, fit de nombreuses interventions sur le sort des mineurs. Sensible aux conditions de vie des familles, elle s’était présentée, dans sa profession de foi, comme la candidate « des familles et de la misère ». Elle déposa de nouveau plusieurs projets de lois et de résolutions, notamment pour la revalorisation des prestations familiales et tenant compte des évolutions sociétales. Ainsi, elle tenta, sans succès, de soumettre un texte supprimant la notion de « chef de famille ». Redevenue secrétaire de l’Assemblée nationale en 1968, elle poursuivit son action en faveur du droit des femmes et, dans le contexte de l’après Mai 68 et de l’augmentation du chômage des jeunes, réclama une baisse de l’âge d’éligibilité aux fonctions syndicales.

En 1967, elle fut élue du canton Lens-Nord-Est au conseil général du Pas-de-Calais, et le resta jusqu’en 1970.

Le 6 avril 1970, celle qui était alors l’une des huit femmes élues à l’Assemblée nationale mourut dans un accident de la route près de Fauquembergues (Pas-de-Calais) en compagnie de son mari. Gustave Prin, militant communiste qui était alors administrateur de la Coopérative centrale du pays minier, succomba lui aussi quelques jours plus tard. Le 7 avril, un hommage fut rendu à Jeannette Prin par ses anciens collègues au Palais Bourbon, où son suppléant, Henri Lucas*, lui succéda. Lors de leurs funérailles, qui eurent lieu à Auchy-les-Mines, trois éloges funèbres furent prononcés, au nom de l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance, de l’Union des femmes françaises et du Parti communiste.

Jeannette Prin était titulaire de la Médaille de la Résistance. Son nom a été donné à plusieurs rues, parcs et écoles de communes du Pas-de-Calais.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163293, notice PRIN Jeannette, Marguerite [née DESPRETZ] par Julien Lucchini, version mise en ligne le 28 août 2014, dernière modification le 26 septembre 2014.

Par Julien Lucchini

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SOURCES : Arch. comité national du PCF. - Fiche biographique sur le site de l’Assemblée nationale. - Le Monde. - Le Phare dunkerquois. - Comptes-rendu de séances, Assemblée nationale. - État civil.

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