PONÇOT Jean, Marie, Léon

Par Bruno Poucet

Né le 25 mars 1934 à Besançon (Doubs), mort le 15 février 2016 en Suisse ; professeur certifié d’histoire-géographie dans l’enseignement privé sous contrat ; président du syndicat CFDT de Franche-Comté ; président de la FEP-CFDT ; membre du Parti socialiste, adjoint au maire de Besançon.

Fils de Léon Ponçot, horloger, et de Georgette Moiret, sans profession, une famille de tradition chrétienne, Jean Ponçot était né à Besançon où il a toujours vécu. Il a été scolarisé dans le lycée public de la ville. Grâce à son professeur de philosophie, il découvrit le personnalisme, ce qui constitua une des matrices de ses engagements à venir.

Après son baccalauréat philosophie, il entra à la faculté des lettres de Besançon où il poursuivit des études d’histoire-géographie. Il découvrit alors le militantisme au sein de la JEC dont il devint le responsable universitaire. Il s’opposa ainsi au responsable de l’Association générale des étudiants de Besançon (branche locale de l’UNEF), favorable à l’Algérie française. Ce militantisme le fit remarquer par un aumônier national de la JEC qui lui proposa de devenir permanent national de la JEC. Après l’obtention de sa licence d’histoire-géographie, il monta ainsi à Paris en septembre 1956. Il était chargé des questions d’Outre-mer. Or, c’était l’année où l’équipe nationale entra en opposition avec les évêques : il démissionna donc avec le reste de l’équipe et revint en septembre 1957 à Besançon. Il fut alors élu en décembre président de l’AG des étudiants de Besançon qui regroupait environ 1 100 étudiants sur 1 500, mais était profondément divisée sur la question de l’Algérie. En novembre 1958, il créa une section de la mutuelle étudiante.

En 1959, il était contacté par un établissement privé, Saint-Jean, dirigé par des maristes, pour y donner quelques heures d’enseignement, juste avant son départ en Algérie en mai 1961, afin d’effectuer son service national. Il a été affecté au Groupe de transport 522 à la Compagnie de la Ferme Delorme à côté de Telerma au printemps 1962. Il a passé des soirées avec son compagnon d’arme Pierre Galaud qui estime que c’est Jean Ponçot qui lui a fait prendre conscience de la nécessité de militer.
Il revint en janvier 1963, sur demande du chef d’établissement qui manquait de professeur. Ayant passé le CAPES, il resta finalement dans l’établissement comme professeur de lycée jusqu’en juin 1997. Entre temps, il s’était marié le 13 juillet 1967 à Besançon avec Nicole Dutruy et avait eu des enfants.

Dès son arrivée dans l’établissement, Jean Ponçot se syndiqua à la CFTC. Le secrétaire général de la FEP, Camille Caduc, lui proposa alors d’être délégué académique, ce qui lui permit de rencontrer à Paris les délégués des autres régions. Il participa ainsi activement à la naissance et au développement du syndicat, notamment dans le Jura, la Haute-Saône. Assez rapidement, en 1964, il devenait Président du syndicat de Franche-Comté (1964-1971), au moment même où la CFTC évoluait vers la CFDT : il participa à ce titre au congrès CFDT d’Issy-les-Moulineaux. Au congrès fédéral d’Annecy, en 1996, il fut élu conseiller fédéral. Sur demande du président fédéral de la FEP-CFDT, Charles Brunold, il participa à une commission fédérale sur l’évolution de l’enseignement privé puisque la loi scolaire devait être revue en 1968 : la FEP était favorable à la généralisation du contrat d’association et envisageait, avec prudence d’autres rapprochements possibles avec l’enseignement public. En 1968, au congrès de Besançon, organisé par le syndicat dont il était président, il était élu au bureau fédéral. Le débat porta sur le rythme des évolutions à envisager : lente ou plus rapide, allant vers une intégration dans l’enseignement public, comme le souhaitait le syndicat de la Loire et celui de Loire-Atlantique. Il fut finalement élu en 1970 à la commission exécutive de la FEP-CFDT, comme secrétaire général adjoint. Les positions des uns et des autres se radicalisèrent progressivement, certains, notamment Guy Champain, secrétaire général de l’Union régionale des Pays de Loire, en vue d’une éventuelle victoire de la gauche aux législatives, voulaient accélérer un éventuel processus d’intégration dans l’enseignement public, Jean Ponçot pensait qu’il fallait être prudent et d’agir plus progressivement : il s’agissait, à ses yeux, d’éviter l’éclatement de la FEP-CFDT.

En 1972, il fut, au congrès de Saint-Etienne, élu président fédéral. Il siégea, à ce titre, dans les instances de l’enseignement catholique, le Comité national de l’enseignement catholique (CNEC) où, grâce à Charles Brunold qui avait joué un rôle important dans l’acceptation de la loi Debré par l’enseignement catholique, la fédération était écoutée, notamment par Jean Cuminal et Edmond Vandermeersch, secrétaires généraux. La situation s’est considérablement détériorée, à partir du moment où Nicole Fontaine, représentante de l’aile libérale de l’enseignement catholique, est entrée au Secrétariat Général de l’enseignement catholique. Jean Ponçot participa également à la création de l’UNAPEC (organisme de formation permanente de l’enseignement catholique). Il tenta, mais en vain, de parvenir à mettre sur pieds une convention collective unique des personnels de l’enseignement privé non liés par contrat avec l’tat. Il fut membre de la Commission nationale de pédagogie (CNP) de l’enseignement catholique. Il participa également aux débats du Conseil national confédéral de la CFDT, à partir de 1974, notamment autour des questions de l’autogestion et se trouvait assez proche des positions soutenues par Hacuitex. Des discussions eurent lieu également ave Edmond Maire* sur la position de la CFDT par rapport à l’enseignement privé.

Mais, la grande affaire était ailleurs. De nombreuses discussions et contacts avaient alors lieu avec les partis de gauche, représentés par Pierre Juquin* (PC) Louis Mexandeau* (PS) : la fédération prit finalement position pour la nationalisation au congrès fédéral de Lorient en 1974. Cette période a été marquée par d’intenses négociations aussi bien de façon interne (c’est la montée en puissance du SNEC-CFTC) que de façon externe : de nombreuses positions, projets ont été définis, visant à une nationalisation plus ou moins progressive de l’enseignement privé, d’autant que l’échec de la gauche aux élections législatives de 1978 semble éloigner toute perspective. Et Jean Ponçot pensait, comme bien d’autres, que Valéry Giscard d’Estaing serait réélu à la Présidence de la République. En 1980, au congrès d’Arras, Jean Ponçot décida de passer la main : Marc Vincent fut élu président, tandis que, par souci tactique de l’équipe dirigeante sortante, le leader de l’opposition, Guy Champain, devenait secrétaire général.

Jean Ponçot avait en effet décidé de passer de l’autre côté du miroir et d’agir en politique, ce qu’il estimait ne pas pouvoir faire pendant sa présidence à la FEP-CFDT. Ancien membre du PSU, il avait ensuite pris sa carte au PS. La victoire inattendue de François Mitterrand en mai 1981 précipita les choses : il fut intégré à un groupe technique propre au parti socialiste afin de préparer la nationalisation de l’enseignement. Il vécut le retrait de la loi Savary en 1984, comme un échec fondamental.

Il s’engagea également dans des activités militantes liées à sa ville et fut élu, en 1983, conseiller municipal de l’équipe conduite par Robert Schwint et à ce titre il fut, en tant qu’adjoint, chargé des questions de logement. Il le resta jusqu’en 1995. En 2014, il appelait à voter à la liste d’union PS- Ps société civile.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163496, notice PONÇOT Jean, Marie, Léon par Bruno Poucet, version mise en ligne le 9 septembre 2014, dernière modification le 17 mars 2022.

Par Bruno Poucet

SOURCES : archives FEP-CFDT (presse syndicale, dossiers de préparation des congrès, dossiers des conseils), entretien avec Jacques André du 17 avril 1997 transcrit partiellement dans Bruno Poucet, Histoire et mémoire de la FEP-CFDT, Paris, L’Harmattan, 1999, p.168-173 ; SEP-CFDT de Franche Comté, n° 136, décembre 1997, p. 5 ; Bruno Poucet, Entre l’Église et la République, Paris, éditions de l’Atelier, 1998, p. 139-177. — État civil. — Note de Pierre Galaud, camarade de Service armée en Algérie, qui précise : "Jean Ponçot est un de mes "maîtres à penser" même s’il ne l’a jamais su. C’est lui qui m’a fait prendre conscience de la nécessité de militer. Nous refaisions la monde le soir dans notre ferme fortifiée et isolée. Dans ce monde clos et uniquement masculin, sauvage, assez difficile à supporter pour beaucoup, il était la voix de la civilisation et de la civilité. J’avais à peine 20 ans, il en avait 26, il a marqué de son sceau le sens de ma vie et probablement pas que la mienne." (mars 2022).

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