JEALLOT Pierre, dit « Le Tapin » [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Paris le 22 février 1833 ; ouvrier papetier ou peintre en bâtiment ; marié, père de deux enfants ; blanquiste ; membre actif de l’Internationale, communard ; réfugié à New York.

Ancien délégué de la Commission ouvrière de 1867 au sein de laquelle il représenta les ouvriers parisiens en papiers peints fantaisie (il habitait alors 8, rue du Chaudron, à Paris), Pierre Jeallot fut durant la Commune un militant actif de l’Internationale. Il était alors blanquiste et appartenait au groupe de Ménilmontant.

Durant le premier Siège, Pierre Jeallot fut incorporé au 74e bataillon de la Garde nationale. Sous la Commune, il fut élu capitaine et exerça les fonctions de directeur de la boulangerie à la manutention du quai de Billy. Le 4 octobre 1873, le 4e conseil de guerre le condamna par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Au lendemain de la Commune, Pierre Jeallot parvint à fuir et à se réfugier à New York, où il arriva à la fin de l’année 1871. C’est sans doute lui (Jeaflot P.) qui envoya une lettre au Socialiste pour dénoncer l’attitude de la police française qui traquait les communards en fuite sur les bateaux transatlantiques. Ayant pris langue avec les Internationaux, il s’installa à la pension de Constant Christenert (voir ce nom). Il se mit à la recherche d’un emploi, quel qu’il soit (mais de préférence comme ouvrier en papier peints de couleur) en passant des petites annonces dans les colonnes du Socialiste à compter du 16 décembre 1871. Mais apparemment, un mois plus tard, il était toujours sans emploi fixe. C’est sans doute ce qui explique qu’il ait alors décidé de repartir en Europe, plus précisément pour Bruxelles où il se trouvait en mars 1872. Il n’en resta pas moins en contact avec les socialistes franco-américains, comme le prouve la correspondance publiée par le Bulletin de l’Union républicaine le 20 août 1876, dans laquelle il dénonçait les mauvais traitements infligés au déportés de Nouvelle-Calédonie.

Pierre Jeallot n’apprécia pas particulièrement les réfugiés qu’il rencontra à Bruxelles (lettre à Eudes, 24 mai). Il se rendit alors en Suisse, puis, en mars 1873, vint faire un tour à Paris d’où il écrivait à Eudes, le 4 mai : « Depuis le commencement de mars, j’ai quitté Genève pour me rendre à cette grande et jolie ville de Paris », et il ajoutait : « Je n’ai pas plus été inquiété que le premier des réacs venu. » Jeallot revint ensuite en Suisse, à Neuchâtel, à Saint-Imier, à La Chaux-de-Fonds.

C’est à Neuchâtel que Pierre Jeallot connut James Guillaume. Il gagna pendant longtemps sa vie en tournant la roue d’une presse dans une imprimerie et adhéra à la section de Neuchâtel de l’AIT. En 1877, il vivait à La Chaux-de-Fonds. Le 18 mars, il participa à la fameuse manifestation du drapeau rouge à Berne. En juillet, il dut effectuer un bref séjour à Paris. Les 19 et 20 août se tint, en effet, à La Chaux-de-Fonds, le congrès d’une Fédération française de l’AIT constituée en avril et dont Alerini, Brousse, Dumartheray, Montels, Pindy avaient constitué la commission administrative initiale. Après le congrès, Jeallot et H. Ferré remplacèrent Brousse et Montels. Jeallot exerça les fonctions de caissier fédéral.

Après l’amnistie, Pierre Jeallot rentra en France. Il écrivit ses souvenirs qu’il communiqua à Lucien Descaves. Il mourut à l’hospice de Brévannes.

Descaves l’a présenté dans son roman historique Philémon, vieux de la vieille comme un « véritable gamin de Paris, gai, courageux, serviable, et débrouillard comme pas un ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163528, notice JEALLOT Pierre, dit « Le Tapin » [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 3 septembre 2014, dernière modification le 3 septembre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/857, n° 2848 ; Archives Eudes (IFHS) ; Arch. Gén. Roy. Belgique, dossier de Sûreté, renseignements datés 16 mars 1872 ; Le Socialiste, 14 octobre, 16 décembre 1871, 13 janvier 1872, entre autres ; James Guillaume, L’Internationale. Documents et Souvenirs, Paris, 4 vol., 1905-1910, notamment t. II, p. 172, 223, t. IV, p. 146, 220 ; Lucien Descaves, Philémon, vieux de la vieille, Paris, Ollendorff, 1913, pp. 277, 321, 325 ; Jean Maitron, « En dépouillant les archives du général Eudes », L’Actualité de l’Histoire, n° 6, janvier 1954, p. 11 ; Maurice Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire à la fin du Second Empire, Paris, A. Colin, 1960 (le nom est orthographié Jallot).

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