PICHON Victor

Par Alain Prigent

Né le 23 juillet 1928 à Tréglamus (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor) ; ouvrier agricole puis agent EDF ; militant de la CGT et du PCF de la Seine et des Côtes d’Armor.

Victor Pichon était le fils d’un ouvrier agricole, né en 1900. Sa mère tenait une petite ferme à Louargat, au pied du Méné Bré. Victor était le troisième enfant de la famille. Un de ses frères mourut à l’âge de 3 ans. Victor Pichon alla à l’école de Louargat à l’âge de huit ans : il ne savait pas le français ne parlant que le breton. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires à 13 ans, il travailla immédiatement dans une ferme comme commis de ferme.
A la Libération, il fut embauché comme charretier dans une exploitation un peu plus grande aux portes de Guingamp, dans le hameau de Roudourou en Plouisy. C’est dans cette localité qui donna son adhésion à l’UJRF (Union de la jeunesse républicaine de France). En 1948 il fit son service militaire en Algérie dans un régiment de parachutistes à Sétif puis à Alger. Il fut démobilisé avant la fin de sa période militaire comme soutien de famille. Après avoir travaillé quelques mois au printemps 1949 dans une entreprise de Saint-Denis, conseillé par un cousin, il proposa sa candidature à la direction de la centrale thermique de Saint-Denis-Pleyel. Comme beaucoup de Bretons, il fut embauché. Chauffeur de four, en travail posté de 8 heures, il donna immédiatement son adhésion à la CGT. Il adhéra au parti communiste en 1949 militant à la cellule de la centrale et participant à la vente de la presse de la CGT et du PCF. Il vendait quotidiennement 40 exemplaires de L’Humanité à l’intérieur de la centrale. En 1951 il participa aux actions pour la défense des oeuvres sociales et du comité d’entreprise, Rue Ballu. L’année suivante, en juin 1952, il ne put rejoindre la manifestation contre la venue en France du général Ridgway, il fut arrêté à sa descente du métro à la station des Champs-Élysées. Il ne fut relâché qu’au milieu de la nuit.
En 1953, lors d’un conflit très dur à la centrale de Saint-Denis, il fut sanctionné par la direction (deux mois de salaire) pour avoir suivi un mot d’ordre de la CGT, relayé aussi au coeur de la centrale par Pierre Delplanque*, délégué général de la section syndicale de la centrale. Victor Pichon prit des dispositions au sein du piquet de grève pour mettre les installations d’électricité et de gaz à zéro, hors d’état de fonctionner. Délégué CGT de l’équipe, à la suite d’une altercation violente avec le directeur, il fut à nouveau sanctionné par un changement de poste. Pendant deux ans il fut affecté au ramonage et au vidage des cendriers. En 1955, il fut mis en arrêt de maladie souffrant de problèmes pulmonaires graves. Pendant 18 mois, il fut affecté à la gérance de la coopérative de la centrale.
De 1958 à 1961 il fit son retour à la centrale. Lorsque la centrale fut transformée en 1961, abandonnant le charbon pour le fioul, Victor Pichon fut touché par la restructuration du personnel. Après un stage de reconversion de monteur électricien, il fut muté dans le 16e arrondissement au secteur Paris-Distribution, centre Boissière. Avec Raymond Gesseret, venant de la centrale de Saint-Ouen, il consacra son activité militante à la reconstitution du syndicat CGT qui était minoritaire. Remarqué par ses qualités au sein du service d’ordre de la CGT, à la fin de l’année 1961, il fut détaché par la fédération de l’énergie à la protection rapprochée de Marcel Paul* menacé par l’OAS, le 22 novembre 1961, une charge de plastic fut découverte devant son domicile. Avec deux autres syndicalistes de la CGT il occupa ces fonctions pendant près de deux ans. En février 1962, il exfiltra Marcel Paul de la manifestation au métro Charonne en se réfugiant avec la complicité d’une concierge dans un bâtiment. La mise à l’écart de Marcel Paul fin 1962 (problèmes de santé et divergences syndicales et politiques) mit fin à la mission de Victor Pichon qui retourna au centre Boissière. Élu correspondant de la SLV (section locale de vote) il fut détaché pendant une décennie au titre de la CGT. Il fut pendant toute cette période responsable du piquet de grève des 16e et 8e arrondissements. Il participa aux événements de mai et juin 1968.
En 1973 il obtint sa mutation pour la Bretagne, à Lannion. Il fut élu au conseil d’administration du CMAS (comité mixte d’action sociale). Il travailla avec les secrétaires de la fédération dans le département des Côtes-du-Nord Amand Le Parc, Roger Henry, Paul Méheust, et Bruno Beuzit. Militant de la section communiste de Lannion, il fut élu conseiller municipal de Ploubezre (1995-2008) au sein de la municipalité d’union de la gauche dirigée par le socialiste Jean-Yves Menou. Victor Pichon fut un des responsables de l’association des chasseurs de la commune. Il se maria en septembre 1959 à Paris (16e). Le couple eut deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163547, notice PICHON Victor par Alain Prigent, version mise en ligne le 3 septembre 2014, dernière modification le 3 septembre 2014.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. de la section du PCF Lannion de Dinan conservées par Alain Prigent. —Entretiens multiples en 2013.

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