ADAM Wilhem, Karl, Heinrich

Par Daniel Grason

Né le 12 août 1911 à Recklinhausen en Rhénanie du nord Westphalie (Allemagne) ; tailleur, interprète ; militant de la Main d’Œuvre immigrée (M.O.I.) ; déporté.

Fils d’Heinrich et de Frederika, née Venner, Wilhem Adam vécut dans la Sarre. Depuis le traité de paix Versailles du 28 juin 1919, ce territoire était placé sous mandat de la Société des Nations (SDN) pour quinze ans, les mines de charbon étaient devenues propriété de la France. Le 13 janvier 1935, un référendum fut organisé pour le maintien de la situation ou pour le rattachement de la Sarre à la France ou à l’Allemagne, Wilhem Adam mena campagne pour que le rattachement à la France. Cette dernière proposition recueillait deux mille suffrages (0,8%), plus de 90 % des électeurs votèrent pour le rattachement à l’Allemagne dirigée par Hitler.

Il vint en France, fut interné à Strasbourg puis à Ancenis (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Il alla à Paris sans autorisation, tenta de régulariser sa situation sans succès. Il resta dans la capitale, fit connaissance de Estera Rajs, couturière, née à Lublin en Pologne qu’il épousa le 14 septembre 1939 à Paris XIe arr., parent d’un enfant. Il vécurent au 5R8 boulevar Richard Lenoir, XIe arr. puis 63 rue Dulong dans le XVIIe arr. Il s’engagea dans l’armée française, fut reconnu apte le 3 mai 1940. Quelques jours plus tard une ordonnance du gouvernement militaire de Paris visant les réfugiés sarrois ordonnait leur internement au stade Buffalo pour ceux qui résidaient en Région parisienne.

Transféré au camp du Ruchard (Indre-et-Loire), puis à Limoges (Haute-Vienne), il était sommé après l’armistice d’opter pour l’Allemagne ou la France. Il choisissait la France, fut incorporé au 313e Groupement de travailleurs étrangers (GTE) à Bellac (Haute-Vienne), puis à Poitiers (Vienne). Sur ordre de la Wehrmacht il fut libéré et gagna Paris.

La police de sécurité et du service de renseignements de la SS (Sipo-SD) l’arrêta le 20 novembre 1940 à son domicile 58 Boulevard Richard-Lenoir, à Paris XIe arr. Incarcéré à la Santé, transféré en Allemagne, inculpé de « haute trahison » il fut interné à Bochum jusqu’en novembre 1941. Incorporé d’office à cette date dans le service sanitaire de la Luftwaffe, il était envoyé à Arras (Pas-de-Calais) et à Bruxelles (Belgique). Libéré de toute obligation militaire, il était libéré en 1943 à Munster (Haut-Rhin).

Il revint à Paris, poursuivit des contacts prit en Belgique avec la Résistance antihitlérienne, il travailla comme interprète à la gare d’Austerlitz et à la Feldkommandantur 595 à Angers (Maine-et-Loire). Il fournissait des renseignements sur le moral des troupes allemandes à Josef Ullmann et Sally Grynvogel chargés du Travail allemand (T.A.), ces informations étaient utilisées dans les journaux ronéotés en langue allemande Die stimme des volkes (La Voix du peuple) et Soldat im westen.

Le 20 novembre 1943 quatre inspecteurs de la BS1 arrêtaient le couple Adam à son domicile du 63 Rue Dulong à Paris XVIIe arr., il portait des papiers d’identité au nom d’Henri Martin. Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales il reconnut les faits, fut inculpé pour « propagande communiste ». Une fausse carte d’identité au nom de Maria Martin avec la photographie de Estera Adam fut découverte chez Sally Grynvogel, elle fut également arrêtée. Livré aux Allemands, tous les deux furent emprisonnés à Fresnes. Estera accoucha le 21 mai 1944 d’une petite fille Sonja à la prison.

Le 15 août 1944 il était dans le convoi de 1654 hommes qui partit de la gare de Pantin à destination de Buchenwald (Allemagne), le convoi arriva le 20 août, Wilhem Adam fut transféré à Dora puis au Kommando de Ellrich où les détenus devaient creuser des galeries souterraines et à des travaux de génie civil. Matricule 76921, Wilhem Adam était libéré le 3 mai 1945, plus de la moitié des déportés du convoi étaient morts, il fut rapatrié le 19 mai 1945.

Il témoigna devant la commission d’épuration de la police en 1945, reconnut sur photographies les quatre inspecteurs qui l’arrêtèrent, porta plainte. Il déclara qu’il n’avait pas été frappé. Le couple quitta le 80 Rue Dulong à Paris XVIIe et partit après 1947 vivre à Beauvais (Oise).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163568, notice ADAM Wilhem, Karl, Heinrich par Daniel Grason, version mise en ligne le 3 septembre 2014, dernière modification le 20 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., PCF carton 15 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste du 29 novembre 1943, Carton 8 (dossier 30) arrestations de militants communistes, 77W 785, KB 21, KB 48, KB 49. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004.
– Gilbert Badia, Histoire de l’Allemagne contemporaine, t. II, Éd. sociales, 1962. — Le livre des 9000 déportés de France à Mittelbau-Dora, dir. Laurent Thiery, 2020, Cherche Midi.

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