BRUNET Joseph, Ludovic, Eugène

Par Dominique Tantin

Né le 2 novembre 1883 à Saint-Junien (Haute-Vienne), fusillé comme otage le 24 octobre 1941 au camp de Souge, commune de Martignas-sur-Jalle (Gironde) ; ouvrier électricien ; militant syndicaliste et communiste.

Joseph Brunet naquit à Saint-Junien, une cité du Limousin marquée, à l’instar de Limoges, par l’influence précoce du mouvement ouvrier. D’abord adhérent du Parti socialiste SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), il se rallia à la majorité qui décida au Congrès de Tours, en décembre 1920, de fonder le Parti communiste français et d’adhérer à la IIIe Internationale.
La recherche de travail conduisit Joseph Brunet à quitter le Limousin pour le sud-ouest. Il s’engagea activement dans l’action syndicale. À Bayonne, en 1930, il fut condamné le 11 juin pour « atteinte à la liberté du travail » pour avoir organisé un piquet de grève. Il continua à militer à Bordeaux (Gironde) où il était domicilié avec son épouse au 28 rue Achard, dans le quartier de Bacalan.
Joseph Brunet fut victime de la rafle du 22 novembre 1940 qui se solda par l’arrestation de 148 communistes par la police de Vichy, et il fut interné administratif, sans être jugé, au foyer des émigrants 24 quai de Bacalan à Bordeaux puis au camp de Mérignac (Gironde). Le commissaire Poinsot, connu pour son anticommunisme, le décrivit ainsi dans un rapport au préfet de Gironde : « En période électorale notamment, il était désigné par le parti pour appuyer la campagne du communiste et porter la contradiction aux candidats des autres partis. Intelligent et cultivé, était en vue dans Bordeaux et ses alentours [...] Vieux militant de la première heure, sans interruption, ses sentiments actuels sont inchangés, il ne s’en défend pas d’ailleurs ».
Son épouse lui portait de la nourriture et demanda son élargissement. Le préfet Alype transmit le dossier à la Feldkommandantur le 28 février 1941, accompagné de l’appréciation suivante : « Vieux militant du parti depuis sa formation, ses sentiments politiques sont inchangés, et il ne s’en défend pas. Aussi faut-il le considérer comme un ennemi du régime prêt à participer activement, le cas échéant, à une action révolutionnaire ». Le 6 juin 1941, le préfet répondit à son épouse qu’« il sera possible d’envisager la libération de votre mari lorsque celui-ci aura donné des preuves tangibles de son renoncement aux idées extrémistes et mots d’ordre propagés par la IIIe Internationale ».
Joseph Brunet fut l’un des cinquante otages désignés pour être fusillés en représailles à l’attentat qui coûta la vie au commandant Reimers à Bordeaux le 21 octobre 1941. L’exécution eut lieu au camp de Souge le 24 octobre 1941.
Une rue de Bordeaux porte son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163622, notice BRUNET Joseph, Ludovic, Eugène par Dominique Tantin, version mise en ligne le 4 septembre 2014, dernière modification le 9 juillet 2022.

Par Dominique Tantin

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). – Christophe Dabitch, Bordeaux, Les 50 Otages, Un Assassinat Politique, Les chemins de la mémoire, 1999. – Comité du souvenir des fusillés de Souge, Les 256 de Souge, op. cit., p. 43. — Site Internet.

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