GABARET Alcide, René

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Né le 18 mai 1924 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), fusillé après condamnation à mort le 29 juin 1944 à Saint-Herblain (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), château de La Bouvardière ; étudiant puis électricien, domicilié aux Sables-d’Olonne (Vendée) ; résistant FFI, maquis de Saffré (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique).

Alcide Gabaret le 18 juin 1941, sur l’Erdre.
Alcide Gabaret le 18 juin 1941, sur l’Erdre.
Crédit photo : Fonds Jean-Charles Verdier

Alcide Gabaret était le fils d’Alcide, Eugène, Victor, électricien, et de Madeleine, Henriette, Marie, Eugénie née Paquereau, commerçante, demeurant 35 rue des Halles aux Sables-d’Olonne (Vendée). Alcide était le dernier de leurs trois enfants, après Raymond et Jeanne. Bon élève, il fut reçu en juin 1936 au certificat d’études primaires (Écoles publiques) avec la mention Bien, puis l’année suivante à l’examen des bourses nationales de l’enseignement primaire (2ème série). Il devint à la rentrée 1938, élève de l’école Livet (École Nationale Professionnelle aujourd’hui lycée Eugène-Livet) de Nantes (promotion 1938-1942). Entré très tôt dans la Résistance à l’occupant, il fut arrêté une première fois en 1941 en possession de tracts et il purgea une peine de prison du 11 au 27 février 1941. À l’issue de sa scolarité à l’école Livet, en juillet 1942, il obtint le Brevet des Écoles nationales professionnelles, Spécialité électricien. Il revint aux Sables-d’Olonne et travailla très vraisemblablement comme électricien avec son père, entrepreneur en électricité dans cette ville . En avril 1943, il tenta de rejoindre son frère qui servait dans l’armée d’Afrique, mais il ne parvint pas à franchir la frontière espagnole et échappa de peu à l’arrestation.
Réfractaire au Service du travail obligatoire (STO) lors de l’appel de la classe 1944, il se porta volontaire au sein des Forces françaises de l’intérieur (FFI) du 1er au 28 juin 1944 et rejoignit le maquis de Saffré, à quarante kilomètres au nord de Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique). Ce maquis, formé à la mi-juin dans la forêt, regroupait environ 300 combattants sans expérience, dans l’attente d’un parachutage d’armes. Mais celui-ci fut retardé et l’occupant, renseigné et épaulé par des agents français de la Gestapo, notamment Jacques Vasseur, put localiser et cerner le maquis. Le 28 juin au matin, plus de mille cinq cents soldats allemands, épaulés par des militants des Groupes d’Action du PPF de Nantes et d’Angers et des agents français du SD, donnèrent l’assaut, tuant treize maquisards et en capturant trente-cinq, parmi lesquels Alcide Gabaret qui avait combattu jusqu’à épuisement de ses munitions.
Les captifs furent transférés à la prison Lafayette de Nantes, puis le lendemain au château de La Bouvardière, un quartier de Saint-Herblain, où siégeait le tribunal militaire allemand. Avec vingt-six de ses camarades, Alcide Gabaret fut condamné à mort le 29 juin 1944 comme « franc-tireur » par le tribunal militaire de la Feldkommandantur 518 de Nantes. Ils furent exécutés sur place le jour même. Alcide Gabaret tomba sous les balles du peloton à 23 h 04.
Les 27 cercueils restèrent dans le parc du château de la Bouvardière la nuit du 29 au 30 juin 1944 puis furent amenés au cimetière de La Chauvinière à Nantes dans l’après-midi du 30 où les corps des fusillés furent inhumés de manière anonyme (ils furent identifiés, dès le mois de septembre grâce à la diligence du Bureau des cimetières de la Ville de Nantes).
Le 22 septembre 1944, fut célébré à l’église Notre-Dame-de-Bon-Port des Sables-d’Olonne un service funèbre à la mémoire d’Alcide Gabaret accompagné des honneurs militaires rendus par les FFI vendéens.
Le 19 septembre 1945, eut lieu la reconnaissance des corps, puis le départ de 15 des fusillés vers leur commune respective. Conformément à la volonté de ses parents, Alcide Gabaret resta à La Chauvinière et fut inhumé dans le carré militaire du cimetière de La Chauvinière où il repose depuis lors carré B, rang 18, tombe 6.
Il obtint la mention Mort pour la France, statut militaire (décision du 16 février 1945) et fut reconnu « Interné Résistant » (DIR) le 15 juin 1955. Il reçut à titre posthume la Médaille Militaire, la Médaille de la Résistance et la Croix de Guerre avec la citation suivante : « Le 28 juin 1944, lors de l’attaque menée par les Allemands à Saffré, a fait preuve du mépris le plus complet du danger dans l’exécution de la mission confiée à son unité et qui permit le repli de 250 hommes non armés du groupe de résistance. Encerclé avec son groupe par un ennemi très supérieur en nombre et en armement, a combattu jusqu’à l’épuisement complet de ses munitions avant d’être fait prisonnier ». Son nom est inscrit sur le monument aux morts des Sables-d’Olonne ainsi qu’à Nantes, sur la plaque commémorative des fusillés 1939 – 1945 et sur la plaque commémorative de l’ancienne école Livet. Une avenue des Sables-d’Olonne porte son nom (délibération du Conseil municipal des Sables-d’Olonne du 8 décembre 1946). Des monuments commémoratifs rappellent les combats du maquis de Saffré et les exécutions. Le 11 juin 1950, le Général De Gaulle vint inaugurer le monument du Pas du Houx, élevé à l’orée de la forêt de Saffré, à la mémoire des maquisards.
Le gestapiste Jacques Vasseur, condamné à mort à deux reprises, vit sa peine commuée et fut libéré le 15 octobre 1983.

SAFFRÉ- SAINT-HERBLAIN (Loire-Atlantique) : 28-29 juin 1944

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163629, notice GABARET Alcide, René par Dominique Tantin, Michel Thébault, version mise en ligne le 4 septembre 2014, dernière modification le 21 février 2022.

Par Dominique Tantin, Michel Thébault

Alcide Gabaret le 18 juin 1941, sur l'Erdre.
Alcide Gabaret le 18 juin 1941, sur l’Erdre.
Crédit photo : Fonds Jean-Charles Verdier
Photo de la butte de La Bouvardière prise le 29 juin 1946
Photo de la butte de La Bouvardière prise le 29 juin 1946
Crédit photo : Fonds Jean-Charles Verdier

SOURCES : SHD AVCC, Caen, AC 21 P 610145. —Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J 3, 1694 W 18, 1623 W 51 (Annie Pennetier). — SHD Vincennes, GR 16 P 237299. — Journal La Vendée Libre n° 5 du 27 septembre 1944. — Documentation et renseignements de Jean-Charles Verdier, neveu d’Alcide Gabaret, directeur de l’ONAC 79. — Association Grains de mémoire-Pays des Olonnes site internet. — Livet-Histoire, Association pour l’Histoire du lycée Livet site internet. — MémorialGenWeb. — Site Internet Mémoire des Hommes.

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