BERKOVITZ Maurice

Par Lynda Khayat

Né le 15 août 1908 à Paris (XIe arr.), déporté le 23 juin 1943 à destination d’Auschwitz, où il trouva la mort ; fourreur, puis métallurgiste ; militant communiste de Levallois avant la guerre ; membre du Front National, propagandiste clandestin arrêté le 30 mars 1943 par des inspecteurs de la brigade spéciale ; transféré au fort de Romainville, puis interné au camp de Drancy le 21 juin 1943.

Maurice Berkovitz
Maurice Berkovitz

De nationalité française par déclaration, fils aîné d’une famille juive de trois enfants, dont le père immigré russe était ferblantier et la mère, immigrée turque, couturière, il était titulaire du certificat d’études. En 1926, ouvrier fourreur à la Maison Dechevrand, Boulevard des Batignolles à Paris, il s’établit ensuite à son compte. Installé rue Carnot à Levallois, il devint secrétaire de la Confédération de défense du petit commerce et de l’artisanat de cette ville et adhéra à la cellule locale du Parti communiste en 1936. Quand les grèves générales éclatèrent, il se chargea de faire fermer les boutiques et fut accusé d’avoir menacé les commerçants de tout détruire en cas de refus. Son commerce fit faillite la même année. Il travailla alors comme métallurgiste dans différentes usines de la région parisienne et se chargea d’approvisionner les ouvriers de son atelier en journaux communistes.
En octobre 1939, il fut licencié de la Société Nouvelle de Constructions Aéronautiques installée à Villacoublay pour propagande et distribution de tracts du parti dissous. Alors considéré par les services de police comme « un militant très dangereux pour la défense nationale », il fut mobilisé néanmoins le 21 octobre 1939 et réformé le 31 du même mois par la commission de Versailles. Recensé comme Juif, le Parti communiste étant interdit, il se réfugia dans la clandestinité, vécut rue Montcalm à Paris (18e arr.) sous la fausse identité de Maurice Sorel, grâce à laquelle il put continuer à travailler, trouvant à s’employer comme fourreur pour le compte de la Maison Pilain, rue d’Enghien. Militant propagandiste clandestin du Front national, il organisait dans son atelier des collectes pour Solidarité, organisation liée à la sous-section juive de la MOI du PCF, en faveur de ses coreligionnaires internés. De plus, il hébergeait l’ancien député communiste de Clichy Levallois-Perret Louis Honel, israélite réfugié dans l’illégalité, militant exclu du PCF en janvier 1940.
La découverte de sa carte d’identité, accompagnée d’un état civil au nom de Sorel au cours d’une perquisition par la police au domicile de la militante communiste de la MOI Rébecca Kasman, mécanicienne en fourrure, chargée de lui « laver » sa pièce d’identité en faisant notamment disparaître la mention « Juif », conduisit à son arrestation par des inspecteurs de la brigade spéciale de la Préfecture de police, le 30 mars 1943 au matin, en pleine rue à l’angle du faubourg Saint-Denis et de la rue d’Enghien, alors qu’il se rendait à son travail. Après interrogatoire, consigné au dépôt, il fut mis à la disposition des autorités allemandes. Transféré au fort de Romainville, puis interné au camp de Drancy sur ordre de l’occupant le 21 juin 1943, il fut déporté deux jours plus tard, par le convoi du 23 juin à destination d’Auschwitz, où il devait trouver la mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16363, notice BERKOVITZ Maurice par Lynda Khayat, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 août 2015.

Par Lynda Khayat

Maurice Berkovitz
Maurice Berkovitz

SOURCES : Arch. Nat. Natural. BB__ 5405 X 26 Berkovitz Maurice ; F 9 art. 5606 Fichier familial de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5634 Fichier indiv. de la PPo. de la Seine, F 9 art. 5680 Camp de Drancy — Arch. PPo. BS 2 GB 125 Affaire MOI de Puteaux concernant Sosnowski, Krasucki (procédure de mars 1943), BS 2 Fonds photo. de l’identité judiciaire.

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