BERLIA Émile

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 23 mai 1878 à Toulouse (Haute-Garonne), mort le 13 août 1946 à Toulouse ; comptable puis journaliste ; secrétaire de la fédération socialiste de Haute-Garonne ; directeur administratif du Midi socialiste ; maire adjoint de Toulouse (1925-1942) ; conseiller général du canton nord de Toulouse de (1925-1940) ; député socialiste de Haute-Garonne (1933-1942).

Émile Berlia, secrétaire de la Commission administrative du groupe de Toulouse du Parti socialiste SFIO depuis octobre 1911 et membre du comité fédéral, a été élu au conseil municipal de Toulouse en mai 1912. Rédacteur du Midi-Socialiste, il fut nommé administrateur délégué en décembre 1911. Le 22 janvier 1914, il avait été nommé président du comité provisoire de la coopérative "La Chaumière toulousaine", office d’habitation à bon marché, et devint à la même époque administrateur des hospices civils de la ville rose. Il fut mobilisé durant la Première Guerre mondiale comme officier d’administration de 2e classe et fut décoré de la Légion d’honneur, de la Croix de guerre et de la médaille de Serbie, ce qui laisse entendre qu’il fut engagé sur le front oriental. À son retour, il travailla au Midi socialiste comme responsable de la comptabilité, de l’imprimerie et de l’administration, poste qu’il occupait depuis décembre 1911 semble-t-il. Secrétaire de la section socialiste de Toulouse, le directeur du Midi Socialiste prit une part active à la campagne électorale municipale de novembre 1919, mais la liste socialiste fut battue. Berlia était membre de l’Association républicaine des anciens combattants, sans partager les idées politiques de ses dirigeants. Il se situait en effet parmi les adversaires de la transformation du Parti socialiste en Parti communiste. Le 4 décembre 1920, il signa avec Vincent Auriol*, Bedouce*, Ellen-Prévôt*, J. Rieux*, Billières*, un manifeste qui concluait « nous déclarons que, ne pouvant renier nos convictions et nos doctrines, ne voulant pas être parjures à des engagements que nous ne pouvons prendre parce que nous ne pourrions pas les tenir, nous ne pourrons adhérer au Parti communiste nouveau et que nous resterons fidèles au Parti socialiste tel que Jaurès, Guesde et Vaillant l’avaient fait en 1905 ".
Après le congrès de Tours, Berlia participa à la constitution de la Fédération SFIO avec la moitié des militants de 1920. Il était secrétaire de la Fédération en 1924. La liste socialiste reprit la municipalité en mai 1925 et Berlia devint deuxième maire adjoint chargé de la police. Il le demeura jusqu’en 1941. Les communistes prirent souvent à partie dans La Voix des Travailleurs, le « Premier flic de Toulouse ".
Il se présenta sans succès aux élections législatives de mai 1924 et ne put trouver une circonscription pour celles d’avril 1928. En 1925 (ou 1928) encore, il fut élu conseiller général du canton Nord de Toulouse, fonction qu’il devait conserver jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il siégeait à la commission administrative départementale et à la commission de l’enseignement. Aux élections de mai 1932, la Fédération socialiste l’investit pour la deuxième circonscription de Toulouse en remplacement de Jean Rieux qui démissionna de la SFIO et du conseil municipal de Toulouse en signe de protestation. Berlia ne recueillit que 29 % des suffrages des électeurs inscrits mais il entra au Palais-Bourbon à l’occasion d’une élection partielle, le 7 mai 1933, par 10 768 voix sur 13 109 votants.
Le nouveau député participa aux commissions d’assurance et de prévoyance sociale, de l’administration générale, de l’enseignement et des Beaux-Arts. Il intervint sur la répression des manifestations antifascistes à Toulouse en 1934.
Émile Berlia fut réélu dès le premier tour, aux élections législatives d’avril 1936. Il avait recueilli 43,5 % des voix des électeurs inscrits. Il siégea à la commission des affaires étrangères et déposa une proposition de loi en faveur de la représentation du personnel au conseil d’administration de l’Office national de l’azote, en 1937. Avant la déclaration de guerre, il était toujours administrateur du Midi-Socialiste.
Berlia ne prit pas part au vote sur la délégation des pouvoirs constituants au maréchal Pétain, le 10 juillet 1940, à Vichy. Peu après, il semble avoir pris une part essentielle dans le vote de la motion de confiance au Maréchal Pétain adoptée par la municipalité toulousaine. Mais, celle-ci fut dissoute par les autorités de Vichy le 20 septembre 1940. Berlia, comme beaucoup de paul-fauristes, ne semble pas avoir fait preuve d’activité politique par la suite et n’a pas été un résistant. Le 3 octobre 1941, il fut démissionné d’office du conseil général, comme haut dignitaire de la Franc-maçonnerie (Grand Orient de France). Il avait refusé de prêter serment au maréchal Pétain pour la Légion d’honneur et fut quelque temps assigné à résidence à Toulouse. Selon une note de police du début de l’été 1944, il se consacrait aux sociétés dans lesquelles il avait des intérêts : la Société méridionale d’impression et la Société du Midi socialiste, aidé en cela par son frère Henri. Il fut exclu de la SFIO en 1944 pour avoir fait paraître Le Midi socialiste sous l’Occupation et être demeuré fidèle à Paul Faure. Agé alors de 66 ans, il venait de perdre sa femme, ancienne directrice d’école, et souffrait à ce moment de graves problèmes de santé et d’une longue maladie selon une notice de Renseignements. Selon les RG, il aurait été l’un de ceux qui auraient le plus difficilement accepté l’exclusion de la SFIO et il aurait été à l’origine de la création du parti dissident. Aux municipales d’avril 1945, il figura sur la liste d’Union socialiste républicaine conduite par Ellen-Prévot qui connue une défaite particulièrement sévère.
Après 1945, Berlia adhéra au Parti socialiste démocratique de Paul Faure et signa l’affiche appelant à voter « non » au référendum du 5 mai 1946.
Berlia était père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16370, notice BERLIA Émile par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13082 ; F/715492, n° 2654 ; F1a/3223. ; CAC, 19910564, art 11. — Arch. Ass. Nat. — Le Midi socialiste, 1919-1940. — Arch. du Conseil d’État, fonds du Jury d’honneur. — PS-SFIO, Congrès nationaux, rapports, Paris, librairie populaire, 1932, 1933. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, juillet 1925-octobre 1928, octobre 1931, Paris, J.L.L. D’Artrey directeur. — N. Castagnez, Les Paul-Fauristes après la Libération, mémoire de maîtrise Paris IV, 1987. — Notes de G. Morin.

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