PIAGET Charles, Albert

Par Georges Ubbiali

Né 23 juillet 1928 à Besançon (Doubs), mort le 4 novembre 2023 à Besançon ; ouvrier horloger, technicien, puis contremaître chez Lip (usine d’horlogerie) ; membre de l’ACO (1957-1975 environ), syndicaliste CFTC puis CFDT, adhérent UGS (1958), militant PSU (1960-environ 1980), membre fondateur d’AC (Agir ensemble contre le chômage) en 1993 à Besançon ; syndicaliste CFDT du Doubs.

Tribune socialiste n° 653 du 19 avril 1975, page consacrée à la présentation des travaux de la DPN. Sur la photo Charles Piaget, André Barjonet, Michel Mousel, Geneviève Petiot.

Charles Piaget naquit à Besançon dans le quartier Saint-Claude. Il était le fils unique de Fritz Piaget et de Louise-Amélie Guyotte, originaire de la Haute-Saône. Son père est originaire de Suisse où il avait reçu une formation d’horloger rhabilleur, qualification qui fait de lui un artisan très qualifié, capable de fabriquer une montre complète. Sans doute les traditions horlogères de passage des frontières l’avait fait arriver à Besançon avec sa famille. Marié une première fois, il avait divorcé, puis s’était mis en ménage avec L.-A. Guyotte, déjà mère d’autres enfants. Mais le couple se sépara rapidement. Charles demeura avec son père. Il ne revit jamais plus sa mère, qui, il l’apprit des décennies après, mourut en 1977. Son père emménagea alors au 24 rue de la Madeleine, dans le quartier Battant où résident de nombreux immigrés, Italiens et Espagnols. Le père, installa son atelier dans le modeste appartement tandis que Charles fréquenta la maternelle du quartier. Mais en dehors de l’école, il était laissé à lui-même, dans la rue, tandis que son père était absorbé par son travail. C’est pourquoi, à plusieurs reprises, Fritz confia son enfant à des familles, en particulier durant les vacances. A plusieurs reprises, Charles se retrouva dans la famille Ubbiali, habitant chemin de la Combe noire, aux confins de la ville, en direction de Vesoul. Fritz Piaget serait rentré en contact avec cette famille d’immigrés italiens par hasard.

Son père était protestant, non pratiquant. Il fit cependant donner une éducation religieuse, catholique, à son fils. Dans son immeuble, Fritz trouva une marraine, qui se chargea de développer la religiosité de l’enfant : catéchisme, messe le dimanche, les vêpres, le patronage (le « patro ») le jeudi. Il obtint son certificat d’études en 1940 et acheva sa scolarité obligatoire en 1942. S’il donna régulièrement des coups de mains à son père, en particulier en allant livrer les commandes de montre, sa vie, c’est la rue, le quartier, la bande. Avec la guerre et la pénurie, la bande de jeunes commence à chaparder et sombrer peu à peu dans la délinquance. Comme Charles l’évoqua : « Nous avions commencé par voler les Allemands dans les casernes, puis étions passés aux caves des habitations, enfin aux logements ». Cette dérive demeura cependant limitée pour Charles, par rapport à plusieurs de ses compagnons. Les séjours qu’il effectua en Suisse à plusieurs reprises à l’occasion des vacances y sont ils pour quelque chose ? En effet, les autorités suisses venaient en aide aux enfants suisses résidant dans des pays en guerre. Charles bénéficia de séjours prolongés de 1940 à 1942, qui non seulement l’éloignèrent de la pression de la bande, mais lui assurèrent une hygiène de vie et une alimentation sérieusement améliorées. Le 8 juillet 1943 son père mourut à l’hôpital, à 66 ans. Il avait pris le soin d’assurer son départ. Il avait organisé la transmission de son activité et surtout réglé le devenir de son fils. Par testament, il léguait ses quelques économies à la famille Ubbiali, lui confiant l’éducation et la charge de son fils. Charles y trouva une vraie famille qui allait s’occuper de lui. Avec Jean et encore plus Bernard, il va trouver de vrais frères avec qui jouer, participant aux multiples tâches d’une vie familiale où le bricolage s’impose, où on cultive son jardin, éleva des lapins. Avant de décéder, son père avait envisagé de le placer en apprentissage chez un ami à lui, mécanicien-dentiste. Mais ce projet échoua. Il a alors souhaité que son fils s’inscrive au lycée technique de l’École d’Horlogerie de Besançon pour devenir mécanicien. L’argent qu’il a confié à la famille Ubbiali doit servir aux trois années d’études nécessaires afin d’obtenir un CAP et un BEI (Brevet d’enseignement industriel). Charles se révéla bon élève. Charles de son côté obtient ses diplômes en juin 1946. Souhaitant contribuer également financièrement à la vie familiale, il se mit immédiatement à la recherche d’un emploi. Par l’intermédiaire de Bernard Billot qui travaille désormais chez Lip, après deux années comme permanent CFTC, il y fut embauché en août 1946. Lip était la plus importante manufacture horlogère de la ville. Charles Piaget y prolongea sa formation. En effet, à l’époque, Lip possédait deux ateliers-école, l’un d’horlogerie et l’autre de mécanique, destinés à former le futur encadrement technique de l’entreprise. Bernard poursuit son activité syndicale CFTC et interpella régulièrement Charles pour qu’il agisse. Il le syndiqua à la CFTC dès son premier jour de travail. Mais celui-ci part faire son service militaire, à Bourges, d’avril 1948 à mars 1949. Il retourna chez Lip où il travailla dans l’atelier de faiseur d’étampes (ébauches de pièces mécaniques). Durant les années qui suivirent, sa vie fut marquée par le travail et la vie familiale de la maison Ubbiali, dont il était devenu le troisième fils. Si dans la famille Ubbiali régnait une vigoureuse conscience de classe (Joseph possédait sa carte CGT du bâtiment et votait communiste jusqu’à sa disparition), la pratique religieuse comptait beaucoup pour cette famille d’origine italienne. Charles ne rata pas une messe, ainsi que les activités de la paroisse comme les soirées du Pax, cinéma paroissial ou les retrouvailles à la colonie de la paroisse du Barboux, à la frontière suisse, où les enfants de Bernard et Thérèse se rendaient tous les étés. Charles s’était découvert une passion : le vélo, qu’il pratique en amateur éclairé avec Bernard. Ils se passionnent pour le tour de France, n’hésitant pas ensemble, à parcourir plusieurs centaines de kilomètres dans la journée, à vélo, pour admirer les coureurs cyclistes, par-dessous tout le ’’campionissimo’’ Fausto Coppi. Le vélo sera son unique moyen de déplacement de 1946 à 1970, date à laquelle il acheta son premier véhicule motorisé : un vélo solex.

Cette plongée dans la vie familiale l’amène à croiser régulièrement Annie (12 juillet 1929-18 février 1982), la jeune sœur de Bernard Billot. Charles était d’une timidité maladive avec les femmes. Le 1er juin 1952 se déroulèrent les fiançailles et le 6 avril 1953 Charles épousa Annie Billot. Le jeune couple partit habiter dans les pièces au-dessus de l’appartement des parents Billot, le logement étant une denrée rare à l’époque. Entre 1954 et 1956 trois enfants naquirent : Michel (1954), Françoise (1955), Dominique (1956). A la naissance de leur troisième enfant les Piaget acquirent du terrain au Point du jour. Aidé de toute sa famille, Charles construisit la maison familiale qui accueillit encore trois enfants dans les années qui suivirent : Marie-Pascale (1960), Jean-Marc (1964) et, finalement, Christelle (1972), au total six enfants. Parallèlement, à l’usine, les sollicitations de Bernard Billot finirent par aboutir. En 1953, Charles accepta en rechignant de figurer sur la liste CFTC, en dernière position. Sa réputation pour avoir participé à une grève pour une prime quelques mois avant, par le système de rayure des candidats, le fit devenir délégué du personnel. L’année suivante, sollicité par des amis, avec son épouse il s’engagea à l’ACO. Durant quelques années, le couple participa aux activités du groupe de chrétiens ACO de l’usine, puis rejoignit ensuite le groupe de Saint-Claude (son quartier). Parmi les membres de l’ACO, ils fréquentent notamment les familles de Roland Vittot, Georges Frachebois, Gaston Jouffroy, Michel Jeanningros, son voisin Jean Roy.

Durant la guerre d’Algérie, Charles participa aux activités contre la guerre : réunions publiques (il se souvient encore avec force d’un grand meeting réprimé avec Robert Barrat), manifestations, distributions de tracts. Cette activité l’amène à fréquenter les milieux politiques qui soutiennent cette cause. En 1958, il adhéra à l’UGS. Chez Lip, il devint peu à peu un élément très actif de l’équipe syndicale CFTC. En 1959 il fut remarqué par ses camarades de la CGT qui lui proposèrent de participer à une délégation syndicale en URSS. Après concertation avec les instances CFTC, réticentes à l’idée qu’un de ses militants puisse être instrumentalisé par les communistes, Charles accepta, à condition de pouvoir témoigner de tout ce qu’il verrait sur place. Dans l’entreprise son engagement syndical s’approfondit : il fut élu au CE. Avec l’équipe CFTC (Roland Vittot, Fernand Simard) il participa aux transformations du fonctionnement de l’institution. Jusqu’alors conçu comme un organisme distributeur de loisirs, le CE devint peu à peu un outil au service de la construction d’un rapport de force en faveur des salariés. Un travail commun avec la CGT s’engagea par ailleurs. Ce qui n’alla pas sans tension au sein des animateurs de la section syndicale CFTC. Les débats furent vifs entre les traditionnalistes et les novateurs. L’affrontement des conceptions fut nourri par sa participation au syndicat des métaux ainsi qu’à l’UL de Besançon. S’il n’était pas précisément un militant du groupe Reconstruction, il lisait avec intérêt leurs documents. Son activisme sur différents terrains le mit en contact avec des militants du groupe Voix ouvrière, qui militent fractionnellement au sein du PSU. Durant une année, il était « suivi » par Jacques Ellisalde, professeur d’éducation physique, ce qui amena Charles à lire attentivement quelques-uns des classiques du marxisme, Marx au premier chef. Il participa également à la rédaction du bulletin édité sur l’usine, avec Jean-Claude Mayaud un militant CGT dont il appréciait les capacités. Cependant les mœurs organisationnelles de ce minuscule groupe d’extrême-gauche s’avérèrent incompatibles avec son mode de vie. Ouvrier hors pair (il se raconte qu’il était capable de limer au micron près), en 1957 il fut promu technicien, puis contremaitre en 1961. Tout au long des années 1950 et 1960, la CFTC, de syndicat minoritaire va faire jeu égal face à une CGT au départ, dominante. En 1964, sa transformation en CFDT accéléra le mouvement de construction d’une force des salariés dans l’usine. La pratique syndicale reposait sur l’obtention de l’information de la part de l’employeur (de ce point de vue, le CE joua un rôle considérable en faisant valoir le droit de désigner un expert-comptable pour analyser les comptes), ainsi que sur la mobilisation collective des salariés. Cette orientation nécessita de fréquentes rencontres et débats. Des soirées et des week-ends entiers furent consacrés à discuter et élaborer, ensemble. Tout au long des années qui précèdent 1968, Charles, avec ses camarades, participèrent et animèrent de nombreux conflits chez Lip. En sus de relayer au niveau de l’usine les journées d’action, conséquence du pacte d’unité CGT-CFDT (janvier 1966), les syndicalistes CFDT de Lip développent des actions portant aussi bien sur les salaires, les conditions ou encore la durée du travail.

Charles prolonge son activité proprement politique en adhérant au PSU dès sa création en 1960. La section PSU de l’entreprise regroupe une bonne partie des dirigeants de la section syndicale. En 1965t, au tire de son parti, il figure sur la liste municipale, conduite par le communiste André Vagneron. Sa candidature avait suscité de fortes réticences de la part du PCF, car « ses enfants allaient à l’école privée ». Bien que très engagé, il poursuit sa carrière professionnelle. Après de sérieuses mises en garde du directeur du personnel, en 1967, il est nommé contremaître d’une équipe d’une trentaine de personnes. Année où il s’implique dans la grève de la Rhodia conflit annonciateur d’une nouvelle période. La Rhodiaceta est une entreprise textile, premier employeur de la ville, avec presque 3000 salariés. Après plusieurs débrayages, les syndicats (CFDT majoritaire) appellent à une grève le 23 février. Jusqu’au 25 mars, l’usine est occupée, fait inédit depuis juin 1936, pour une entreprise de cette taille. Un comité de soutien anime la solidarité, incluant syndicats, partis politiques (exception faite de la SFIO qui dirige la ville) et organisations étudiantes. Par l’intermédiaire du groupe de cinéma ouvrier, groupe Medevedkine, le cinéaste Chris Marker réalisa un film sur la grève, « A bientôt j’espère ! ». Les sections syndicales CGT et CFDT se déchirèrent au moment de la reprise, la CFDT considérant que les augmentations de salaires obtenues ne répondaient pas au problème des pénibles conditions de travail qui avaient justifiés le déclenchement de la grève. L’organisation du conflit marqua fortement la conscience de Piaget.

Mai 68. Comme la plupart des syndicalistes ouvriers, Piaget fut surpris par l’effervescence étudiante. A plusieurs reprises, il se rendit à la faculté de Lettres pour découvrir par lui-même des intenses débats qui s’y déroulaient. Il avoue avoir été dérouté et décontenancé. Mais quand les étudiants viendront quelques jours plus tard à la porte de Lip en grève, Charles Piaget et la CFDT furent d’accord pour les laisser rentrer. La CGT y mit son veto. La grève de Mai 68 chez Lip constitua l’aboutissement d’un long travail syndical pour la CFDT. La conduite de la grève, impulsée par la section CFDT, non sans de fortes frictions avec la CGT, démontra l’aboutissement de la création d’un collectif ouvrier, qui se remobilisa lors du conflit de 73. Le déclenchement de la grève illustre cette volonté d’un mouvement dont les travailleurs doivent être les acteurs centraux. Le lundi suivant l’appel à la grève des centrales syndicales suite à la nuit des barricades du 10 mai, la section CGT Lip décida de bloquer l’entrée de l’usine. Quand Charles et ses camarades arrivèrent à l’aube, des groupes de militants CGT, renforcés par l’UL munis de drapeaux aux solides hampes, bloquent les entrées, pour empêcher les salariés de rentrer. Une négociation s’engagea sur le parking de l’usine entre les délégués CGT et CFDT afin d’inviter salariés dans l’usine à participer à une réunion du personnel au restaurant. A cette AG, seuls les délégués prirent la parole, en faveur de la lutte, en face d’une salle apathique, en la présence menaçante des cadres. La CFDT proposa une suspension de la réunion et la constitution de groupes de discussion par atelier ou par bureau. La proposition fut acceptée : les délégués CFDT, Charles en tête, naviguent d’un collectif à l’autre, suscitant les prises de paroles, recueillant les opinions. La parole se libéra alors. Lors du retour dans la salle, la grève fut votée, massivement. En accord avec la CGT, la section CFDT proposa alors d’organiser la grève et de mettre sur pied un comité de grève, rassemblant syndiqués et non syndiqués. C’est sous la responsabilité du comité de grève que se déroula l’occupation de l’usine et la mise en place de différentes commissions. Charles participa également à de nombreuses actions hors de l’usine. Envoyé par l’UL, sollicitée par les salariés de l’entreprise Cheval Frères (petite entreprise d’horlogerie) en grève, il fut accueilli par un des frères qui pointe un fusil sur lui. Durant ces semaines Charles multiplia les réunions, rencontres, manifestations, du matin au soir, tous les jours de la semaine, ce qui entraîna des tensions familiales. Le militant ne s’impliquait guère dans l’organisation quotidienne d’une famille de six enfants. Cette répartition traditionnelle des tâches ne s’atténua pas dans les années qui suivent. En effet, Charles maintient son activité au sein de la section syndicale de Lip en permanence mobilisée sur une multitude de conflits comme ceux qui émaillent la vie de nombreuses entreprises de l’après 68 un peu partout en France. Retenons, parmi de multiples autres, la grève du « Prévent de Bregille » en 1972. Il s’agit d’un conflit d’une durée de près de six mois, à Besançon, dans un Préventorium, structure sanitaire du quartier de Bregille, animé par des femmes salariées, soutenues par la CFDT. Ce conflit a donné lieu à une intense solidarité sur la ville, avec un comité de soutien très actif (sans la CGT, ni le PCF). Il prend part activement dans les activités politiques. En 1970, il est candidat PSU aux élections cantonales.

Le conflit Lip est probablement le plus documenté de toute l’histoire sociale française depuis 1945. Une importante bibliographie, ainsi que des travaux universitaires lui ont été consacrés, même s’il manque toujours une solide histoire académique de cet évènement (cf. la bibliographie ci-dessous). Il n’est pas possible, dans les limites de cette contribution de développer l’ensemble des aspects de ce conflit, ni même de suivre dans le détail le rôle qu’y joua Charles Piaget. On retint que ce conflit fut une première et des plus importantes réponses ouvrières face à la crise économique qui s’installait en France et dans le monde plus généralement. Lip était une manufacture horlogère qui employait 1200 personnes, des femmes en majorité. Dès 1972, des signes inquiétants se manifestent pour l’industrie horlogère (cf. thèse E. Ternant), en particulier chez Lip avec la mise à l’écart de son fondateur Fred Lip et la nomination d’un nouveau PDG, Jacques Saint-Esprit par l’actionnaire majoritaire, Ebauches SA., puissante entreprise suisse. Le 17 avril 1973, Fred Lip démissionna, des administrateurs provisoires furent désignés et l’entreprise mise en règlement judiciaire. La réponse syndicale dérouta, car CGT comme CFDT, préparé à cette échéance appelèrent à la poursuite du travail, mais en réduisant les cadences pour permettre aux salariés de populariser leur mouvement et prendre conscience des enjeux. Un comité d’action (CA), autour du dominicain Jean Raguenès associa des travailleurs du rang (Marc Gehin, Francois Laurent, Monique Piton) et quelques syndiqués, essentiellement CFDT (Fatima Demougeot). Durant plusieurs semaines, la popularisation s’accrut : distribution de tracts sur la région, contacts avec les salariés d’autres entreprises, manifestations, dont celle du 24 mai qui rassemble 5000 personnes en ville. Le 12 juin se déroula la dernière séance du Comité d’entreprise avec les administrateurs provisoires. Le personnel est informé du cours des discussions par haut-parleur. Dérobant la serviette d’un des administrateurs, un Lip découvrit les décisions de restructuration et les licenciements qu’on leur cachait. Averti, le personnel en colère se rua vers la salle de réunion et séquestra les deux administrateurs provisoires jusqu’en soirée. Le préfet fait envoyer les forces de l’ordre. Après leur départ, l’occupation est décidée sur-le-champ par tous les salariés présents. Décision est également prise de s’emparer du stock de montres. Ce « trésor de guerre » est transporté clandestinement durant la nuit. L’AG du lendemain approuve massivement ce " vol ", les discussions durant la nuit ayant convaincu les responsables CGT de cette rupture avec la légalité. Le conflit prend alors une dimension nationale. Le 18 juin, la chaîne de production de montres fut remise en marche, avec objectif de produire pour vendre. Le slogan : « On fabrique, on vend, on se paie » illustre cette volonté. Avec la mise en vente des montres à l’usine, le conflit connut un écho international. La presse évoqua la thématique de l’autogestion. Le 25 juin, l’AG rejeta l’idée de création d’une coopérative évoquée par le Ministre Jean Charbonnel. A la fin juin, les premières ventes sauvages de montres à travers la France furent organisées par une commission ad hoc. Le 11 juillet, publication du premier numéro du journal Lip Unité, diffusé dans toute la France. Le 1er août, le gouvernement proposa un plan de démantèlement de l’entreprise, mise en dépôt de bilan quelques jours plus tôt. Le 2 août a lieu la première paie sauvage. Le 7 août Henri Giraud est nommé médiateur. Le 14 août, les CRS expulsent les salariés de l’usine, pour plusieurs mois. Des affrontements ont lieu dans la nuit et se poursuivront durant plusieurs jours. Le 15 août, à l’occasion d’une manifestation de protestation, Piaget déclara « l’usine est là où sont les travailleurs ». La mairie concéda le prêt du gymnase Jean Zay, dans le quartier Palente-Orchamps, où les Lip s’installèrent. Le père Marcel Manche (1913-1985), abbé de la paroisse de Palente, prêta le cinéma Lux afin que les AG puissent s’y dérouler. Le lendemain un meeting avec Edmond Maire et Georges Séguy fit salle comble au Palais des sports. Le 21 août, à Arc à Senans (Jura) débutèrent les négociations avec Giraud. Elles se déroulèrent jusqu’en octobre. Fin août une délégation massive des Lip se rendit au Larzac, illustrant le lien entre les mobilisations ouvrières et paysannes. Le 31 août se déroula la deuxième paie sauvage. Les négociations d’Arc et Senans n’avançant pas, décision fut prise d’organiser une manifestation d’ampleur nationale. Le 29 septembre, dans Besançon, ville morte, la manifestation, couverte par les télévisions du monde entier, rassembla plusieurs dizaines de milliers de personnes sous une pluie battante. La question du refus des licenciements est au cœur des divergences qui se fit jour entre la CFDT et la CGT. Le 8 octobre un premier vote à main levée en AG refusa la perspective des licenciements. La section CFDT fit l’objet d’une importante pression de la part de la Fédération de la Métallurgie, dirigée par Jacques Chérèque, pour accepter un compromis. Le 9 octobre, l’antenne de Lip Ornans (une centaine de salariés, FO majoritaire) se prononça en faveur du plan Giraud. Le 12 octobre, c’est la rupture entre la CGT et la CFDT. L’AG a décida, sous la pression de la CGT, de voter à bulletin secret pour ou contre le plan Giraud. Dans l’après-midi, formation de six groupes pour étudier le plan en détail. Trois propositions sont formulées. La CGT se prononça pour l’acceptation du plan. La section CFDT, poussée par sa fédération, a élaboré un contre-projet qui atténue les conséquences du plan Giraud. Le comité d’action s’en tint aux objectifs de départ : aucun licenciement. Au dernier moment, la section CFDT retire son plan et se rallie aux positions du CA. Le vote à bulletin secret se prononça massivement pour refuser les 160 licenciements prévus par le plan Giraud. Le13 octobre premier Ministre, Pierre Messmer, déclare à la télévision : « Lip, c’est fini ». Durant plusieurs mois, la vie des salariés est rythmée par les AG, la poursuite de la popularisation (renforcée par l’aide apportée par l’équipe des Cahiers de mai), l’activité au sein des différentes commissions, la vente des montres et les paies sauvages. Le 23 octobre, les CRS interrompent la quatrième paie sauvage, mais ne parviennent pas à saisir l’argent des ventes de montres, géré par la commission trésorerie animée par Bernard Billot. La section CGT se désolidarise de la poursuite du mouvement et prône l’inscription au chômage. Cependant, sous l’égide de la FGM, des contacts sont pris avec des représentants de l’aile moderniste du patronat (Antoine Riboud, BSN ; José Bidegain, CJP ; Renaud Gillet (Rhodia)), contre l’avis du gouvernement. Début janvier 1974, à propos d’une reprise éventuelle, P. Messmer, tonna à Sarrebourg « Je n’ai nommé personne. Lip, c’est fini, c’est fini ! ». Le 26 janvier, des négociations eurent lieu à Dole, sur la base d’un plan de redémarrage élaboré par Claude Neuschwander, publicitaire et adhérent du PSU. Deux jours plus tard, un protocole d’accord est signé, prévoyant la réembauche de tout le personnel à terme, le maintien des avantages sociaux (sauf l’échelle mobile de salaires). En contre partie, les montres dérobées devaient être restituée, ce qui sera fait dans les heures qui suivent, avec un inventaire à l’unité près. Le 29 janvier eut lieu un sérieux débat en AG. Le protocole des accords est commenté par Charles Piaget. Par vote à main levée, les Lip se prononcent pour l’acceptation des accords de reprise. Il faudra attendre le 4 décembre 1973 pour que les derniers salariés (parmi lesquels Charles) soient effectivement réintégrés. Mais la victoire, fruit de plus d’un an d’intense mobilisation pour Charles Piaget et ses camarades, fut de courte durée, car le problème de la recapitalisation de l’entreprise (CEH, Compagnie européenne d’horlogerie) n’avait pas été résolu, le gouvernement soutenant les souhaits du patronat horloger d’abandonner toutes aides à cette entreprise, d’autant qu’entre temps le climat économique s’était fortement détérioré et que la crise s’installait durablement. A la rentrée 1975, des défaillances de trésorerie se manifestaient conduisant au départ de Neuschwander en février 1976 et, finalement, le 8 avril, au dépôt de bilan et du début du second conflit.
Durant le conflit, Charles poursuit ses activités politiques, même si la section PSU de Lip est en sommeil durant la mobilisation, ses militants impliqués dans l’animation de la section syndicale CFDT. Lui-même fut promu au secrétariat général du PSU. Dès la fin du conflit, une partie de l’extrême gauche envisagea de présenter la candidature de Charles Piaget à la présidentielle de 1974. Début avril 74, une première rencontre a lieu début à l’initiative de Rouge (la LC était dissoute à cette période). Le Monde (6 avril 1974) indique qu’une réunion a rassemblé sept mouvements (Rouge, Pour le communisme, AMR, La Cause du peuple, Révolution !, LO, et le PSU). LO et le PSU refusèrent la perspective d’une candidature commune. Michel Rocard soutint la candidature de F. Mitterrand, ralliant le PS, avec une partie du PSU, lors des Assises du socialisme (oct. 1974), après le premier tour de l’élection. Immédiatement Libération (8 avril) titre « Piaget, porte-parole du socialisme en liberté. C’est possible ». Mais la tentative, fragilisée dès le départ par le maintien de la candidature d’Arlette Laguiller*, va tourner court. Le 12 avril, le PSU définit son positionnement pour les présidentielles. Après un âpre débat, sa direction vote par 42 voix contre 35 son soutien à la candidature de Mitterrand. Le conseil national de la CFDT en fit de même le lendemain. Le reste de l’extrême gauche (les maoïstes de l’Humanité rouge, les trotskystes de l’OCI) dénoncèrent, pour des raisons diverses la candidature de Piaget, tandis que LO enfonce le clou : « Piaget va à la messe tous les matins ». Face à ce blocage, Charles Piaget se retira et la tentative échoua.

Si le conflit de 1973 s’était achevé par une victoire des Lip, celui ouvert en 1976 va connaître un sort profondément différent. La crise économique a pris son envol, tandis que les espoirs politiques se concentrent dans l’accession au pouvoir de l’Union de la gauche, espoirs nourris par le score de Mitterrand à la présidentielle de 1974. Désormais, il y a plusieurs dizaines d’entreprises occupées au niveau de l’hexagone. Piaget soutint l’initiative prise par la section CFDT d’envisager une coordination de ces entreprises en lutte. Alors que la procédure de liquidation de la société suivait son cours (licenciement des salariés courant mai 76), les Lip organisèrent en juin un rassemblement des usines en lutte, afin d’organiser leur coordination. L’initiative fut combattue par les structures syndicales. Pendant deux ans, cette coordination se réunit, avec un nombre variable d’entreprises, dans un isolement croissant. Par ailleurs, La popularisation s’organise par des contacts avec les salariés des entreprises bisontines, l’organisation de manifestations et des opérations porte ouvertes à l’usine. L’élan populaire qui avait accompagné le premier conflit s’étiole au fur et à mesure que le chômage se développe. Les pouvoir publics, régulièrement sollicités, se dérobent. Si les élections municipales de 1977 voient un progrès sensible de la gauche au niveau national et l’élection de deux Lip (Michel Garcin et Bernard Girardot) sur la liste d’Union de la gauche conduite par Robert Schwint (PS) à Besançon, les tentatives de poursuite de l’activité industrielle marquèrent le pas. La création d’une association 4M (Micro-mécanique Matériel Médical) en octobre 1976, visant à transférer la technologie horlogère dans le domaine médical, tourna cours quelques mois plus du fait de la défection d’une partie des cadres. Les contacts pris avec le gouvernement algérien pour développer une activité horlogère dans ce pays s’enlise. Néanmoins, malgré ces difficultés croissantes, la lutte se structura autour de commissions dans lesquelles s’impliquent une grande partie des salariés (Liliputienne, imprimerie ; chiffonnière, fabrication artisanale ; chomageopoly : jeu sur le chômage, commission presse ; restaurant, etc.). Les journées portes ouvertes permettent par ailleurs de maintenir le contact avec la population. Les mois passent et le climat continue de se détériorer, d’autant que les perspectives politiques s’obscurcissent avec la rupture de l’Union de la gauche, qui se manifestera, quelques mois plus tard, par l’échec des législatives de 1978 (12-19 mars). Face à un horizon qui se bouche, la fin de l’année 1977 est dominée par le débat sur la meilleure manière de poursuivre la lutte. Courant novembre, face à l’absence de repreneur, les Lip, en AG, décident de lancer la création d’un scop. Le noyau dirigeant du mouvement est très clivé sur cette perspective. Charles se résigne, à défaut d’un projet plus crédible, le dos au mur, à soutenir ce nouveau développement de la mobilisation. Le 28 novembre, une souscription pour lancer la coopérative « Les industries de Palente », LIP, est lancée. Dans la foulée est lancée, avec l’appui de nombreux militants PSU (Pierre Rueff, Bernard et Madeleine Laude notamment) une Association des Amis de Lip (AAL) afin d’épauler les Lip dans le recueil de fonds. Le 1er mars 1978, La Scop est créée, embauchant ses cinq premiers salariés. Charles Piaget en devient le responsable technique. Par ailleurs, certaines des commissions destinées à animer la lutte se transforme en petites entreprises. La Liliputienne devient ainsi une PME, les Commissions artisanales de Palente (CAP) emploient une vingtaine de salariés produisant des articles artisanaux, le CLEF (Collectif de Liaison, d’Etudes et de Formation) devient une structure touristique. Le restaurant « Au chemin de Palente », sera la dernière création d’entreprise en 1980. Mis à part la scop de mécanique, les autres micro-entreprises déposeront leur bilan au fil des années 80. A son poste de responsabilité, Charles Piaget était sollicité en permanence. D’autant plus qu’Annie sa femme tomba malade et décéda en 1982, le laissant seul avec une ultime fille de 10 ans. En tant que figure la plus connue du conflit, il était perçu par les autres Lip comme la personne ressources face à bon nombre des problèmes qui ne cessaient de surgir dans la coopérative. Les espoirs suscités par l’élection de Mitterrand le 10 mai 1981 ne se traduisirent pas par une aide apportée aux Lip, toujours mobilisés. Espoirs qui s’évanouiront franchement avec le tournant vers la rigueur de 1983. Épuisé, Charles prend la décision de partir en préretraite en 1983. C’est un homme veuf, brisé qui va s’enfermer dans sa maison, remâchant l’échec du projet collectif, s’interrogeant sur ses propres responsabilités dans cette histoire. Il disparut de la scène sociale durant une décennie. Ce sont des années particulièrement difficiles, non seulement dans les rapports avec sa fille demeurant à la maison, mais plus largement avec son cercle familial. Il lui faut attendre 60 ans, en 1988 pour bénéficier de sa retraite. Dans l’attente, ses revenus sont fortement amputés et il lui faut en permanence jongler pour entretenir une maison qui abritait une famille de huit personnes. Dans cette période il se remit en ménage avec Raymonde Turiani, une comptable de chez Lip avec qui il avait participé au comité d’action. Ils se séparèrent quelques années plus tard. C’est durant ces années qu’il rompit définitivement avec la religion, athéisme qui fut le fruit d’un long cheminement. En 1993, Claudine Pedroletti, qu’il avait connu jeune étudiante JCR lors du conflit de la Rhodia en 67, vient frapper à sa porte pour lui demander de participer au lancement d’AC sur la ville. Charles se lança alors dans un nouvel engagement dont il n’est pas sorti 20 ans plus tard. Très rapidement, son expérience et ses capacités d’analyse font de lui le principal animateur de l’association dans laquelle se côtoient, durant quelques années, des syndicalistes SUD, FSU, d’anciens de la CFDT, de la CNT ainsi que des militants d’extrême gauche. S’il n’a plus d’affiliation partisane depuis le début des années 80, Charles participe à sa manière à la vie politique. Ainsi, en 2002, lors des manifestations qui se multiplient dans les rues de Besançon, il distribue à ses connaissances de petits textes photocopiés expliquant pourquoi il ne votera pas Chirac au deuxième tour. Quelques mois plus tard, sollicité, il appelle à voter pour le candidat de la LCR aux élections cantonales de 2002.Cette même année, il adhère à l’association APIC (Appel pour l’insurrection des consciences), inspirée par Pierre Rabhi, en défense des valeurs écologiques et humanistes. Sur un plan personnel, au grand étonnement de nombre de ses camarades et la désapprobation ouverte ou larvée de sa famille, il se remarie en 1997 avec Isabelle Becar (née en 1953), rencontrée à AC ! L’enthousiasme qui avait présidé à la création d’AC s’épuise après l’hiver 97-98 et les tâches d’animation reposent sur un nombre sans cesse plus étroits de personnes. Charles Piaget apparaît clairement comme la cheville ouvrière du groupe. A l’occasion de la présidentielle de 2007, il soutint la candidature de José Bové. Cette même année, la sortie du film de Christian Rouaud fait connaître à une nouvelle génération l’ampleur et la radicalité du combat des Lip. Avec quelques autres Lip (Fatima Demougeot, Michel Jeanningros, Rolland Vittot), Charles Piaget accepta de parcourir la France (et au-delà) pour animer les débats qui prolongeaient la projection militante du film. Charles Piaget à lui-seul assure plus de 250 débats aux quatre coins de l’hexagone. Sollicité par son neveu, Claude Billot qui résidait dans la région, il participa en 2010 aux manifestations organisées par le CRHA (Comité Résistant d’Hier et d’Aujourd’hui) au plateau des Glières. De cette rencontre surgira un livre, La force du collectif en 2012. Approchant les 90 ans, Charles Piaget continua d’assumer la responsabilité d’AC et à participer à toutes les occasions de se mobiliser.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163717, notice PIAGET Charles, Albert par Georges Ubbiali, version mise en ligne le 6 septembre 2014, dernière modification le 4 novembre 2023.

Par Georges Ubbiali

Tribune socialiste n° 653 du 19 avril 1975, page consacrée à la présentation des travaux de la DPN. Sur la photo Charles Piaget, André Barjonet, Michel Mousel, Geneviève Petiot.

OEUVRE : Lip, Paris, Stock, 1973. — La force du collectif, Paris, Libertalia, 2012. — On fabrique, on vend, on se paie, Éditions Syllepse, 2021.

SOURCES : Entretiens avec Charles Piaget, Françoise Piaget, Thérèse Billot, Bernard Ubbiali, Madeleine Laude, Bernard Serafinovski. — Bordet (Gaston), Neuschwander (Claude), Lip, 20 ans après (propos sur le chômage), Paris, Syros, 1993. — Collectif, Lip, affaire non-classée, Paris, Syros, 1976. — De Virieu (François-Henri), Lip, 100 000 montres sans patron, Paris, Calman-Levy, 1973. — Divo (Jean), L’affaire Lip et les catholiques de Franche-Comté, Suisse, Cabédita, 2003. — Dubourg (Auguste), La subversion démocratique, Pantin, Temps des cerises, 2000. — Feret (Dominique), Les Yeux rouges, Besançon, Solitaires intempestifs, , 1998. — Galandon (Laurent), Vidal (Damien), Lip, des héros ordinaires, Paris, Dargaud, 2014. — Girard (A.), Neuschwander (Claude), Le libéralisme contre la démocratie, Paris, Syros, 1997. — Giraud (Henry), Mon été chez Li, Paris, France-Empire, 1974. —Lourau (René),L’analyseur Lip, Paris, 10-18, 1974. — Maire (Edmond), Piaget (Charles), et alii, Lip 73, Paris, Seuil, 1973. — Neuschwander (Claude), Patron, mais… Paris, Seuil, 1975. — Piaget (Charles), Lip , Paris, Stock, 1973. — Piaget (Charles), La force du collectif, Paris, Libertalia, 2012. — Piton (Monique), C’est possible !, Paris, ed. Des femmes, 1975. — Raguenes (Jean), De mai 68 à Lip. Un dominicain au cœur des luttes Paris, Karthala, 2008. — Wiaz et Piotr, Les hors-la-loi de Palente, Société internationale d’éditions, 1974. — Travaux universitaires : Beurier (Joëlle), La mémoire des Lip, maîtrise d’histoire contemporaine, Paris I, 1992, 202 p. — Bondu (Dominique), De l’usine à la communauté. L’institution du lien social dans le monde de l’usine, Thèse de sociologie, EHESS, 1981, 2 vol., 420 p. — Castleton (Edward), Lip : une remise à l’heure. De l’action sociale à la gestion de production (1973-1983), DEA d’histoire, IEP Paris, 1996, 179 p. — Cassou (Saoura), Lip, la construction d’un mythe, Maîtrise d’histoire contemporaine, Paris I, Paris I, 2002, 170 p. + annexes. — Champeau Thomas, Lip : Le conflit et l’affaire (1973), Master de l’EHESS, 2007, 212 p. — Rozenblatt (Patrick), Tabaton (Francine), Tallard (Michèle), Analyse du conflit Lip et de ses répercussions sur les pratiques ouvrières et les stratégies syndicales, Thèse d’économie, Paris IX, 1980, vol. I, 229 p., vol. II, 172 p. — Ternant Evelyne, La dynamique longue d’un système productif localisé : l’industrie de la montre en Franche-Comté, Thèse d’économie, Grenoble II, 2004, deux volumes, 874 p. — Donald Reid, Opening the Gates. The Lip Affair, 1968-1981, London, Verso, 2018, 492 p. — L’Affaire Lip, 1968-1981 trad. Hélène Chuquet (Rennes : Presses Universitaires de Rennes, 2020). — Documents divers : Quarante ans après, LIP. Catalogue de l’exposition, Besançon 2013. — Rouaud Christian, Les Lip, l’imagination au pouvoir, DVD, 2007. — Les groupes Medvedkine, coffret 2 DVD, édition Montparnasse, 2006. — Dubosc Dominique, L’affaire Lip, 1973-1974, INA, 1976. — Joël Mamet, Piaget avant-pendant-après Lip, biographie, Ed. du Sekoya.

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