RIMBAULT Jacques, Marie, Gaston [il aurait dû s’appeler RAIMBAULT Jacques, sans une erreur de l’état civil]

Par Claude Pennetier

Né le 7 août 1929 à Bourges (Cher), mort le 19 mai 1993 à Vierzon (Cher) ; ajusteur outilleur à Bourges et à Vierzon ; membre du comité central du PCF (1964-1976, puis CCCF), maire de Bourges (1977-1993), député du Cher (1981-1993).

Jacques Rimbault
Jacques Rimbault

Fils de Victor Rimbault, chef du personnel aux Nouvelles Galeries décoré de la médaille militaire et de la Croix de Guerre, et de Marie Berthe Palisse, employée de commerce, né place Parmentier à Bourges, Jacques Rimbault était adolescent dans cette ville au moment de la Libération et assista à une scène de tonte de femmes dont il garda un souvenir tenace. Il avait rendu quelques services à un groupe de Résistance (Groupe Gremeret) à Port-Sec Bourges. Syndiqué depuis septembre 1943, il fit parti du JUJP, puis de l’UJRF, avant d’adhérer au Parti communiste en août 1946, cellule Henri Barbusse.

Titulaire du certificat d’études, il avait fréquenté l’école du Bouillet puis la Sup, l’École supérieure (devenue le lycée PE Martin). Il rentra en 1943 à l’école d’apprentissage de la Pyrotechnie et en sortit ajusteur en 1946 avec un certificat d’aptitude professionnelle d’ajusteur et un brevet des usines mécaniques de l’État. Il entra à la SNAC d’où il fut licencié en 1948. Il travailla un temps aux Contributions directes faute d’ouvrage dans sa spécialité d’ajusteur, puis il fut embauché à Vierzon dans la métallurgie, à la Précision moderne.

Secrétaire fédéral de l’UJRF, membre de la commission fédérale de la Jeunesse du PCF, Jacques Rimbault entra au bureau fédéral en 1953, dans une équipe alors dirigée par Maurice Renaudat puis à partir de 1955 par René Cherrier. Il fut remarqué par ses capacités militantes par Georges Gosnat lors de la conférence de section de Vierzon, le 23 mai 1955. Gosnat écrivait dans son rapport : « le camarade Rimbault, jeune militant métallurgiste de valeur, montra le degré d’exploitation terrible des hommes, des femmes et des jeunes gens dans la Verrerie ». Il entra au secrétariat fédéral en juillet 1955, promotion rapide, à vingt-cinq ans. Il était en troisième position derrière René Cherrier, André Guérin et avant Maurice Renaudat, son aîné de cinq ans.

Marié avec Colette Micaud 12 février 1949 à Vierzon où il avait fait construire un petit pavillon, rue Eugène Pottier, qui fut son logement sa vie durant (le couple eut deux enfants, Patricia et Jean-Jacques), il fut élu conseiller municipal en 1959 puis deuxième maire adjoint chargé des travaux aux côtés de Léo Mérigot puis Fernand Micouraud. Il prit ainsi goût à la gestion municipale.

Jacques Rimbault avait suivi une école de la Jeunesse en septembre 1948. L’appréciation fut favorable : « N’était jamais passé par une école du Parti. Intelligent. A fourni un gros travail. Grands progrès. Capable d’initiatives. Pas très "homme de masse". Doit bien faire ses postes actuels. À suivre. » Il fréquenta une école centrale de formation de rédacteurs en 1954. Deux ans plus tard, le parti souhaita qu’il suive une école centrale de quatre mois, passage quasi obligé pour devenir secrétaire fédéral et éventuellement permanent. Mais Marcel Cherrier écrivit le, 1er octobre 1956 au secrétariat qu’il n’était pas possible d’envoyer Rimbault à l’école en raison du refus de son employeur. Son départ sans autorisation équivaudrait à son licenciement. Marcel Dufriche qui représentait la direction nationale à la conférence fédérale du 10 juin 1956 déclarait dans son rapport : « C’est le meilleur cadre qui monte, à mon avis ». Il suivit une école centrale de trois mois, d’octobre 1960 à février 1961 à Choisy-le-Roi. Il était secrétaire à la propagande et responsable de la page du Cher dans l’Humanité dimanche lorsque le Parti communiste décida de renouer avec la pratique des écoles d’un an à Moscou. Le secrétariat du comité central ratifia, le 3 juillet 1962, le nom de Jacques Rimbault pour la première promotion, à côté de celui de René Piquet pour suivre les cours de l’École supérieure des sciences sociales du PCUS à Moscou. Même s’il fut très discret, sauf dans les dernière années de sa vie, sur ce séjour, sa présence est attestée en août 1962-juillet 1963 par les témoignages et par la mention école de « 1 an » sur la liste du comité fédéral élu le 20 juin 1965 (ou « Inter », sur le liste de 1966). Il déclara à la presse locale en 1991 : « Quand j’étais à Moscou en 62-63, je me posais beaucoup de questions sur l’état des libertés en URSS. À plusieurs reprises, j’ai voulu participer à une réunion locale du Parti communiste de l’Union soviétique, une réunion à la base. Cela n’a jamais été possible, car, malheureusement, la démocratie était bafouée. » Il est vrai que cette phrase date d’après l’effondrement de l’URSS.

Le congrès fédéral de 1965 fut celui de son accession aux fonctions de 1er secrétaire. Il était permanent depuis 1957. Il était membre du comité central depuis 1964 et de la CCCF (commission centrale de contrôle financier) à partir de 1976. Jacques Rimbault devint conseiller général de Bourges-Asnières en 1973, puis maire de Bourges sur une liste d’Union de la gauche en 1977 à la faveur d’une dissension à droite. Il demanda alors de quitter la direction fédérale communiste, suggérant à la direction nationale, en la personne de Marcel Zaidner, de soutenir Jean-Claude Sandrier, « dont Gaston Plissonnier connaît bien la famille » ajoutait-il. Il demandait par la même occasion que la commission des cadres lui propose un secrétaire politique pour son cabinet de maire.

Après un échec aux législatives de 1978, Jacques Rimbault fut élu député d’une circonscription qui regroupait Bourges et Vierzon. Son activité parlementaire fut orientée vers la commission de la Défense nationale et des forces armées, comme il se doit pour l’élu d’une ville marquée par ses importants Établissements militaires. Il porta par exemple un projet de loi tendant à améliorer les garanties légales de réembauche pour les jeunes gens obligés de quitter leur emploi pour accomplir leur service national (23 avril 1986).

Maire entreprenant et populaire, très présent dans les quartiers, Jacques Rimbault réussit à se maintenir à la première magistrature municipale jusqu’à son décès, améliorant son score à chaque scrutin, malgré les obstacles sociologiques (l’emploi ouvrier baissait, notamment celui des établissements militaires, bastion communiste) et politiques, le PCF n’étant nullement dominant dans cette ville. Il pilota de nombreuses réalisations : aménagement des rues piétonnes du centre historique, médiathèque, nouvelle mairie, stade des Grosses plantes et halle Saint-Bonnet, implantation du Printemps de Bourges. Mais c’est aussi par son style déterminé, gouailleur, convivial, amateur de football, qu’il gagna la sympathie de la population bien au-delà de la gauche. Il aimait gommer le dimension partisane au profit d’une image personnelle : « Ce n’est pas le PCF qui l’a fait, c’est Jacques Rimbault » aimait-il dire avec le sourire en coin et il ne mettait pas le sigle du PCF sur ses affiches. Le vocabulaire du « charisme » revenait constamment et bien qu’il soit peu à l’aise devant un micro ou une caméra, c’est dans les rapports personnels directs qu’il excellait, même avec ses adversaires politiques. Marguerite Renaudat, forte personnalité qui fut sa première adjointe, se souvenait de « sa dureté vis-à-vis des hôtes de pays de l’Est. Il leur disait ‘vous êtes en train de tout gâcher’ » mais aussi de ses plaisanterie sur les femmes : « Des femmes [politiques], il en faudrait seulement une par région militaire ». Et elle ajoutait : « Je connaissais cet aspect sensible dont les autres souriaient. Je savais qu’il pouvait souffrir et je voulais le ménager ». Il s’était refusé à désigner un dauphin. En 1991 il déclarait encore : « Ça ne marche pas les dauphins. Si quelqu’un doit prendre ma succession, c’est qu’il aura fait ses preuves ».

Fidèle soutien de Georges Marchais, qui était un ami personnel, il avait relayé, en 1976, la proposition d’abandon de la « dictature du prolétariat ». Lorsque le secrétaire général fut accusé d’être revenu à Augsburg après une permission en France en mai 1943, il utilisa ses bons rapports avec le maire de la ville allemande, qui était jumelée avec Bourges, pour décrédibiliser les documents produits par la presse. Attendu dans le camp des « rénovateurs » en raison de sa politique municipale ouverte, c’est au contraire en « orthodoxe » qu’il intervint au comité central, « contre ceux qui veulent nous faire abandonner le combat de classe ». .

Épuisé par un travail intense, il fit un malaise, le 13 janvier 1992, dans son bureau de maire et fut hospitalisé à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpétrière où il continua à travailler. Il mena la liste aux régionales de mars 1992. Après une seconde hospitalisation en octobre-novembre 1992, il reprit ses activités mais il était très affaibli. Le Parti communiste annonça cependant qu’il conduirait la liste d’union aux élections municipales de 1995 et qu’il serait candidat aux élections législatives de 1993 au cours desquelles il fut battu au second tour.

Il eut des obsèques grandioses. Jean-Claude Sandrier lui succéda.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163718, notice RIMBAULT Jacques, Marie, Gaston [il aurait dû s'appeler RAIMBAULT Jacques, sans une erreur de l'état civil] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 29 septembre 2014, dernière modification le 4 février 2022.

Par Claude Pennetier

Jacques Rimbault
Jacques Rimbault
Obsèques de Jacques Rimbault
Obsèques de Jacques Rimbault

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. Municipales de Bourges. — Presse locale, notamment à l’occasion de son décès. — État civil.

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