BERMONT Armand [BERMONT Jules, Armand]

Par Gilles Morin

Né le 26 mai 1882 à Seloncourt (Doubs), mort le 15 octobre 1946 à Montbéliard (Doubs) ; ouvrier mécanicien puis inspecteur d’assurances ; maire socialiste de Montbéliard (1929-1940 ; 1945-1947) et conseiller général (1931-1940) ; membre du Comité départemental de Libération.

La famille d’Armand Bermont, dont le père travaillait à Montbéliard, dut quitter la ville lors de la crise horlogère de 1875. Armand Bermont, élève intelligent, obtint à onze ans le prix Oudet, carnet de retraite de cent francs attribué par voie de concours entre les élèves les plus nécessiteux du département. Il fut horloger et son épouse ménagère.

Marié en 1907 à Valentigney, Armand Bermont travailla pendant vingt-trois ans comme ouvrier mécanicien et, en 1908, avec quelques militants des usines Peugeot, il reconstitua les syndicats de la région. Deux ans plus tard, il était élu conseiller municipal socialiste de Seloncourt (Doubs) ; il était également membre du conseil d’administration de la coopérative « La Fraternelle ». En 1914, il alla se fixer à Montbéliard où il adhéra au Parti socialiste SFIO. Il devait être conseiller municipal en mai 1925 (ou 1927) puis maire en mai 1929, après avoir reconstruit le Parti dans l’arrondissement.

Tenté par l’assurance, Armand Bermont s’y créa une situation comme inspecteur en même temps qu’il poursuivait une carrière politique. Maire depuis mai 1929, il fut réélu en mai 1935 par vingt-cinq voix sur vingt-sept votants ; il était assisté de Lucien Truchot*, premier adjoint, Albert Bainier*, deuxième adjoint, Émile Richard*, troisième adjoint, Marius Blajot*, quatrième adjoint. Il présida la réunion publique contre les décrets loi Daladier, le 3 décembre 1938.

Après avoir été candidat SFIO au conseil général dans le canton de Montbéliard en juillet 1925, il fut élu conseiller général de Montbéliard, en octobre 1931, gagnant le siège du radical Ienné, puis réélu en 1937. Il fut encore candidat aux sénatoriales du 20 octobre 1929, aux sénatoriales complémentaires des 23 décembre 1934 (il obtient 96 voix), 17 novembre 1935 (114 suffrages), 23 novembre 1936 (obtient 122 voix) et aux sénatoriales du 23 octobre 1938.

Selon René Lamboley : « Le 17 juin 1940, au soir de l’arrivée des Allemands, il refusa la main que lui tendait l’officier qui venait prendre possession de l’hôtel-de-ville. Le lendemain frappé et maltraité, il fut enfermé et gardé la nuit avec le sous-préfet et l’archiprêtre. Durant l’Occupation, le préfet voulut le faire désigner au conseil départemental mais les autorités d’Occupation s’y opposaient. Le préfet insista sur sa place, comme maire de Montbéliard et représentant cantonal d’une région ouvrière, et se portait garant du « loyalisme » dont il aurait fait preuve en faveur des autorités françaises et allemandes. Les autorités allemandes auraient levé leur veto. Lamborey donne une autre version : « Il fut sur le point de refuser, mais les chefs de résistance qu’il consulta l’en dissuadèrent parce que ce refus aurait entraîné sa révocation de maire, et la Résistance avait besoin de lui à l’hôtel-de-ville. Toutefois il n’assista à aucune réunion du conseil départemental ». Les Allemands obtinrent sa révocation par Vichy le 9 mars 1944. Recherché par la Gestapo, Armand Bermont vécut dans la clandestinité en Haute-Saône tout en restant en contact avec sa ville. Son fils fut déporté à Buchenwald et y mourut.

Membre du Comité départemental de Libération, au titre des personnalités, il reprit la mairie le 18 novembre 1944 où il reçut un accueil chaleureux de la population, et resta maire jusqu’à son décès en octobre 1946. Il était chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la médaille de la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16376, notice BERMONT Armand [BERMONT Jules, Armand] par Gilles Morin, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 janvier 2012.

Par Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3219 ; F/1a/3240 ; CAC, 19940500, 19940500, art. 210, n° 3397 A. — La Tribune de l’Est, 1928-1930. — La Tribune de Montbéliard et de Morteau, 10 février 1934. — La Tribune du Doubs, 1935-1938. — Conseils généraux, élections, résultats officiels, juillet 1925, octobre 1931, Paris, J.L.L. D’Artrey directeur. — PS-SFIO, Congrès nationaux, rapports, Paris, librairie populaire, 1935, 1937, 1938, 1939. — Libération du Pays de Monthéliard, 19 octobre et 26 octobre 1946 (article de René Lambolley, secrétaire général de la mairie). — DBMOF, notice de Jean Maitron. — État civil de Seloncourt et de Montbéliard.

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