SCHWARTZ Marc

Par Claude Pennetier, Dominique Tantin

Né le 1er mars 1905 à Jassy (Roumanie), abattu le 4 juillet 1944 à Pandrignes (Corrèze) ; chirurgien-dentiste ; homologué résistant.

Sans doute prénommé Marcus francisé en Marc, réfugié juif à Pandrignes (Corrèze), Marc Schwartz fut victime d’une opération des troupes allemandes le 4 juillet 1944 : ils brûlèrent la maison d’un résistant communiste Jean Pompier, mort en action le 2 juillet 1944 à Saint-Saury (Cantal), et deux autres habitations, et ils fusillèrent le maire Gabriel Dubois et Marc Schwartz.
Sur sa fiche sur Mémoire des Hommes, il est indiqué qu’il est mort à Saint-Bonnet-Avalouze (Corrèze), mais son nom est bien inscrit sur le monument aux Morts de Prandignes.
Bien qu’il ait un dossier de victime civile, il fut décoré de la Médaille de la Résistance à titre posthume par décret en date du 21 janvier 1973 (JO du 10/03/1973).
Il n’existe aucune fiche à son nom sur les bases de données en ligne relatives à la Shoah.
Sur les circonstances de ces assassinats à Pradignes le 4 juillet 1944, nous disposons du témoignage d’Antoine (dit Marcel) Nougein, lui-même titulaire de la Médaille de la Résistance, né le 26 décembre 1901 à La Roche-Canillac (Corrèze), où il est mort le 17 mai 1970, commune dont il fut maire de 1959 à 1963, instituteur à Pandrignes en 1944 (cf. Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, op. cit., p. 522).


Le 4 juillet, vers 7h30 du matin, une centaine d’Allemands cernent Pandrignes, prennent position aux alentours du bourg et deux chefs de la Gestapo arrivent à la mairie : l’un est Allemand, l’autre qui se fait appeler Michel, est un Français. Tous deux exigent de moi, qui suis instituteur et secrétaire de mairie, le rassemblement dans la cour de la mairie de tous les hommes de la commune, de 18 à 60 ans. On fait sonner les cloches de l’église, on envoie deux jeunes filles dans les villages éloignés.
Soixante-sept hommes sont inscrits sur les listes de la mairie. Seuls peuvent être rassemblés M. Charbonnel, présent dans le bourg, MM. Marrel et Soubrane, pris à la gare, moi-même, plus six hommes qui se présentent volontairement : MM. Dubois, maire, Cochet, Pouget, Val, Dumont Pierre et Marchat. MM. Plantade et Dumond Marcel sont arrêtés sur les routes.
Le chef allemand de la Gestapo a en main une liste de vingt noms : tous sont absents sauf Soubrane, Dumond Marcel et moi-même. Soubrane et Dumond sont frappés violemment par le nommé Michel. C…, interrogé, prononce à l’adresse de M. Dubois, maire de la commune, les paroles suivantes : « Tu es passé dans les fermes pour ravitailler le maquis, je dirais toute la vérité. » Michel a entendu ; « Venez ici, le vieux maire, votre peau ne vaut pas cher. » Il fait signe à des soldats, embarque M. Dubois dans un camion et ils partent. Nous ne reverrons plus M. Dubois vivant !
Les Allemands qui recherchent en vain Aubin Pompier, lieutenant du maquis, incendient sa maison et frappent sa mère. Ils incendient aussi la maison du fils Dubois qui dirige la cellule communiste, puis la maison de M. Schwartz, chirurgien-dentiste, accusé d’être Juif. M. Schwartz se rendra dans la soirée, car les Allemands ont arrêté à sa place sa femme qui attend un bébé. Il sera ramené à la mairie, torturé, tué et son corps sera rejeté dans les ronces plus loin, sur la route. Nous retrouverons aussi le corps de M. Dubois dans un fossé.
Le soir même, le maquis vient arrêter C…, le dénonciateur. Il sera condamné à mort et exécuté.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163773, notice SCHWARTZ Marc par Claude Pennetier, Dominique Tantin , version mise en ligne le 9 septembre 2014, dernière modification le 29 juin 2022.

Par Claude Pennetier, Dominique Tantin

SOURCES : Service historique de la Défense, Caen, AVCC, AC 21 P 398016 (nc). — Bernard Bouche, Jacques Pompier, Madeleine Quéré Gatinel, Jean Pompier, un homme engagé, p. 14.— Maquis de Corrèze, 150 combattants et témoins, Paris, Éditions Sociales, 1975, p. 430-431. — Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Geneanet.

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