BERNADOU Gisèle [BERNADOU Marie, Louise, Gisèle]

Par Jacques Girault

Née le 9 novembre 1905 à Paris (XIVe arr.), morte le 2 décembre 2000 à Champceuil (Essonne) ; institutrice ; militante du SNI de Seine-et-Oise ; maire socialiste de Houilles (Seine-et-Oise/Yvelines), de 1971 à 1977.

Fille d’un sculpteur, victime de la Grande Guerre, Gisèle Bernadou, pupille de la Nation, titulaire du brevet supérieur, devint institutrice suppléante en Corrèze pendant trois ans. Elle fut nommée à Houilles à partir d’octobre 1930 à l’école Velter de garçons. Elle dirigeait la colonie de vacances d’Houilles à Saint-Hilaire-de-Riez (Vendée). Sa propagande pacifiste (utilisation dans sa classe d’un texte contre la guerre) l’avait fait sanctionner en 1934 d’une peine de censure par le ministre de l’Éducation nationale contre l’avis du conseil départemental.

Membre du Parti socialiste SFIO, elle fut, de 1936 à 1939, secrétaire nationale des Amis de l’enfance ouvrière (Faucons rouges) et dirigea son journal mensuel Amitié.

De 1936 à 1940, secrétaire générale de la section de Seine-et-Oise du Syndicat national des instituteurs, elle fut élue en 1938 membre du bureau national du SNI. Elle appartenait en 1937 à la direction du Cartel des fonctionnaires, travailleurs de l’État, des chemins de fer et des services publics de la région parisienne de la CGT.

Membre du bureau de l’union des syndicats de la Région parisienne en 1941, Gisèle Bernadou adhéra au Rassemblement national populaire pour suivre Marcel Déat dont elle partageait les analyses. Elle déclara avoir quitté le RNP en 1943 à la suite d’un « désaccord complet avec eux », qualifiant dans son interrogatoire de « catastrophe » quand Déat « a pris la direction du Travail » comme ministre du Travail et de la solidarité nationale en mars 1944. Elle était toujours membre du comité central de la Ligue de la pensée française en janvier 1944.

Le bureau provisoire de la section départementale du SNI, le 5 octobre 1944, demanda sa « révocation immédiate ». Arrêtée le 11 octobre 1944, détenue de novembre 1944 à avril 1945 à la caserne de Noailles à Versailles, elle fut suspendue de l’enseignement en février 1945. La révocation sans pension avec interdiction d’enseigner était demandée dans le rapport au Conseil supérieur d’enquête de l’académie de Paris, le 30 avril 1945 pour avoir répandu « une philosophie pacifiste faussement humanitaire ». Lors de l’enquête, elle indiqua avoir été favorable, comme le SNI, au rapprochement avec l’Allemagne depuis le début des années 1930. Elle affirma avoir refusé toutes les propositions de responsabilités politiques ou administratives. Elle précisa aussi avoir aidé en 1941 une famille juive et deux instituteurs franc-maçons et avoir contribué à dissimuler les biens du syndicat et de la section socialiste de Houilles, rendus à la Libération. Le 22 mai 1945, la Chambre civique de la Cour de Justice de Seine-et-Oise refusa de la condamner à l’indignité nationale. Maintenue institutrice, elle fut déplacée d’office le 4 août 1945.

Militante du Mouvement fédéraliste européen depuis 1948, elle assura de 1960 à 1976, le secrétariat général de l’Association européenne des enseignants. Elle faisait partie de la direction de son organe de presse, Education européenne.

Adhérente du Parti socialiste, membre de la commission exécutive fédérale, elle devint maire de Houilles en 1971. Malade, elle ne se représenta pas en fin de mandat. Pendant ces années, elle fut à l’origine du jumelage avec Friedrichsdorf (République fédérale allemande).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16381, notice BERNADOU Gisèle [BERNADOU Marie, Louise, Gisèle] par Jacques Girault , version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 29 août 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F/17/16743, F22/2026. — Arch. Fondation Jaurès, 12 EF 78. — Renseignements fournis par Gisèle Bernadou. — P. Delanoue, Les enseignants…, op. cit.. — Presse syndicale. — Sources orales.

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