BROGI Libéro

Par Delphine Leneveu, Claude Pennetier

Né le 20 mai 1921 à Auboué (Meurthe-et-Moselle), fusillé par condamnation le 29 juillet 1942 à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle) ; italien ; peintre en bâtiment ; résistant, membre des FTPF.

Aîné des enfants d’Antonio et Annunziata, peintre en bâtiment, célibataire, domicilié à Auboué, Libéro Brogi entra au sein des FTPF le 10 janvier 1942 dans le noyau organisé par Giovanni Pacci, avec Maurice Henry, René Froment, Narcisse Ippolito et Henri Koziol. Il participa à des opérations de sabotage : voie ferrées, lignes télégraphiques.
Il fut arrêté le 4 juin 1942 à Auboué, sur son lieu de travail, par la gendarmerie de Briey (Meurthe-et-Moselle) pour « activité communiste, détention d’armes et d’explosifs et sabotages ».
Condamné à mort le 20 juillet 1942 (procès du 16 au 20 juillet) par le tribunal militaire allemand de Nancy (FK 591), il fut interné à Briey puis à la prison Charles-III de Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Libéro Brogi a été fusillé le 29 juillet 1942, à 6 heures, à La Malpierre, Champigneulles. Il y eut quatorze fusillés le même jour à La Malpierre.

Libero Brogi réussit à faire passer une lettre à sa mère. « Depuis la condamnation à mort par le tribunal, je ne fais que penser à toL Heureusement que je suis en cellule avec Mingarelli, le temps passe alors plus vite. J’espère que votre santé est toujours bonne, surtout toi maman. Je te recommande de ne pas te faire trop de mauvais sang pour moi. J’espère que ce ne sont que des mauvais moments à passer et qu’ils seront très courts. Comme tout le monde dit : Après la pluie, le beau temps. En cellule ce n’est déjà plus la même vie qu’en chambrée, c’est un peu plus dur. J’espère que tu as un moral comme moi. Il faut prendre ce malheur du bon côté et tout ira bien. J’espère que papa est rentré (il est interné à Écrouves) et que tout va à merveille à la maison, que l’Ottavio est toujours chez lui et qu’Auboué n’a pas changé de place. Tu donneras le bonjour de ma part et de celle de Garatoni à la famille, aux cousins et cousines. Tu remettras le deuxième billet à Jeanne Benvenutti. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Adieu. Je saurai mourir en bon patriote avec les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres en pensant à toi, mes parents et les copains. »
Avec 13 autres FTP,
Libero est fusillé le 29 juillet 1942 à 6 heures 02 au champ de tir de La Malpierre.
 
Voici la dernière lettre à sa famille :
« Aujourd’hui mercredi, à 4 heures, j’ai été réveillé par la gendarmerie qui m’a annoncé l’exécution de mon jugement. Je n’ai plus que quelques heures à vivre et je m’empresse de vous écrire en tremblant. Soyez courageux et faut pas s’en faire. Je sais bien que c’est cruel de perdre un fils de 21 ans, mais c’est mon destin.
J’espère que Livio et Lido vous aideront de leur mieux. Je regrette de n’avoir pas été plus obéissant mais il est trop tard, le mal est fait et il faut le payer. J’espère que la maman sera courageuse et qu’elle supportera bien ce malheur. Je ne voudrais pas que vous me pleuriez de trop. Je vous remercie de tout le bien (sic) que vous vous êtes donné pour moi et du bon colis que vous m’avez envoyé. J’espère que papa ne m’en veuille (sic) pas de ne pas lui avoir obéi sur ses dernières recommandations et qu’il est maintenant parmi vous. Je ne regrette pas ce que j’ai fait. Je vous demanderais de me pardonner le mal que je vous ai fait (...) Je vous quitte en fumant ma dernière cigarette et en vous disant adieu et surtout soyez courageux (...) C’est le plu, dur moment que je suis en train de passer. Courage et bonne chance. Votre fils qui va mourir en pensant à ceux qu’il aime... »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163834, notice BROGI Libéro par Delphine Leneveu, Claude Pennetier, version mise en ligne le 11 septembre 2014, dernière modification le 27 décembre 2021.

Par Delphine Leneveu, Claude Pennetier

SOURCES : DAVCC, Caen (Notes Thomas Pouty). — Claude Favre, La Malpierre des héros anonymes, 2012. — Jean-Claude Magrinelli, Militants ouvriers de Meurthe-et-Moselle sous l’Occupation. Dictionnaire biographique, Nancy, 2020.

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