TURREL Robert

Par Alain Jury, Julien Lucchini

Né le 7 septembre 1922 à Seyssel (Savoie), mort le 30 juillet 1994, ; ouvrier mouleur en matières plastiques ; militant communiste ; syndicaliste CGT, secrétaire général de l’UD-CGT de l’Ain (1953-1979).

Après son certificat d’étude, Robert fréquenta le collège de Belley, qu’il quitta à 16 ans pour s’engager dans la marine. Pendant trois ans, il séjourna à Toulon en formation de mécanicien. Toujours marin lorsque la flotte se saborda à Toulon, il fuit avec son bateau qui rejoignit d’abord Alger, puis Londres et les Forces Françaises Libres. Il fera la guerre, comme mécanicien, sur un dragueur de mines, qui accompagnait et protégeait les transports militaires entre les États-Unis et l’Angleterre. Il participa également, avec son bateau, au débarquement en Normandie, à Ouistreham.
La fin de la guerre amena sa démobilisation. Ses compétences en mécanique lui permirent de se faire embaucher sur l’énorme chantier du barrage de Génissiat. C’est à ce moment qu’il adhéra à la CGT, mais pour lui, formé dans le combat pour la liberté, l’essentiel de son engagement était alors politique : il devint vite le responsable du parti communiste sur tout le chantier.
La fin du chantier l’obligea à rechercher un nouvel emploi, et il travailla à Bellegarde, à Oyonnax dans plusieurs entreprises de plastique ou de la métallurgie, où il démarra, quand il y restait assez longtemps, le syndicat CGT. C’est à cette époque qu’il se maria avec Martine Chanel. Le couple eut trois enfants.
En 1952, le départ du secrétaire général de l’U.D., Jean Brule posa la question de son remplacement. Tous les regards se tournent alors vers ce jeune militant (il avait 32 ans) qui paraissait si solide et, déjà, si expérimenté. C’est dans ces conditions que Robert Turrel accepta de prendre la responsabilité de l’U.D. de l’Ain. La période était fortement marquée par la guerre froide et la lutte contre l’impérialisme américain. À peine élu, il participa, à Oyonnax, au démontage d’une exposition américaine. Pour ce fait, il fut recherché par la police et dut se cacher pendant des semaines. Il n’en continua pas moins de faire son travail. Finalement, il fut condamné à 20 jours de prison avec sursis.
C’est dans ces conditions, qu’il se vit confirmer la confiance de tous les camarades de l’U.D., et qu’il put s’attaquer au développement de la CGT dans l’Ain. On put le voir présent dans les entreprises en difficultés, dans les grèves, les visites de syndicats, sans oublier les liens, toujours fidèles avec la confédération et les fédérations.
À la tête de l’UD, Robert fait preuve d’une activité énorme : il poursuit son engagement pour la cause de la Paix tout en participant à la création de la Mutuelle Ouvrière et Familiale de l’Ain, devenue Mutuelle de France.
En 1968, il fut en première ligne, soucieux d’aider les entreprises à entrer dans le mouvement, avec une attention particulière pour les "jeunes" syndicats. Chaque jour il rédigea un petit journal, une feuille recto-verso, tirée à la Ronéo, et qui informait sur les boites en grève, les manifestations, les communiqués, l’état des négociations par entreprise.
En 1977, sentant venir le temps de laisser à d’autres le poste de secrétaire général, il fut élu conseiller municipal de la ville de Bourg. En 1980, il participa activement à la mise en place pour 4 jours de "la radio pirate" de la Confédération, "Radio Bresse CGT" et pour cela, il fut inculpé.
La même année, au cours du congrès de l’U.D., il quitta définitivement ses responsabilités à laissant la place à Patrick Rochon. À partir de ce moment, son activité devint davantage municipale, avec des responsabilités surtout dans les questions sociales et de santé. Ce qui ne l’empêcha pas de participer à la mise en place départementale du syndicalisme des retraités.
Après avoir adhéré au Parti communiste en 1945, Robert Turrel fut membre du bureau de section d’Oyonnax en 1952. Il fut élu, la même année, au bureau fédéral et y siégea jusqu’en 1969 au moins. En 1961, il avait suivi une école centrale communiste d’un mois.
Robert Turrel mourut le 30 juillet 1994, à l’âge de 74 ans.
La municipalité de Bourg-en-Bresse a décidé de donner le nom de Robert Turrel à une nouvelle petite rue : Le "Passage Robert Turrel".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163851, notice TURREL Robert par Alain Jury, Julien Lucchini, version mise en ligne le 12 septembre 2014, dernière modification le 1er février 2019.

Par Alain Jury, Julien Lucchini

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. IHS-CGT (399 CFD 30). — Cahiers d’histoire de l’Institut d’histoire sociale Rhône-Alpes, juin 2007. — Renseignements recueillis par l’U-CGT de l’Ain.

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