SORIN Francis, Marie

Par Alain Prigent

Né le 11 décembre 1892 à Dinan (Côtes-du-Nord, Côtes d’Armor), mort en avril 1945 à Oranienbourg (Allemagne) ; cheminot ; secrétaire de l’union locale CGT de Dinan (1938-1939) ; membre du comité régional du PC des Côtes-du-Nord (1937-1939) ; déporté politique.

Francis Sorin était le fils de Jean Marie Sorin, manouvrier travaillait comme ouvrier civil affecté à l’entretien des écuries de la caserne de Dinan avant 1914. Sa mère, Victorine Quinquenel était ménagère. Le couple vivait en 1892 Rue de la petite harpe. Francis Sorin qui appartenait à la classe 12 effectua un service militaire de 7 ans dont une campagne durant la Grande guerre en Afrique, au Soudan. Après sa démobilisation, il travailla comme mécanicien aux chemins de fer dans la région parisienne. Il rencontra Gabrielle Souyri, serveuse dans un café, originaire du bassin houiller de Decazeville où son père exerçait le métier de mineur à Cransac. Le couple se maria le 30 juin 1921 à Levallois-Perret. Deux enfants naquirent de cette union : Gabrielle en 1922, et Francis en 1932 à Dinan.
Très vite Francis Sorin adhéra au PC et milita au sein du syndicat CGTU des cheminots. Il obtint sa mutation pour la Bretagne, sa région natale en 1932. La famille s’installa à Dinan. Francis Sorin était un militant communiste convaincu qui avait adhéré au PC dans les années 20 : secrétaire adjoint du syndicat CGTU des cheminots de Dinan, il fut l’un des artisans de l’unité syndicale. Il fut élu au bureau de l’union locale CGT de Dinan (1935-1937) dirigé par Eugène Chesnais, cheminot comme lui et conseiller municipal SFIO de Dinan. Fin décembre 1937, l’UL (union locale) traversa une grave crise : de très vifs débats opposaient les unitaires et les confédérés d’hier sur fond de désunion politique. Selon le rapport mensuel du sous-préfet de Dinan en date du 28 février 1938, l’UL qui paraissait complètement désertée par les ouvriers connut une réorganisation complète avec le changement de secrétaire et la désignation de Francis Sorin en remplacement de Chesnais. Il précisait que le représentant ouvrier le plus habile, Francis Sorin, avait réussi à regrouper autour de millier environ 400 ouvriers de la région de Dinan. Sorin faisait aussi partie du comité régional du PC des Côtes-du-Nord (1937-1939) avec Arsène Coutard, instituteur au Hinglé. Il défendit les couleurs du PC à Dinan en 1937 lors de l’élection des conseillers d’arrondissement où il obtint 220 voix soit près de 8% des suffrages exprimés. Son épouse qui adhéra au PCF en 1938 milita avec son mari au sein du PC clandestin. Affecté au dépôt de Dol, il subit une perquisition le 5 novembre 1939.
Pendant l’occupation, la maison des Sorin fut réquisitionnée par l’occupant. Du coup la famille alla habiter près de la poste à proximité des casernements de l’armée d’occupation. Organisateur de la résistance communiste à Dinan, bien que travaillant à Dol-de-Bretagne où il fut affecté en attendant la retraite, il fut dénoncé par un voisin acquis ils avaient confié son engagement dans la Résistance. Alerté par des camarades il décida cependant de rentrer à Dinan après sa semaine de travail craignant pour la sécurité de sa famille. Il fut arrêté le 14 janvier 1943 pour activité communiste. Interné à Saint-Brieuc puis à Compiègne, il fut déporté à Sachsenhausen avec le matricule 58 707. Déporté à Oranienburg, malade il fut abattu par les SS lors de la longue marche quelques jours avant la libération du camp par les Soviétiques en avril 1945.
Après l’arrestation de son mari, Gabrielle Sorin maintint le contact avec les réseaux de résistance en hébergeant des FTP et en assurant des liaisons avec Danielle, interrégionale femmes. Militante de l’UFF, elle fut candidate aux élections législatives d’octobre 1945 sur la liste du PCF qui obtint 27,3 % des suffrages exprimés. Deux députés communistes Marcel Hamon et Guillaume Daniel siégèrent à l’Assemblée Nationale. Leur fille Gabrielle entra dans la Résistance en 1943 comme agent de liaison à Baud dans le Morbihan.
Georges Boursault accusé d’avoir dénoncé Francis Sorin fut abattu par la Résistance à la Libération.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163862, notice SORIN Francis, Marie par Alain Prigent, version mise en ligne le 12 septembre 2014, dernière modification le 1er septembre 2020.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor 1M260, 1M362, 3M147 (Elections au conseil d’arrondissement 1937), 2W124, 2W135, 23W22, 1043W34. — BMP (Bibliothèque marxiste de Paris), Bobines N° 841 et 853, composition de la région des Côtes-du-Nord, mars 1938 et janvier 1939. — Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor (Cahiers Théo Hamon, 1922-1941). — Marie Pierre et Pierre Klein, Les déportés des Côtes-du-Nord, livre mémorial, 2007. —Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. — Entretien avec son fils Francis Sorin en mars 2009. — Notes de Gilles Rivière.

ICONOGRAPHIE : Photographie des communistes de Dinan en 1936.

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