MILINE Jules [Pseudonyme Mahé]

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Né le 7 août 1917 à Paris XIe arrondissement (Seine), mort le 30 juin 2011 à La Seyne-sur-Mer (Var) ; artisan tapissier ; communiste ; résistant FTP ; déporté.

Jules Miline
Jules Miline

Fils de Bernard, tailleur et de Rosen, née Blumowitz, sans profession, Jules Miline était le sixième enfant du couple, les trois premiers étaient nés en Russie à Ignatowskaya : Marie (1908), Louis (1909) et Berthe (1912), les trois autres enfants naquirent dans le XIe arrondissement : Philippe (1913), Rebecca (1915) et Jules. Le couple ainsi que Marie, Louise et Berthe devenaient français par déclaration devant le Juge de Paix du XIe arrondissement. le 7 décembre 1925.
Jules Miline exerçait la profession de tapissier dans son atelier du 83 rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris (IVe arr.), il adhéra au parti communiste en 1936. Il épousa le 23 décembre 1939 en mairie du VIe arrondissement, Lucienne Bénéteau, le couple demeura 8 rue Saint-Séverin, (Ve arr.), puis 45 rue de Belleville, (XIXe arr.). Réformé, il ne fut pas mobilisé.
Pendant la guerre, après plusieurs mois d’inactivité militante, il distribua des tracts du parti communiste clandestin, puis accepta en 1942 d’entrer dans les FTP. Du 5 octobre au 19 novembre 1942 à la suite d’aveux d’un combattant arrêté, des inspecteurs de la BS2 filèrent quotidiennement Marceline Gruwier du matin au soir. Celle-ci ex-membre de la Commission exécutive du Syndicat CGT de la confection pour hommes, était agent de liaison des FTP.
Le 6 octobre 1942 un inspecteur de la BS2 qui filait Marceline Gruwier nota dans son rapport de fin de filature rédigé le 20 novembre : « À l’angle de la rue Bellart et de l’avenue de Suffren, elle rencontre un homme que nous appellerons « Bellart ». […] « Bellart et Gruwier effectuent un va-et-vient rue Bellart et rencontrent vers 19 heures 40, un homme que nous appelons « Nabot » (identifié Miline) ».
« Signalement de Miline : 1,50 mètre, 28 ans, tête nue, raie sur le côté gauche, cheveux châtain foncé, flou sur le devant, costume gris, boite de la jambe droite ».
Dans la soirée du 21 novembre, Jules Miline participa en compagnie de Siméon Lernovici au lancement de bouteilles incendiaires contre un dépôt de bois situé rue de la Colonie dans le XIIIe arrondissement. Quelques jours après cette action le 28 novembre 1942 cinq inspecteurs de la BS2 interpellaient Jules Miline à la gare des Invalides, lors de la perquisition de son domicile les policiers saisissaient sur lui un pistolet 6,35 m/m, des tracts et journaux édités par l’organisation communiste. Interrogé dans les locaux des locaux des Brigades spéciales à la préfecture de police, il a été frappé, livré aux Allemands puis incarcéré.
Le 16 août 1943 il était dans un wagon de voyageurs aux fenêtres grillagées où étaient 52 prisonniers, le lendemain ils étaient à Sarrebruck au camp de Neue-Bremm. Tous étaient classés « NN » (Nuit et Brouillard) destiné à disparaître par la police de sécurité et du service de renseignements de la SS (Sipo-SD), Jules Miline était dirigé sur Mauthausen (Autriche) où le matricule 34575 lui était attribué. Transféré en Allemagne à Buchenwald, puis à Dora dans une brigade de travail, il fut libéré le 15 avril 1945 de Bergen-Belsen par les armées Britanniques, il arriva à Lille le 22 avril puis gagna Paris.
Il habita 45 rue de Belleville à Paris XIXe arrondissement, il témoigna devant la commission d’épuration de la police le 23 juin 1945. Il déclara « J’ai été frappé à coups de nerf de bœuf et à coups de poing par [deux inspecteurs,]« j’étais maintenu par plusieurs autres inspecteurs ». Après onze jours de détention dans les locaux des Brigades spéciales, il a été livré aux allemands ». Il porta plainte contre les policiers qui l’arrêtèrent. L’un des tortionnaires, l’inspecteur Gaston Barrachin a été jugé en octobre 1945, condamné à mort il a été fusillé.
Jules Miline a été homologué Déporté et interné de la résistance (DIR), combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), avec le statut de Déporté résistant.
Veuf, Jules Miline épousa Alice Amblard le 18 août 1952 en mairie d’Aix-les-Bains (Savoie). Le couple demeura 4 Allée Montplaisir à Bondy (Seine, Seine-Saint-Denis), en décembre 1965 il sollicita l’attribution de la Légion d’honneur. En janvier 1981 cette demande était renouvelée au titre du ministère de la Défense, il vivait alors dans le quartier Touffarny à la Seyne-sur-Mer dans le Var, il y mourut le 30 juin 2011, fut inhumé dans le cimetière de la ville le 3 septembre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article163883, notice MILINE Jules [Pseudonyme Mahé] par Daniel Grason, Gérard Larue, version mise en ligne le 16 septembre 2014, dernière modification le 27 octobre 2022.

Par Daniel Grason, Gérard Larue

Jules Miline
Jules Miline

ŒUVRE  :
Articles du Sillon, 1895 / 1897.
Conférences des Semaines sociales de France de 1910 à1939
Articles de presse (séries)
La Libre Parole, 1913 / 1923
Le Peuple Français, 1903 / 1909
L’Ame Française, 1917 / 1919
Le Petit Démocrate, 1925 / 1937
Ouvrages, brochures, rapports
La capacité de la femme mariée, Ed. L. Larose Paris 1898
Un catholique au XX° siècle : Henri Bazire (chap 3), Bloud & Gay, Paris, 1922
Congrès ACJF de Bordeaux (clôture et conclusion), ACJF, 1907
Réglementation professionnelle et contrat collectif, 1919
Famille, travail, épargne. Manuel de vie pratique (AES), Spes, Paris, 1924
Rapport sur les syndicats professionnels, Revue du Musée social, juin 1926
La Charte italienne du Travail, Revue « Politique », août 1927
Proposition de loi tendant à rendre obligatoires les allocations familiales, 1929
Le vote familial, SPES, Paris, 1929
La réforme du salariat, Le Petit Démocrate, 1930
Le chômage et les grands travaux publics, Le Petit Démocrate, 1934
Maurice Eblé et les secrétariats sociaux, Chronique sociale de France, 1947

SOURCES : Arch. PPo. 1 W 0092, 77 W 3288, BS2 carton 20, KB 25. – Service historique de la défense, Vincennes Résistance GR 16 P 419206, Service historique de la Défense, Caen SHD/AC 21 P 598462. – Jean-Marc Berlière avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l’Occupation, Éd. Perrin, 2001. – Livre-Mémorial, FMD Éd. Tirésias, 2004. – Nice matin, avis de décès. – État civil, Paris 11e arr.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 184

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