COPPIETERS Émile, Louis, Marie.

Par Jean-Paul Mahoux

Gand (Gent, pr. Flandre orientale, arr. Gand), 15 décembre 1849 – Gand, 15 septembre 1922. Entrepreneur de travaux publics et haut fonctionnaire, libéral progressiste puis socialiste, dirigeant de la Banque du travail, conseiller communal socialiste puis échevin de Gand, sénateur de l’arrondissement de Liège (pr. Liège) puis de Gand.

Émile Coppieters est le fils de Pierre Coppieters, maçon, contremaître puis entrepreneur indépendant, et d’Émilie Vanden Berghe. À la suite du décès de son père, il reprend l’entreprise familiale de terrassement et de travaux publics, la développe considérablement et la diversifie pour l’étendre aux travaux de dragage des canaux et des bassins portuaires. Des années 1890 à la Première Guerre mondiale, l’entreprise Coppieters prend part aux principaux chantiers portuaires belges : Anvers, Zeebrugge, Gand et surtout Ostende où Émile Coppieters consacre huit années de travail à l’édification du nouveau port, en association avec trois autres entrepreneurs. Il dirige également plusieurs chantiers réalisant l’actuel réseau de communications fluviales. Il se voit ainsi confier la construction d’une partie des installations du port de Bruxelles par la SA du Canal et des installations maritimes (1910-1912), la réalisation du port de Charleroi (pr. Hainaut, arr. Charleroi) ainsi que l’écluse de la Porte des Flandres. Il obtient également plusieurs contrats en Europe centrale.

Peu après la fin de la Première Guerre mondiale, la longue expérience d’entrepreneur de Émile Coppieters dans les régions côtières est à l’origine de sa nomination de conseiller technique auprès du ministère des Travaux publics. Un an plus tard, il est appelé à exercer le charge de haut-commissaire royal pour les régions dévastées. Il dirige les travaux de reconstruction et les opérations de réinstallation des populations sinistrées dans la zone s’étendant de La Panne à Nieuport. Ses fonctions l’amènent alors à siéger au Conseil supérieur des dommages de guerre.

Très tôt, le champ d’activité de Émile Coppieters s’étend à la politique. Dans les années 1870, le jeune entrepreneur milite au sein des milieux libéraux progressistes de Gand où il se fait connaître par son engagement sans concession en faveur du suffrage universel. L’influence du tribun socialiste, Edouard Anseele, et la désunion qui règne dans les rangs libéraux amènent Coppieters à rallier le Parti ouvrier belge (POB) en 1894. En 1896, Coppieters est élu au conseil communal de Gand où il siégera jusqu’à sa mort.

Au cours de la Première Guerre mondiale, en 1916, Émile Coppieters remplace l’échevin des Travaux publics et des Régies, J. Lampens, déporté en Allemagne en 1916, puis l’échevin des Finances, Edouard Anseele, nommé ministre des Travaux publics en 1918.

En 1919, Émile Coppieters est nommé haut-commissaire royal pour les régions dévastées. De 1918 à 1922, il œuvre avec succès à l’assainissement des finances gantoises. En marge de ses fonctions politiques, il préside la Société intercommunale des eaux de Flandre et représente le POB au conseil d’administration de la Société gantoise des trams et de la Société gantoise d’habitations ouvrières.

Suppléant du député libéral gantois, Félix Cambier, élu sur une liste radicale socialiste, depuis 1900, Émile Coppieters devient sénateur socialiste de l’arrondissement de Liège du 24 mai 1908 à 1919 puis celui de Gand-Eeklo du 16 novembre 1919 au 15 septembre 1922. Chef du groupe socialiste au Sénat, il est le spécialiste désigné du parti ouvrier pour toutes les questions se rapportant aux travaux publics, au réseau fluvial, aux affaires maritimes ainsi qu’à la problématique de l’Escaut. L’essentiel de ses interventions de 1908 à 1914 est publié en 1915, à l’initiative des socialistes gantois.

Si Émile Coppieters n’exerce pas un rôle notable dans la direction générale du POB, il est par contre très actif dans les milieux socialistes de sa ville natale. En 1910, il fait apport d’une petite fabrique de tissage gantoise dont il est le seul propriétaire, à la SA De Verenigde spinnerijen en weverijen (Filatures et tissages réunis), constituée la même année à partir de la coopérative socialiste Les Tisserands réunis. Détenteur d’une petite partie du capital essentiellement souscrit par la coopérative Vooruit (En avant) puis par la SA Banque belge du travail, Coppieters est vice-président et administrateur de la nouvelle société jusqu’à sa mort. En 1913, il assiste Edouard Anseele lors de la fondation de la Banque belge du travail dont il assume la vice-présidence dès 1921.

Très actif dans la vie sociale et industrielle de sa ville, Émile Coppieters siège au conseil d’administration de la Chambre de commerce et des fabriques de Gand dès 1902 ; il en est le vice-président de 1908 à 1918. Il est également membre des comités du Cercle commercial et industriel, du Cercle artistique et littéraire de Gand et du Fonds du Roi Albert. De 1910 à 1913, il dirige le service technique de l’Exposition universelle et internationale de Gand ouverte en avril 1913.

Émile Coppieters décède inopinément en décembre 1922 à l’âge de 73 ans, alors qu’il est en pleine activité. Ancien critique d’art amateur - il a publié des articles relatifs aux salons de Gand de 1880 et de 1883 dans le quotidien La Flandre libérale -, il consacre une grande partie de son temps au mécénat et à la collection des tableaux anciens et modernes. Coppieters est membre de la direction de l’Académie royale des Beaux-Arts de Gand en 1909. Outre ces discours parlementaires déjà mentionnés, il faut retenir ses travaux et études techniques consacrés à la reconstruction des zones du littoral belge dont il avait la charge et ses collaborations aux journaux socialistes, Vooruit et Le Peuple.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164115, notice COPPIETERS Émile, Louis, Marie. par Jean-Paul Mahoux, version mise en ligne le 19 septembre 2014, dernière modification le 8 décembre 2019.

Par Jean-Paul Mahoux

ŒUVRE : Liste exhaustive dans VERMEULEN, U., « Coppieters Louis Émile », dans Nationaal biografisch woordenboek, t. 1, Brussel, 1964, col. 330-332.

SOURCES : Gand-Exposition, organe officiel de l’Exposition universelle et internationale de Gand, 3ème année, fascicule 28, Gand, 10 octobre 1913, p. 7-8 – JANSSENS C., Émile Coppieters au littoral, Gand, 1922 – Volksalmanak Vooruit, Gent, 1922, p. 61-63 – Le Peuple, 16 au 22 septembre 1922 – VERMEULEN U., « Coppieters Louis Émile », dans Nationaal biografisch woordenboek, t. 1, Brussel, 1964, col. 330-332.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable