BÉRODY Léon, Eugène

Par Claude Pennetier

Né le 20 septembre 1907 à Paris (XIe arr.), mort le 30 août 1999 à Angoulême (Charente) ; ouvrier outilleur dans la métallurgie, puis employé de mairie ; syndicaliste CGTU des métaux ; secrétaire de l’Union départementale CGT de Charente ; dirigeant des Jeunesses communistes en 1926-1928 puis responsable du Parti communiste à Paris-Nord.

Léon Bérody était le fils d’un plombier devenu fondeur après 1914, et d’une mère « marchande à la voiture » dans la rue. Il quitta sa famille en 1927. Dans sa jeunesse il n’eut pas, dit-il « les possibilités de suivre l’école jusqu’au certificat d’études », ce qui le gêna dans son activité politique. Entré à l’usine comme apprenti outilleur en 1921, il adhéra au syndicat unitaire des Métaux en 1924 et fut licencié après la grève du 12 octobre 1925, contre la guerre du Maroc. Il travailla ensuite dans diverses usines et fut de nouveau licencié de l’usine Bardet pour avoir fait la grève d’août 1927 pour Sacco et Vanzetti. Il devint alors permanent à la Jeunesse communiste jusqu’à son service militaire effectué comme 2e classe en 1928-1929.

Il revint ensuite à l’usine jusqu’en juin 1931. Devenu chômeur, il entra comme employé à la mairie communiste de Bagnolet (Seine) jusqu’en septembre 1931, et ensuite dans l’appareil du Parti communiste. Il eut pour compagne, au milieu de l’année 1931, Rose Fuschmann, une employée, secrétaire du 2e rayon des JC, dont la mère, qui s’occupait de brocante, avait des relations avec un exclu du parti nommé Frank Revoyre remarquait la commission des cadres.
Lecteur de l’Humanité depuis 1921, Léon Bérody « cherchait à venir aux JC sans savoir comment y entrer ». Il y adhéra fin 1925 avec un camarade d’enfance, Zimmermann (sans doute Lucien) qui fut exclu par la suite et qui fréquentait la famille d’un oncle de Bérody sympathisant communiste. En 1926-1927, il fut secrétaire du 6e rayon et membre du comité régional des JC. En 1927, il entrait au bureau puis au secrétariat de la 6e Entente. Au régiment il avait organisé plusieurs manifestations et avait fait à ce sujet un rapport à Pierre Celor en 1929. Inculpé sur dénonciation d’un ancien JC, de provocation de militaires à la désobéissance, il subit cinq mois de préventive et d’interrogatoires (octobre 1928 à mars 1929) mais obtint finalement le non-lieu. Sur le conseil de son avocat et en accord avec la direction de la JC, il avait cessé son activité militante pendant cinq mois. Or malgré ses appels, il ne fut pas contacté par son organisation. Aussi « fatigué d’attendre il s’adressa au parti après le 1er août 1929 bien que (sa) place (fut celle de) militant dans la jeunesse ». En 1930, il fut nommé au comité puis au secrétariat du 2e rayon du Parti communiste. Il devait entrer ensuite dans l’appareil central du parti. En octobre 1931, il était membre du comité régional et du bureau régional de la région parisienne. Au cours de l’année il participa à une école du parti de la région.

Au comité central d’août 1931, Léon Bérody se prononça contre « le groupe » (groupe de la jeunesse, dit groupe Barbé-Celor) et lutta contre, et écrivait-il, « contre moi-même au sujet de survivances mécaniques ». Il s’occupait surtout de « l’agit-prop. centrale » et de la formation de nouveaux militants. Cependant, il fut l’objet d’une certaine méfiance de la part de son parti, comme le montre une note du Service des cadres. On y proposait « suite aux suspicions de Raymond Guyot* », de relever immédiatement Bérody de ses responsabilités, d’enquêter sur lui et de le faire passer devant la commission des cadres. Une mention manuscrite du 22 septembre 1934, signée M, indiquait qu’il avait été effectivement relevé de toutes fonctions et que, convoqué par la commission des cadres, il avait protesté puis s’était déclaré d’accord et avait assez bien appliqué la décision prise à son encontre. Une autre note (en russe, non datée) d’Albert Vassart* indiquait que Bérody avait été « retiré du travail de secrétariat du rayon d’Aubervilliers pour [être affecté] à un travail dans la coopération ». Mais, poursuivait Vassart, « on n’a pas pu s’en débarrasser » car, envoyé dans un rayon où la coopération avait été détruite, il y « avait mené un remarquable travail coopératif très utile pour le parti » et quand « on décida de l’enlever on rencontra une opposition générale. Aux yeux des camarades, il apparaissait comme le dirigeant du rayon d’Aubervilliers. Il fallut manœuvrer et il fut impossible de l’enlever ».
Léon Bérody, qui avait constitué en 1929 la section locale des métaux du XIe arr., milita également dans le XIIIe et le XIVe arr. où il devint en 1934 secrétaire de la section locale. La même année, le syndicat CGTU de la métallurgie de la région parisienne le fit entrer à sa commission exécutive. Il joua un rôle très actif dans les grèves de juin 1936 dans les entreprises Citroën, Thomson, SIT et devint secrétaire permanent du syndicat des Métaux de la région parisienne en juin 1936. Son syndicat CGT le présenta avec succès aux élections prud’homales du 14 novembre 1937.

Domicilié à Ivry-sur-Seine, il s’était marié le 30 juin 1934 avec Dwora Hamburger, étudiante, née à Lodz (Pologne) en 1911, fille de commerçants de Lodz.

Mobilisé en août 1939, Bérody partit sur la ligne Maginot puis fut interné à l’École militaire de Paris de novembre 1939 à mars 1940. Transféré à Melun, semble-t-il libéré, il connut à nouveau l’arrestation en mai 1940, fut emprisonné à la Santé puis interné au camp de Gurs de juin à novembre 1940, au camp de Mauzac puis à la prison de Périgueux en décembre 1940. Ayant obtenu un non-lieu d’un tribunal militaire, il revint dans la région parisienne pour travailler dans une manufacture d’enveloppes à Saint-Ouen. C’est là qu’il noua des contacts avec la Résistance. Soupçonné, menacé d’arrestation, il partit en Charente et vécut à Montignac-Le-Coq où se cachaient sa femme d’origine juive et sa famille jusqu’en 1943. Il travailla à Saint-Séverin où il forma un petit groupe de résistants qui rejoignirent les FTP de la Double vers juin 1944 (4e bataillon FTP de Dordogne). Il participa à la Libération de Saint-Aulaye, Libourne, Coutras et Chalais.

Revenu à la vie civile fin 1944, une seconde vie militante commença. Communiste actif, Léon Bérody se consacra au syndicalisme dans le Poitou, les Charentes et la Vendée. En 1946, il devint secrétaire général de l’Union départementale CGT de Charente et s’occupa particulièrement des ouvriers agricoles. À la fin des années quarante le bureau comprenait Labonne, Mandron (secrétaires adjoints), Perregon, Lagourdette (secrétaires administratifs) et Blanchier (trésorier). Léon Bérody quitta ses responsabilités de secrétaire général en janvier 1971. Il contribua alors à la mise en place des structures régionales et fut secrétaire régional, de 1972 à 1975.
Il créa et présida l’Amicale du camp de Gurs pratiquement jusqu’à sa mort. Il obtint la reconnaissance du site qui devint le troisième lieu de mémoire après le Vel d’Hiv,
la maison d’Izieu.

En 1998, Bérody, âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, restait la figure historique marquante du syndicalisme CGT de Charente.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16457, notice BÉRODY Léon, Eugène par Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 janvier 2019.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 1060 (autobiographie du 14 janvier 1932 ; note de la commission des cadres du 22 septembre 1934 et note de Vassart, n.d. (en russe). — Arch. Nat., F7/13 262. — Bibliothèque marxiste de Paris, bobine 394. — Arch. IHS-CGT (399 CFD 30). — Le Rappel du Morbihan, 1932. — Bulletin de l’Entente, 1er août 1927. — Le Métallo, décembre 1937. — — Institut CGT d’histoire sociale, La CGT en Charente, VO édition, 1995. — Guy Hontarrède, La Charente dans la Seconde Guerre mondiale, dictionnaire historique, Le Croît Vif, 2004 — Notes de René Lemarquis et de Jean-Pierre Besse. — Note de son fils, Claude Bérody, président de la DT 87 de l’ AFMD.

ICONOGRAPHIE : Institut CGT d’histoire sociale, La CGT en Charente, VO édition, 1995.

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