BERRAR Jean-Louis

Par Claude Pennetier, Jean-Luc Pinol

Né le 12 septembre 1882 à Paris (XIe arr.), mort le 17 août 1944 à Drancy (Seine) ; ouvrier tôlier ; militant syndicaliste et communiste ; secrétaire de la CGTU ; maire de Drancy (Seine) ; membre du comité central du Parti communiste (1925-1926).

Jean-Louis Berrar adhéra au syndicat des tôliers de la Seine en 1898. À son retour du régiment, en 1906, il devint secrétaire adjoint de cette organisation. Plus tard, secrétaire avec Joseph Couergou*, il contribua à favoriser la fusion des syndicats des Métaux de la Seine.
Mobilisé le 4 août 1914 au 51e Régiment d’Artillerie, il fut détaché en usine en septembre 1915. En novembre 1916, il entra au conseil d’administration du syndicat des ouvriers et ouvrières sur Métaux de la Seine. En janvier 1918, il participa au congrès confédéral comme délégué de ce syndicat dont il était devenu le secrétaire adjoint. En août 1919, il remplaça Couergou au poste de secrétaire général. Considéré comme un « organisateur habile, de caractère calme et modéré dans ses propos », Jean-Louis Berrar était membre du comité provisoire des syndicats minoritaires. L’année suivante, il fut réélu secrétaire général du syndicat des Métaux de la Seine, et il entra au comité central des Comités syndicalistes révolutionnaires à la constitution desquels il avait pris une part active. En novembre 1920, il fut élu conseiller prud’homme de la 4e catégorie des Métaux. Il participa aux congrès fédéral et confédéral de Lille en juillet 1921. Candidat des CSR à la commission administrative de la CGT, il ne fut pas élu. Au congrès fédéral, il précisa sa position : « Nous sommes indépendants de tout parti politique ; mais, du jour où un parti politique voudra agir révolutionnairement, en fait et non en paroles, il trouvera les syndicalistes révolutionnaires à ses côtés pour la transformation de la société. »
Membre du Parti communiste dès sa constitution, il participa au congrès de Marseille, en décembre 1921. À cette occasion il signa la motion Mayoux relative à l’autonomie syndicale : Partis et syndicats devaient collaborer sur un pied d’égalité (voir Marie et François Mayoux*). À la fin de ce même mois, Jean-Louis Berrar fut élu membre de la commission exécutive de la CGTU. Réélu en juillet 1922, il représenta la CGTU au congrès de l’ISR, à Moscou, en novembre 1922.
Pendant l’année 1923, il participa aux diverses manifestations contre l’occupation de la Ruhr - il était membre du comité d’action contre l’impérialisme et la guerre - mais se consacra surtout à ses activités syndicales confédérales. Arthur Bouchez* le remplaça comme secrétaire du syndicat des Métaux de la Seine mais il resta membre de la commission exécutive de la Fédération unitaire des Métaux (voir Bizien*, Barreau* et Aumaréchal*). Surtout, en novembre, il fut élu secrétaire de la CGTU. Il siégeait au comité central du Secours Ouvrier International (SOI) en avril 1924.
À partir de 1925, ses activités syndicales - il fut réélu secrétaire de la CGTU en août - se doublèrent d’importantes responsabilités politiques : membre du comité de gestion de la caisse d’Économie de l’Humanité, il fut élu membre du comité central du PCF au congrès de Clichy en janvier 1925. À cette date, il appartenait également à la commission centrale syndicale dont il assura la direction à partir de septembre 1926 (voir Gabriel Sauvage*). Jean-Louis Berrar participait à certaines réunions du Bureau politique. Poursuivi pour son activité contre la guerre du Maroc, il fut condamné par défaut, pour provocation de militaires à la désobéissance, à six mois de prison et 2 000 F d’amende en octobre 1925. En juin 1926, il fut réélu au comité central du PCF et devint, en septembre, membre du Conseil d’administration de la Banque ouvrière et paysanne (il conserva cette fonction jusqu’à la liquidation judiciaire de cette société, en février 1930).
Incarcéré à la Santé de juillet à novembre 1927, il conserva ses fonctions de secrétaire de la CGTU mais ses relations avec la direction du PCF commencèrent à se dégrader. En 1929, bien qu’officiellement secrétaire de la CGTU, il fut écarté de tout poste de responsabilité. Ses désaccords avec Monmousseau seraient à l’origine de cette situation. Notons que le 23 mars 1928, il avait écrit, avec Racamond, une lettre au secrétariat du PC, pour protester contre des articles de l’Humanité qui tendaient à assimiler CGTU et Parti communiste, (IMTh., bobine 152). Cette année-là il ne fut pas réélu au comité central du PCF.
Conseiller prud’homme de la Seine depuis 1921, Jean-Louis Berrar siégea jusqu’en 1938 et fut vice-président ou président des conseillers ouvriers de 1927 à 1938 (section des Métaux).
Il habitait Drancy depuis le mois de juillet 1928 mais sans militer dans l’organisation communiste locale (il logeait de 1910 à 1925 rue Keller (XIe arr.) puis à Aulnay-sous-Bois). Aussi, lorsqu’en mai 1929, la direction du Parti communiste tenta de le placer en tête de liste au lieu et place de Gaston Roulaud*, militant local très populaire, le sous-rayon protesta. Jean-Louis Berrar fut maintenu au deuxième rang de la liste communiste qui obtint au second tour une moyenne de 2 756 voix pour 7 540 inscrits. Les militants communistes de la deuxième circonscription de Noisy-le-Sec (Bobigny, Bondy, Drancy, Pavillons-sous-Bois) soutinrent sa candidature au conseil général le 26 mai 1929. Il obtint 4 564 voix contre 5 380 à Isidore Pontchy*, maire socialiste SFIO de Bondy et conseiller sortant.
Le maire socialiste de Drancy, Eugène Duchanel*, entra en conflit avec la section socialiste locale à la fin de l’année 1933. Jean-Louis Berrar profita de cette crise pour renforcer l’influence électorale du PC : aux élections municipales partielles du 23 février 1934, il fut élu sur une liste communiste de quatre noms qui obtint 4 192 voix pour 6 780 votants et 10 081 inscrits. La majorité socialiste du conseil remplaça alors Duchanel par Paul Chirol*, représentant de l’aile gauche du Parti SFIO. Le 5 mai 1935, la liste communiste conduite par Jean-Louis Berrar conquit la municipalité dès le premier tour, avec 4 392 voix sur 8 905 votants et 11 193 inscrits. Il devint maire le 12 mai 1935.
Malgré un état de santé précaire, il présida avec assiduité les séances du conseil si on excepte une longue absence au printemps 1936. Président actif des huit commissions municipales, il s’intéressa particulièrement aux questions de l’enfance ouvrière et de l’enseignement. Non mobilisable en septembre 1939, il fut à l’origine d’un « Appel aux Drancéens » signé par les seize conseillers municipaux présents. Les élus entendaient « continuer à remplir le mandat qui leur a été confié par le suffrage universel dans le cadre des lois républicaines avec la volonté de réaliser au maximum l’unité morale de la population civile indispensable à la vie normale de la cité ». Ce texte ne pouvait constituer un désavœu du Pacte germano-soviétique et de la politique du Parti communiste. Jean-Louis Berrar n’ayant signé aucune autre déclaration avant la date légale du 26 octobre 1939, le conseil de préfecture le déchut de son mandat électoral le 15 février 1940. Arrêté le 19 décembre 1939, le maire de Drancy adressa le 15 janvier 1940, au commissaire de police de la circonscription de Pantin, une lettre destinée au ministre de l’Intérieur dans laquelle il déclarait réprouver l’attitude du Parti communiste et de l’Union soviétique. Il était alors en traitement, pour une myocardie, à l’Hôpital militaire Villemin. Les autorités le transférèrent ensuite au Fort Baillet (Oise) puis à l’Hôtel Dieu à Marseille (Bouches-du-Rhône). En septembre 1941, son nom apparaissait parmi ceux des signataires de la « Lettre ouverte aux ouvriers communistes » lancée par Marcel Gitton. Marcel Capron* se portant garant de sa sincérité, il fut remis en liberté en 1942. Il était alors présenté comme membre du comité central du Parti ouvrier et paysan français (POPF) et de celui du Comité ouvrier de secours immédiat.
Marié le 12 octobre 1907 à Paris (XIe arr.) avec Jauneau Pauline née le 1er décembre 1886 à Paris, il était père d’un enfant.
Il mourut à son domicile, 65 rue de Garibaldi à Drancy, le 17 août 1944. L’acte de décès signé par Albert Bostviger, maire de Drancy, le présente comme « employé de contentieux » sans citer son ancien mandat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16462, notice BERRAR Jean-Louis par Claude Pennetier, Jean-Luc Pinol, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 20 octobre 2008.

Par Claude Pennetier, Jean-Luc Pinol

SOURCES : Arch. Nat. F7/13775, F7/13777. — Arch. PPo. 300, rapport de juin 1927. — Arch. Dép. Seine, DM3, Versement 10441/64/2. — Arch. Com. Drancy. — Arch. Jean Maitron. — Arch. André Marty, A IV. — Comptes rendus des congrès de la Fédération des Métaux, 1921, 1923 et 1927. — Agendas de la Bourse du Travail de Paris. — Le Travailleur parisien, juillet-septembre 1932. — Cahiers du Bolchevisme, 15 février 1925. — L’Humanité, dates des élections. — Le Prolétaire drancéen, 1935. — Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, n° 8-9 (31-37), 3e trimestre 1974. — Jean-Jacques Péru, Du village à la cité ouvrière, Drancy, 1896-1936, mémoire de maîtrise, Paris I, 1978. — Note de Jacques Girault. — Renseignements sur l’activité de Berrar à Drancy recueillis par J.-J. Péru.

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