BERT Louis, Lucien, Claudius. Pseudonyme : VICQ Charles

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 8 août 1892 à La Roquebrou (Cantal), mort le 18 octobre 1968 à Suresnes (Hauts-de-Seine) ; employé des chemins de fer puis des Travaux publics ; militant syndicaliste ; maire socialiste de Suresnes.

Fils d’un ancien chef de section de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Orléans qui exerça ses fonctions à Limoges (Haute-Vienne), Louis Bert fit ses études au lycée de Limoges et obtint le diplôme de bachelier es-sciences. En septembre 1910, il entra dans les services de la voie, à Limoges en qualité d’employé auxiliaire.

Parti sous les drapeaux en octobre 1913, il fut réformé le 9 décembre 1915 et réintégré dans son emploi à la Compagnie PO. Le 2 mars 1916, il épousa Daguet Léontine née en 1893 à Montignac (Dordogne) dont il avait déjà un enfant né en 1913 à Argenteuil (Seine-et-Oise).

Très discipliné, très bien noté par ses chefs, il changea d’attitude à son retour du service militaire. Il exigea d’être commissionné et le fut en avril 1918. Il adhéra au syndicat des cheminots de Limoges et sans doute au Parti socialiste avant la fin des hostilités et fut l’un des fondateurs du groupe des « Amis de la Vague ». « Très intelligent, la parole facile », il devint le secrétaire adjoint du syndicat. En 1919 et 1920, il eut une activité très importante, participa à de nombreux meetings à Limoges et dans la région puis se rendit à Paris en mai 1919 pour le congrès des cheminots. Partout il défendit les positions minoritaires. Au sein du Parti socialiste, il était partisan de l’adhésion à la IIIe Internationale ; au sein de la CGT, il combattit la majorité confédérale. Lorsque les Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR) s’organisèrent à Limoges, il devint secrétaire du groupement des CSR dit du « Centre Ouest » et fut le principal rédacteur du Centre Rouge, journal de défense syndicaliste révolutionnaire édité à Limoges (le premier numéro parut le 18 novembre 1920 ; il fusionna en février 1921 avec le Prolétaire du Centre organe des Fédérations communistes du Centre). La tendance minoritaire l’ayant emporté, il remplaça Jean Rougerie comme secrétaire de la Bourse du Travail de Limoges en 1919 et comme secrétaire de l’Union des syndicats de la Haute-Vienne en 1920. Bert professait sur le terrain syndical des conceptions anarcho-syndicalistes. Il réussit à enlever la majorité aux réformistes dans leurs deux forteresses de la Chaussure et de la Céramique et des militants anarchistes prirent la tête de ces syndicats.

En 1920, il fut l’un des animateurs de la grève des cheminots. Révoqué à l’issue de la grève de mai, il continua à militer dans les organisations de cheminots. En janvier 1921, Bert était membre du Parti communiste et lors du IIe congrès des syndicats ouvriers de la Haute-Vienne, à Saint-Julien, en juillet 1921, il fut réélu secrétaire général.

En janvier 1922, Bert était secrétaire administratif de l’Union des syndicats de cheminots du Réseau PO, bureau Semard (voir Nussas). C’est à cette époque qu’il quitta Limoges pour la région parisienne. En 1923, il était secrétaire administratif de l’Union unitaire. Avec le secrétaire général Boirie, il fut à l’origine d’un projet de fusion avec l’Union confédérée du PO et Le Libertaire publia la circulaire de Henri Boirie. Déjà les relations de Bert avec le Parti communiste et avec la majorité de la CGTU s’étaient détériorées comme en témoigne son intervention au IIIe congrès unitaire de la Seine en décembre 1922, congrès au cours duquel il déclara notamment à propos de l’ISR (cf. c. rendu, pp. 82 et 83) : « Si elle est autonome vis-à-vis de cette IIIe Internationale, elle n’est pas indépendante » et encore qu’elle avait été « créée comme une succursale de la IIIe Internationale ». En août 1923, lors du congrès de la Fédération unitaire des cheminots, à l’occasion du débat sur l’orientation syndicale, la minorité présenta une motion signée Bert, Besnard, Toti. Cette motion obtint 10 300 voix, celle de Monmousseau en obtint 52 000. En octobre 1923, une motion d’unification signée par les bureaux des Unions unitaire et confédérée du PO fut publiée par l’Humanité (voir Bernard*). Après le IIe congrès de la CGTU à Bourges en novembre 1923 où Bert, qui représentait divers syndicats de cheminots avait voté les motions minoritaires, l’Humanité du 27 novembre titra : « Aux ordres de Frossard, Bert veut sceller l’unité du réseau PO contre la CGTU. » En décembre encore, parurent deux articles, l’un signé Rambaud « Le congrès errant des scissionnistes du PO » et, le lendemain 26 décembre, un autre : « La comédie de Bert et Bidegaray ». Et le quotidien de rappeler que, pour Bert, « Front unique » signifiait naguère « Front inique ». Enfin, le 24 mars 1924, Semard écrivait : « Le scissionniste Bert à l’œuvre dans le camp réformiste. » À cette date quelque 800 syndiqués unitaires avaient rallié la CGT.

En janvier 1924, Louis Bert rejoignit la CGT à l’issue du congrès d’Unité réalisé par les Unions unitaires et confédérées du réseau du PO qui se tint salle des Sociétés savantes à Paris. Il était l’instigateur de cette fusion qui avait pris corps dans son esprit, selon Sauvé, à dater du jour où il avait quitté le PC en janvier, avec Louis-Oscar Frossard, après le IVe congrès de l’Internationale communiste (Moscou, novembre-décembre 1922).

En 1925-1926, Bert devint chef de travaux de voierie à la municipalité de Boulogne-Billancourt dirigée par André Morizet. Rallié au réformiste confédéral, membre de la Franc-Maçonnerie selon Semard (Les Cahiers du Bolchevisme 1er janvier 1932), il rédigea à cette époque une chronique syndicale pour la Nouvelle Revue socialiste dont le directeur était Jean Longuet. Il habitait alors Clamart et déclarait pour les listes électorales la profession de journaliste. Bert conduisit la liste socialiste SFIO lors des élections municipales des 5 et 12 mai 1929. Les candidats recueillirent au premier tour 650 voix de moyenne sur 4 915 suffrages exprimés. Au second tour, les socialistes s’unirent aux « anciens combattants » qui avaient obtenu 950 voix et groupèrent 1 630 suffrages.

Il se confond vraisemblablement avec Bert, syndicaliste CGT des services publics, qui intervint, le 11 janvier 1931, à la conférence en faveur de l’appel des 22 pour l’unité syndicale, à la Bourse du Travail de Paris.
Louis Bert fut maire socialiste SFIO de Suresnes du 27 mai 1947 au 6 mai 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16472, notice BERT Louis, Lucien, Claudius. Pseudonyme : VICQ Charles par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 8 mai 2020.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

ŒUVRE : Articles dans le Populaire du Centre sous le pseudonyme de Charles Vicq, dans le Centre Rouge. A. Kriegel cite dans Aux Origines..., op. cit., p. 896, un inédit de Bert, Souvenirs des luttes ouvrières en France depuis la guerre de 1914-1918.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13023, F7/13622, F7/13668, F7/13689, F7/13690. — Arch. Dép. Seine, Versement 10451/76/1. — Le Cri du Peuple, 14 janvier 1931. — Compte rendu du IIIe congrès de la Seine, décembre 1922 et du congrès de Bourges, CGTU, 1923. — A. Pittle (A. Perrier), Une esquisse du mouvement ouvrier à Limoges depuis le XIXe siècle, Angoulême, Imprimerie populaire, 1929. — Notes de Jacques Girault. — Renseignements fournis par la mairie de La Roquebrou, 27 novembre 1980. — Lettre de M. Sauvé (1983).

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