MONTALDO Ignacio [MONTALDO y REGES, Ignacio (en castillan) ou Ynaccui (en basque)] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot et Daniel Cahen

Né le 25 mars 1821 à Logroño (Rioja, Espagne), mort à Corning (comté d’Adams, Iowa) le 21 décembre 1879 ; professeur de géographie et de mathématiques à Barcelone ; communiste icarien ; occupa d’importantes responsabiltés au sein de la communautés cabétiste.

Issu d’une famille de magistrats, Ignacio Montaldo participa aux « insurrections barcelonaises » de 1842 et de 1843 sous Baldomero Espartero. Converti au communisme icarien, il fut membre du Départ qui quitta Bordeaux le 16 octobre 1848. Lors de son passage à Toulouse, le 8 octobre, un banquet avait été organisé en son honneur, auquel il assista en compagnie de Madame Roveira. On y porta des toasts à la République démocratique et sociale.

Il arriva a La Nouvelle-Orléans le 18 décembre 1848. Non-découragé par l’échec subi au Texas par les premières Avant-Gardes, Ignacio Montaldo décida en mars 1849 de partir avec Étienne Cabet (1788-1856) à Nauvoo (comté de Hancock, Illinois). Le 27 octobre 1849, il épousa Eugénie Célina Pigny (1818-1905), ancienne modiste née en Champagne ; ce fut le premier mariage célébré en Icarie. Ils perdirent deux enfants en bas âge en 1851 et 1852 (vraisemblablement des jumeaux), puis eurent une fille, prénommée Hortense (1853-1917) et un garçon, prénommé Georges (1860-1943). Ces deux enfants survivants eurent des progénitures très nombreuses.

Ignacio Montaldo joua très vite un rôle de premier plan dans la communauté. Il fut membre du premier conseil de gérance élu dans la colonie le 3 février 1850 (jour anniversaire du départ du Havre de la première avant-garde icarienne) avec le titre de directeur-général de l’éducation et de la santé, titre qu’il conserva au cours des années suivantes. Il demanda la citoyenneté américaine le 31 juillet 1852 et perdit alors son matronyme. En 1854, il travaillait à l’atelier de fabrication de barques à fond plat de la colonie et comme bûcheron.

Lors de l’Assemblée générale du 15 décembre 1855, Ignacio Montaldo se dressa contre Cabet, ce qui lui valut d’être désigné par ce dernier comme l’un des huit principaux meneurs de l’opposition. Le 13 mai 1856 à l’aube, il fut élu membre de la commission chargée de dresser un acte d’accusation contre le président-fondateur de la communauté. Le texte fut soumis au vote le 25 septembre suivant, mais seuls les Icariens de la majorité hostile à Cabet étaient présents, ce qui invalidait la procédure ; il fallut donc revoter le 25 octobre, après que les membres de la minorité eurent quitté Nauvoo pour Saint-Louis (Missouri).

Ignacio Montaldo se retira de la communauté icarienne en 1857, mais sans couper les ponts. Il vécut avec son épouse et ses deux enfants à Cincinnati (comté de Hamilton, Ohio). Si bien que lorsque toute la famille demanda en 1868 à être réintégrée au sein de la communauté icarienne de Corning (comté d’Adams, Iowa), cela fut aussitôt accepté.

L’arrivée des Montaldo à Corning contribua fortement à accélérer le redressement de la communauté qui se dessinait à ce moment-là. En 1869, Ignacio Montaldo fut même élu président de la communauté. En 1870, il envoya au nom de 27 communistes de la communauté d’Icarie un message d’adhésion au banquet que la section de l’Union républicaine de langue française de Saint Louis avait organisé pour commémorer le 24 février.

Cette même année, un recensement d’État attestait sa présence à Queen City (comté d’Adams, Iowa), près de la colonie de Corning. Il mourut prématurément le 21 décembre 1879, sans doute à Queen City, et fut enterré à Corning. Son épouse et son fils George, qui avaient épousé la cause de la Jeune Icarie, se retirèrent de la communauté en septembre 1879, suite à sa dissolution. Ils furent dédommagés par la cession de 60 acres de terre (24 ha).

Pour sa part, Célina Pigny se remaria à Mercer (comté d’Adams, Iowa), le 18 octobre 1883 avec un autre catalan émigré en Icarie du nom de Leoncio Cubells y Savatín (1833-1904). Elle mourut en 1905 dans le comté de Logan, Oklahoma, un an après le décès de son second mari à Corning.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164806, notice MONTALDO Ignacio [MONTALDO y REGES, Ignacio (en castillan) ou Ynaccui (en basque)] [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot et Daniel Cahen, version mise en ligne le 25 septembre 2014, dernière modification le 11 décembre 2019.

Par Michel Cordillot et Daniel Cahen

SOURCES : BN, Nafr. 18 148, Papiers Cabet, f. 174 et 210 ; Nafr. 18 152, f. 257 (lettre de Cabet à Béluze datée du 17 mars 1856) ; Federal census 1850 ; Naturalization Records, Hancock County, Ill. ; Le Populaire, 22 octobre 1848, 1er juillet 1849, 7 avril 1850 entre autres ; É. Cabet, Guerre de l’opposition contre le citoyen Cabet, août 1856 ; Colonie icarienne, 20 septembre, 27 septembre, 4 octobre 1854 ; Revue icarienne, n° 1, octobre 1856 ; Bulletin de l’Union républicaine, 31 mars 1870 ; Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907 ; Marie Marchand-Ross, Child of Icaria, New York, City Printing Company, 1938, passim ; Notes de Robert Sutton, François Fourn et Daniel Cahen.

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