MOUTON Jean [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par François Fourn

Communiste icarien né en 1818, Jean Mouton était installé à son compte comme tailleur à Nantes (Loire-Inférieure). Signataire d’une adresse publiée en 1845, il collecta des fonds pour les souscriptions lancées par Cabet en 1845-1846. Deux ans plus tard, il détenait des actions du Populaire pour une valeur totale de 250 F.

En 1848, il faisait partie de la commission chargée d’examiner les candidatures des Nantais souhaitant partir fonder Icarie outre-Atlantique. Il fut très vexé que Cabet s’oppose à son propre départ, alors qu’il acceptait ceux d’Icariens récemment convertis. Mouton avait déjà vendu tout ce qu’il possédait en juin, ses outils de travail, son magasin avec tout son mobilier, mais il ne parvenait pas à réunir la somme de 1 500 F exigée pour son départ, celui de son épouse Émilie, née vers 1815, lingère, et celui de leur fille âgée de 7 ans. Très amer, il écrivait le 7 août 1848 à Cabet : « Si toutes les locallité (sic, de même pour les fautes qui suivent) sont aussi peut favorisée de la fortune que la notre, je crois fort qu’il ne faille recruter des partant dans les rang des nouveau converti, et je crain qu’il ne sant trouve beaucoup de verreux, car pour nantes je croit pouvoir assurer qu’il ne partirait personne en septembre ou en octobre C’est avec peine que je me crois dans la nécessité de faire se rapprochement la république a mis les républiquains de la veille à l’index, la communauté i metra les encien icarien. » Cabet lui répondit le 16 août : « Vous me parlez de vos qualités : je les admets. Je désirerais que vous puissiez partir. Vous demandez que je vous dispense pour l’apport : c’est impossible ; comment voulez-vous que je suffise aux énormes dépenses ? Je voudrais avoir un milliard pour faire partir tout le monde, mais je ne les ai pas plus que vous. »

Jean Mouton quitta finalement la France en compagnie de sa famille avec le départ de Bordeaux du 26 octobre 1848. Peu après son arrivée à La Nouvelle-Orléans (Louisiane), il rallia la dissidence et rompit violemment avec les Icariens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164870, notice MOUTON Jean [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par François Fourn, version mise en ligne le 25 septembre 2014, dernière modification le 25 septembre 2014.

Par François Fourn

SOURCES : BN, Nafr. 18 148, Papiers Cabet, ff. 52 à 57 ; Le Populaire de 1841, 1er juillet 1849 entre autres.

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