FOURÉ Francis Adrien

Par Gilles Pichavant

Né le 4 octobre 1881 à Rennes (Ille-et-Vilaine), mort le 1er mai 1947 au Havre (Seine-inférieure, Seine-Maritime) ; chaudronnier, puis mécanicien cheminot ; militant CGT en Seine-Inférieure (Seine-Maritime), révoqué lors de la grève de mai 1920 ; socialiste ; conseiller municipal du Havre de 1920 à 1925.

Francis Fouré naquit à Rennes dans un milieu de commerçant, ses parents habitant place Sainte-Anne. Le 24 avril 1909 il se maria en Ille-et-Vilaine avec Eugénie Maltête dont il divorça au Havre le 3 septembre 1920. Il se remaria le 11 mai 1921 au Havre avec Germaine Duhamel.

Le 16 juin 1902, il s’engagea dans la marine pour 5 ans à l’arsenal de Rochefort et fut successivement ouvrier mécanicien puis quartier maitre mécanicien. C’est là qu’il appris son métier de chaudronnier. Il fut libéré le 16 juin 1907, et s’installa au Mans (Sarthe) en 1908. Le 5 avril 1911, il entra comme chaudronnier à la Compagnie des chemins de fer de l’État, au Mans (Sarthe).

A la fin de la guerre de 14-18, Francis Fouré était au Havre (Seine-inférieure, Seine-Maritime). Le 21 mai 1919, lors de l’assemblée générale des cheminots, tenue à la Bourse du travail du Havre, le « cercle Franklin », il se déclara partisan actif de la « partie la plus avancée » de la fédération, et lors du congrès fédéral de 1919 il se rangea parmi les minoritaires. Il remplaça Louis Baudu précédent Secrétaire du syndicat des travailleurs des chemins de fer (section du Havre), avant l’été 1919, celui-ci travaillant à la gare d’Harfleur et étant devenu secrétaire de la section socialiste de la localité.

Il dirigea la grève de mars 1920, qui ne cessa au Havre que 48 heures après le mot d’ordre fédéral, car Francis Fouré attendit d’avoir la confirmation officielle de ce mot d’ordre avant de donner une consigne de reprise.

Lors d’une réunion organisée le 24 avril 1920 par les divers groupements syndicalistes et socialistes du Havre, pour la préparation du 1er mai, il prit longuement la parole pour réclamer la nationalisation des transports et des grandes industries, l’élargissement des détenus politiques, et l’amnistie pour les marins de la mer Noire.

Dès l’arrivée du mot d’ordre de grève de mai, il invita ses camarades cheminots à cesser le travail immédiatement, et anima une intense propagande en faveur de la grève auprès des non-grévistes. Le 3 mai, il se rendit à la gare Fécamp et y fit arrêter le travail, obtenant même le soutien du chef du dépôt pour le mouvement de grève.

Le 11 mai, lors d’une réunion de 1000 personnes (d’après la police), tenue en plein air dans la forêt de Montgeon, il invita les grévistes à se rendre en masse à l’hôtel de ville pour assister au conseil municipal, afin d’y exiger l’élargissement du syndicaliste François Montagne. Les grévistes descendirent en ville en cortège, en scandant « la Révolution ».

Francis Fouré était président du conseil d’administration du restaurant coopératif des cheminots du Havre, appelé « l’Aurore », qui était installé dans les locaux de la gare. Le 17 mai, il protesta énergiquement par courrier envoyé au sous-préfet qui en avait ordonné sa fermeture pendant la grève. Il condamna dans ce courrier les nombreuses arrestations et incarcération de militants opérée, et le fait qu’ils aient été « « mis au contact de tous les souteneurs et autres individus peu recommandables » ». Il protesta aussi contre les nombreuses perquisitions qui furent effectuées sans mandats chez de nombreuses personnes amies de lui. Il était en effet recherché activement par la police depuis le 11 mai. Le préfet de Seine-inférieure avait donné l’ordre de l’arrêter, en se référant à une circulaire télégraphique du 3 mai 1920, émanant du ministre de l’Intérieur, le rattachant à l’inculpation dont furent l’objet Henri Sirolle, Gaston Monmousseau, André Leveque et Lucien Midol. Ce télégramme lui permis de faire procéder à des dizaines d’arrestations de militants au Havre et dans le reste du département. C’était, en réalité, une manœuvre du gouvernement pour désorganiser la grande grève des cheminots et la gauche révolutionnaire en général.

Ayant déserté son domicile, il fut hébergé successivement par de nombreux amis. Il semble qu’il réussit à se soustraire assez longtemps à la police.

Très influent chez les cheminots, la police estimait qu’il avait été « l’âme du mouvement actuel ».

Francis Fouré fut révoqué des chemins de fer, avec d’autres employés des chemins de fer du Havre : Louis Baudu Frédérique Bellamy*, Gabriel Boutonnier*, Armand Chaignaud*, François Dufros, Égreteau, Joseph Fournigault*, Pierre Guerrier*, Charles Heurteaux*, Jules Jézéquel*, Gaëtan Josse*, Auguste Lesauvage*, ainsi que neuf agents temporaires dont Maurice Gateau.

Fouré monta au Havre en 1921 une entreprise de construction mécanique qui devint vite florissante.

Sa fiche de police le décrit ainsi : taille, 1m 70, cheveux châtains, yeux gris, teint coloré, nez régulier, bouche moyenne, menton charnu, corpulence forte. En 1920, il habitait 62 rue Delavigne au Havre. En 1927, il habitait 160 rue nationale à Graville (aujourd’hui Le Havre).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164904, notice FOURÉ Francis Adrien par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 26 septembre 2014, dernière modification le 1er septembre 2022.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Arch. Dép. de Seine-Maritime, 2Z/76, 10M358, 1 MP 495 Grèves de 1920, Sûreté générale, rapports mensuels des commissaires spéciaux. — Arch. Dép. d’Ille-et-Vilaine, registre matricule — État civil. — Le Fil Rouge, n° 34, revue de l’IHS-CGT-76.

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