BERTHELOT Marcelin, Auguste

Par Nadia Ténine-Michel

Né le 9 octobre 1927 à Thorailles (Loiret), mort le 25 septembre 1997 à Paris (XIVe arr.) ; ouvrier électricien ; membre du secrétariat fédéral communiste de Seine-Saint-Denis ; député (1968-1978 et 1988-1993) ; maire de Saint-Denis de 1971 à 1991.

Né dans une famille d’ouvriers agricoles qu’il décrivait en 1954 comme communistes (son père fut ouvrier agricole avant de devenir cantonnier du canal à Châtillon-sur-Loire), Marcelin Berthelot travailla dans une ferme après son certificat d’études, dès l’âge de douze ans. Il adhéra au PCF en 1944 à Châtillon-sur-Loire, et vint s’installer à Garges-les-Gonnes (Seine-et-Oise) en 1948, à l’issue de son service militaire. « Coupé du parti » par son déménagement, il adhéra à nouveau en janvier 1950 à Paris (IVe arr.) où il travailla comme manœuvre aux Halles. Il entra comme ouvrier en 1951 à la centrale électro-thermique de Saint-Denis où il se fixa. Il siégea à la commission exécutive du syndicat parisien de l’Éclairage de 1953 à 1957.
À partir de 1957, il consacra toute son activité au Parti communiste dont il devint permanent. D’abord secrétaire de la section de Saint-Denis et membre du bureau fédéral de Seine nord est jusqu’en 1962, notamment responsable des écoles de section, il passa ensuite au secrétariat fédéral et fut chargé des cadres puis de la propagande. Il y resta jusqu’en 1970, la fédération étant devenue celle de Seine-Saint-Denis. De 1970 à 1988, il resta membre du bureau fédéral. Il avait suivi une école centrale d’un mois en 1958 et une école centrale de quatre mois en 1961.
En 1959, il fut élu septième adjoint et en 1965 sixième du maire de Saint-Denis, Auguste Gillot*, auquel il succéda en 1971. Après avoir été suppléant du député Fernand Grenier* en 1967 dans la deuxième circonscription de Seine-Saint-Denis, il en fut élu député de 1968 à 1978. Non représenté par la fédération à cette date au profit de Pierre Zarka, il fut cependant réélu de 1988 à 1993 et fut membre de la commission des Échanges. Il siégea aussi au conseil régional d’Ile-de-France de 1976 à 1978.
C’est à la grande cité ouvrière de Saint-Denis qui perdait alors son activité industrielle que Marcelin Berthelot voua l’essentiel de son énergie. Il entreprit autour de la basilique une vaste rénovation du centre ville très vétuste, encourant alors de certains le classique reproche d’avoir « bétonné » la ville. Il s’en défendit, en arguant qu’il avait remplacé 1 600 logements insalubres par autant de logements neufs.
Dans les années 1980, Marcelin Berthelot devint de plus en plus critique envers certains aspects de la politique de son parti. Il avait une distance critique avec Georges Marchais. En 1985, il blâma publiquement l’action musclée de certains élus du département contre le président Mitterrand* venu inaugurer à Saint-Denis de nouveaux bâtiments de l’École de la Légion d’Honneur. En 1989, lors de la chute des régimes communistes de l’Europe de l’Est, particulièrement celui de Roumanie, Marcelin Berthelot s’engagea dans une réflexion sur les rapports du socialisme et de la liberté dont il fit part aux Dyonisiens. Il devenait ainsi une des figures des communistes « refondateurs ». En 1991, il renonça volontairement à la mairie de Saint-Denis et parvint à imposer Patrick Braouezec comme son successeur contre le choix initial de la section communiste. Resté conseiller municipal, il manifesta son hostilité au projet de grand Stade soutenu par la municipalité et démissionna pour cette raison du groupe communiste en octobre 1993.
Marié à Suzanne et père de deux enfants, toujours domicilié dans un HLM de la cité Romain-Rolland, il fut fait chevalier de la Légion d’Honneur en 1984. Revendiquant toujours son origine ouvrière et sa fierté d’administrateur d’une ville de banlieue, il avait refusé des manifestations officielles pour ses obsèques qui eurent lieu à Châtillon-sur-Loire, un village du Loiret.
Pour l’hommage qui lui fut rendu sur l’esplanade de la mairie de Saint-Denis il avait demandé qu’il n’y ait pas de prise de parole mais la diffusion de chansons de Jacques Brel et de Georges Brassens. Il était un passionné d’accordéon et de musette.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16494, notice BERTHELOT Marcelin, Auguste par Nadia Ténine-Michel, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 19 avril 2021.

Par Nadia Ténine-Michel

SOURCES : Service de documentation de l’Assemblée nationale. — Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, 16 W 25. — Arch. comité national du PCF. — Libération, 10 juin 1988. — L’Humanité, 22 novembre 1990 (et dossier de ce journal). — Le Monde, 5 avril 1991. — Hommage de Patrick Braouezec au conseil municipal du 27 septembre 1997. — Roger Bourderon et alii, Histoire de Saint-Denis, Toulouse, Privat, 1988. — Roger Bourderon, notice du Dictionnaire des gaziers-électriciens, Éditions de l’Atelier, 1996. — Notes de Paul Boulland. — Jacques Marsaud, Passion commune. Secrétaire de mairie en banlieue rouge, Les Éditions de l’Atelier, 2018.

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