ORSINI Cesare [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Bologne (Italie) en 1835 ; mort à Rome le 24 août 1898 ; frère de Felice Orsini qui tenta d’assassiner Napoléon III ; membre du Conseil général de l’AIT ; membre probable de l’Union républicaine de langue française ; député de Rome.

Fils d’un fonctionnaire napoléonien, Cesare Orsini fut élevé dans une famille opposée au gouvernement papal. En 1851, à l’âge de 16 ans, il émigra en Amérique latine et s’installa à Buenos Aires. Vivant de petits métiers, il prit langue avec le parti libéral de Montevideo pour lutter contre la dictature du président Pereira. Condamné par contumace à la peine de mort, il se réfugia à Montevideo.

Peu après l’exécution de son frère Felice, le célèbre révolutionnaire italien condamné en 1858 à la peine capitale pour avoir attenté à la vie de l’empereur Napoléon III, Cesare Orsini rentra en Europe. Passant par Londres, il y fit la connaissance de Mazzini. Il partit ensuite s’installer à Turin, où, peu après l’ouverture des hostilités avec l’Autriche, il demanda à s’enrôler dans la cavalerie de Savoie. Son engagement ayant été refusé, il put néanmoins rejoindre la division toscane commandée par Ulloa. Au cours de la campagne, il fut promu sous-lieutenant. En 1860, il déserta pour rejoindre l’expédition de Sicile commandée par Garibaldi. L’année suivante, il repartit pour Londres, où il se lia avec le mouvement des Fenians irlandais et fit la connaissance de Karl Marx.

Il adhéra à l’AIT peu après sa fondation et fut élu membre de son conseil général en 1866-67. Il partit ensuite s’installer en Amérique, d’abord au Canada (où il aurait fondé une éphémère section de l’AIT dans le port de Halifax, capitale de la Nouvelle-Écosse), puis aux États-Unis où il avait des contacts : en décembre 1866, il avait fourni à Fox, secrétaire correspondant pour l’Amérique les adresses de cinq socialistes européens à contacter pour tenter d’implanter l’AIT outre-Atlantique, mais aucun d’entre eux n’avait répondu à la lettre qui leur avait été envoyée.

Cesare Orsini participa fin 1867 à la préparation d’un complot des Fenians irlandais, complot auquel Cluseret, Claude Pelletier et Marcel G. Deschamps furent également mêlés (voir ces noms). Il fut dénoncé par l’espion impérial E. F. Loiseau.

Ayant sans doute adhéré à l’Union républicaine de langue française, il fut invité à prendre la parole lors du meeting organisé à New York par cette organisation en 1870 pour commémorer l’anniversaire du 24 février 1848.

À la fin de la même année, il se rendit en Italie en passant par la France. Il fut alors chargé par Claude Pelletier de remettre une lettre à Adolphe Crémieux, ministre de la Justice dans le Gouvernement de la Défense nationale, pour lui signaler les agissements louches d’un diplomate qui avait été nommé par Bonaparte. Arrivé à Brest le 15 décembre, il gagna Bordeaux où il déposa deux mémorandums auprès de la délégation du Gouvernement de Défense nationale.

Présent à Paris le 18 mars, il n’approuva pas la proclamation de la Commune, et dans un opuscule publié quelques mois plus tard (L’Alliance latine, Paris, Amyot, 1871, 111 p.), il s’en désolidarisa tout en lui reconnaissant des circonstances atténuantes. Dans cette même brochure, il prônait, pour reconstruire la puissance de la France, le rétablissement d’une monarchie et une alliance avec l’Italie, l’Espagne et le Portugal pour contrer la montée en puissance de l’Allemagne et refouler la Russie en Asie.

Quelques mois plus tard, il était de retour à New York.

Il rentra définitivement en Italie en 1873, et tenta de promouvoir l’organisation d’une Exposition universelle à Rome. Élu député de cette ville, il ne parvint pas à faire accepter cette idée. Il décida alors de repartir pour l’Amérique, s’installa à Mexico, et travailla à développer les échanges commerciaux entre le Mexique et l’Italie.

Il rentra définitivement dans son pays une année seulement avant sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article164975, notice ORSINI Cesare [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 26 septembre 2014, dernière modification le 6 août 2017.

Par Michel Cordillot

SOURCES : The General Council of the First International, Minutes, 1866-68, Moscou, Éditions du progrès, 1964, p. 305 ; Bulletin de l’Union républicaine, 10 mars 1870 ; Woodhull & Claflin’s Weekly, 14 octobre 1871 ; Casimir Bouis (ed.), Le Gouvernement du 4 septembre. Documents, papiers, pièces et dépêches publiés par la Commission d’enquête nommée par la Commune, Paris, A. Chevalier, 1871, p. 29-30 ; Emilio Gianni, L’Internazionale italiana fra libertari ed evoluzionisti, Pantarei, Milan, 2008, p. 564-565.

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