BERTHIER Roger. Pseudonyme à l’ELI : LACOTE Roger

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

Né le 4 septembre 1912 à La Côte-Saint-André (Isère), mort le 9 mars 1985 à Lyon (IIIe arr.) ; peintre en bâtiment puis droguiste ; militant communiste du Rhône, responsable des JC dès 1930 et du PC dès 1934 ; élève à l’ELI en 1931-1932.

Roger Berthier était le fils d’un garagiste dont l’épouse tenait une quincaillerie. Il définissait, en 1933, ses parents comme d’un « monde petit-bourgeois » mais en 1937 il précisait que son père, militant laïque, présidait le comité radical socialiste local et, qu’à ce titre, son commerce était boycotté par la droite. À l’école primaire de La Côte-Saint-André jusqu’à douze ans, il fréquenta ensuite une année le cours supérieur mais abandonna par désir de travailler (« jamais rien foutu à l’école, rébellion perpétuelle envers instituteurs et profs » : cette affirmation de 1933 disparaît en 1937). Il commença donc à travailler en août 1926 comme peintre en bâtiment. Après son service militaire en 1933-1934 il connut le chômage et des difficultés à trouver un emploi et, en 1937, il abandonna le travail en entreprise et tint une droguerie à Gerland (Rhône). Il avait épousé Lucette Bernaix, fille d’une commerçante, adhérente à l’Union des Jeunes filles de France.

Roger Berthier adhéra en 1930 à la JC après avoir milité un an et demi au Syndicat unitaire du Bâtiment de Lyon. Trésorier de sa cellule des Brotteaux en novembre 1930, il devenait en 1933 secrétaire de la Région élu par le Congrès régional du 30 avril. Entre-temps il avait été élève à l’ELI (cours de l’ICJ) du 8 septembre 1931 à fin 1932. Pendant la période 1931-1934 il eut des rapports difficiles avec son organisation. À l’ELI, où il arriva avec Jean Paumard*, il avait, avec ce dernier, « dénoncé au camarade André Marty le « groupe » lyonnais et ses méthodes contre le secrétaire régional d’alors le camarade Doron » (voir Jean Doron*). Il fut alors « relevé du poste de responsable du secteur des jeunes français » car il n’avait « pas de sens des responsabilités, incompréhension de son rôle de Part-org., sectarisme et opportunisme en pratique ». À son retour, il critiqua en 1938 dans une lettre au bureau fédéral, « l’attitude trop conciliante de Jeannette Vermersch* à l’égard des camarades de Vénissieux ».

En 1933-1934, Roger Berthier effectua son service militaire au 134e RI à Mâcon. Il avait, dit-il, écrit à Jacques Duclos* au moment de son départ au service et été convoqué au siège du parti où il fut sanctionné. De Mâcon il écrivit une lettre à Jacques Doriot* « contre la pelote », que celui-ci devait lire à la Chambre des Députés ou passer dans l’Humanité en décembre 1933. Arrêté en janvier 1934 il fut heureux de voir sa lettre dans les mains du lieutenant-colonel. Il avait été mis en cellule pour avoir collé des papillons avec un camarade qui avait avoué cette action. Il relatait dans son autobiographie de 1937 toute son action propagandiste et indiquait la mention portée sur son livret matricule « Bon soldat mais dangereux pour son entourage. Soupçonné d’espionnage au service des Soviets ». Il avait fait quarante jours de cellule. (La commission des cadres résuma cet épisode par « plusieurs histoires au régiment » !).

Roger Berthier qui avait été relevé de ses fonctions pour sa lettre à Duclos se plaignait amèrement tout en étant « d’accord avec cet exemple disciplinaire » qu’on l’ait «  »billé » dans l’Huma alors qu’il était en cellule ». De 1933 à 1939 il fut sans doute observé avec méfiance. La commission des cadres après son autobiographie de 1933 n’avait pas « l’impression d’un élément très sérieux. Esprit petit-bourgeois susceptible, téméraire... [mais] attachement à l’organisation ». Il militait encore aux JC puis au PC où il fut secrétaire adjoint de la section de Gerland et membre du comité régional en février 1937. Il assista au Congrès de Villeurbanne et à la Conférence nationale de juillet en 1936. Il fut candidat en février 1937 au conseil d’arrondissement.

Roger Berthier appartenait au Syndicat unitaire des peintres et plâtriers de Lyon où il était membre du conseil syndical et de la CE de la 6e Région unitaire du Bâtiment avec Claude Cellier* et A. Veyret*. Il fut actif dans le mouvement des chômeurs en 1932-1933 et renvoyé de plusieurs entreprises pour son activité. Il était en 1936 secrétaire adjoint du Cartel du Bâtiment au moment de la réunification syndicale. Mais, « brûlé dans toutes les boîtes » de Lyon, il chercha en vain un emploi dans la banlieue lyonnaise. Juste marié, « harcelé » par sa famille, il se décida à l’achat d’une droguerie à Gerland (où il « enterre tout le fruit de son travail personnel » se plaignait-il). Il déplorait d’avoir alors dû abandonner son poste au Cartel du Bâtiment au profit d’Hildebert Chaintreuil* qu’il qualifie de « lieutenant d’Emery [Léon Emery* » (alors qu’il était sur le point d’adhérer au PC !). Après son autobiographie de septembre 1937, la commission des cadres demanda qu’il soit « enlevé » de toute responsabilité.

Marié le 8 février 1936 à La Côte-Saint-André, il divorça à Grasse en 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16502, notice BERTHIER Roger. Pseudonyme à l'ELI : LACOTE Roger par René Lemarquis, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 5 juillet 2010.

Par René Lemarquis, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI : 495.270.527. Autobiographies des 6 mai 1933 (A1) et 24 septembre 1937 (enlevé). — La Voix du peuple, hebdomadaire régional du P.C., 19 février 1937.

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