RAYNAUD Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Originaire du Maine-et-Loire ; publiciste et homme de lettres ; marié ; communiste icarien et quarante-huitard ; exilé à Londres en 1851 ; membre des communautés de Nauvoo (Ill.) et de Cheltenham (où il assista Cabet dans ses derniers instants) ; rentré en France en 1861, il y fut le fondé de pouvoir des Icariens américains durant plusieurs années ; de retour à New York à la fin des années 1870 ; collaborateur du Messager franco-américain ; proche de Jules Leroux et de la Jeune Icarie.

Originaire de la région d’Angers (Maine-et-Loire), ainsi que l’atteste sa correspondance avec la France, Charles Raynaud fut impliqué dans les mouvements révolutionnaires de la Deuxième République. En 1851, il était en exil à Londres, et il y fit la connaissance de Jules Leroux. Il décida peu après de rejoindre Cabet en Amérique. Il partit en compagnie de son épouse et de leur fils Charles (né le 27 août 1840) vers 1853.

En juillet 1854, les Raynaud étaient membres de la communauté de Nauvoo (Illinois). Les parents étaient employés comme instituteurs à l’école d’Icarie. En mai 1856, ils se rangèrent aux côtés de la minorité restée fidèle à Cabet, et ceci valut à Mme Raynaud d’être destituée de ses fonctions d’institutrice pour être remplacée par une institutrice « rouge » favorable à la majorité.

Les Raynaud suivirent tous deux Cabet à Saint Louis. Le témoignage de Charles Raynaud sur la mort de Cabet dans cette ville est essentiel. Le 8 novembre 1855, il se trouvait avec sa femme, Mercadier, Baron et Vogel au chevet de Cabet au moment de son décès à 5 heures du matin. Le 11, il écrivit à Béluze : « Nous venons de perdre le citoyen Cabet, ce père de l’Humanité est mort assassiné par les outrages de ceux qui devaient l’aimer et le chérir. » Charles Raynaud fit à l’occasion de la mort du fondateur d’Icarie la connaissance de Louis Cortambert (voir ce nom).

Fin 1861, grâce à l’argent frais apporté à la communauté par l’engagement d’un certain nombre d’Icariens dans les rangs de l’armée nordiste, Charles Raynaud put repartir pour la France afin de faire connaître aux amis restés dans l’Hexagone la situation réelle de la communauté. Après la démission de J.-P. Béluze et la fermeture du bureau de Paris, il joua pendant quelques années le rôle de fondé de pouvoir des Icariens en France.

En 1878 Charles Raynaud était de retour aux États-Unis. Il écrivit de New York à Arsène Sauva pour lui donner des conseils de modération dans la gestion de la crise qui affectait la communauté icarienne de l’Iowa. Dans le même temps, dans une série de correspondances adressées à Jules Leroux, il se prononçait — quoique dans des termes très modérés — en faveur de la Jeune Icarie. En 1880, il se apporta de nouveau son appui à la Jeune Icarie dans une lettre polémique envoyée à L’Observateur de J.-B. Gérard. Il figurait à la même époque parmi les collaborateurs du Messager franco-américain.

Charles Raynaud resta en correspondance avec Jules Leroux jusqu’à la mort de ce dernier. Sa trace se perd ensuite, mais on sait qu’il vécut encore de longues années à New York (il résidait en 1881 306 Est 105e rue).

Charles Raynaud ne dédaignait pas taquiner la muse, et en juillet 1879 L’Étoile du Kansas et de l’Iowa publia un de ses poèmes intitulé « Le Proscrit ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165418, notice RAYNAUD Charles [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 30 septembre 2014, dernière modification le 30 septembre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : BN, papiers Cabet, Nafr. 18 150, ff. 8 à 11, lettre aux Icariens d’Angers, non datée (probablement de 1852), et ff. 303-304 et suivants ; É. Cabet, Guerre de l’opposition contre le citoyen Cabet, août 1856 ; Colonie icarienne, 26 juillet, 27 septembre 1854 ; L’Étoile du Kansas et de l’Iowa, 1er novembre, 1er décembre 1878, 1er janvier, 15 juillet 1879 ; L’Observateur, n°4, décembre 1880, supplément ; Albert Shaw, Icaria. A Chapter in the History of Communism, New York, The Knickerbocker Press, 1884, p. 161 ; Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 415, 457, 478, 532, 598 ; Fernand Rude, « Allons en Icarie ». Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Grenoble, PUG, 1980, p. 172 ; Note de François Fourn.

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