REDON Emmanuel [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Mineur originaire de Bessèges (Gard), militant de la CGT, Emmanuel Redon partit pour les États-Unis en 1901, sans doute à la suite d’une mise à l’index. Installé à Export (Westmoreland County, Pennsylvanie), il s’abonna à L’Union des travailleurs peu après son lancement. Tombé malade, puis victime du chômage, il resta plusieurs années sans donner signe de vie, puis se réabonna en août 1911. Il se disait alors profondément dégoûté par le syndicalisme américain et la passivité des travailleurs étrangers ; le « Free Country » avait fait d’eux des esclaves, et lui-même avait décidé de se réabonner pour lutter. En septembre il fut personnellement impliqué dans un mouvement de grève des mineurs qui éclata à Westmoreland.

Appartenant à la mouvance syndicaliste-révolutionnaire, Emmanuel Redon participa en mars 1912 à la collecte organisée au profit des travailleurs de Lawrence (Massachusetts), en grève à l’appel des IWW pour « du pain et des roses », puis il versa en juin son écot à la souscription destinée à hâter la libération des dirigeants wobblies Joe Ettor et Arturo Giovannitti. Aussi farouchement pro-IWW qu’il était anti-AFL, il refusa en 1913 d’adhérer à l’UMW qu’il considérait comme un syndicat de traîtres.

Lecteur satisfait de L’Union des travailleurs, Emmanuel Redon vouait une grande admiration à Louis Goaziou pour son esprit de sacrifice et son dévouement à la cause des ouvriers. Il prit l’habitude d’envoyer tous les quatre mois à la rédaction la somme de $1 (50¢ pour son abonnement, 25¢ pour la souscription permanente et 25¢ pour une famille de camarades dans le besoin).

Antimilitariste, Emmanuel Redon n’en resta pas moins fidèle à L’Union des travailleurs après l’éclatement de la Première Guerre mondiale. Il versa à la souscription organisée pour aider les victimes de guerre et fut l’une des rares voix dissidentes à s’élever pour critiquer le vote des crédits de guerre par les élus socialistes et demander en février 1915 que la paix soit conclue au plus vite.

Emmanuel Redon demeura un lecteur généreux et dévoué de l’hebdomadaire socialiste francophone jusqu’à sa cessation définitive de parution en septembre 1916.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165431, notice REDON Emmanuel [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 30 septembre 2014, dernière modification le 30 septembre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCE : L’Union des travailleurs, 24 août, 21 septembre 1911, 21 mars, 27 juin, 17 octobre 1912, 20 février, 26 juin, 13 novembre 1913, 25 février 1915 entre autres.

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