LEGROS Alfred, Jules, Henri

Par René Vandenkoornhuyse

Né le 26 janvier 1920 à Calais (Pas-de-Calais), fusillé sans jugement le 4 septembre 1944, à la citadelle de Calais ; ajusteur  ; membre de Jeunesses communistes ; résistant FTPF.

Tombe d’Alfred Legros
Tombe d’Alfred Legros
Cliché de René Vandenkoornhuyse

Fils d’Alfred Legros, wapeur, et de Marguerite Dégouy, confectionneuse, Alfred Legros à Calais, rue de Valenciennes. Il n’avait que deux ans quand ses parents partirent habiter le Petit-Courgain. Ses camarades l’avaient surnommé ‘Bidasse’, car il fredonnait toujours la rengaine du moment « avec l’ami Bidasse ». Épris de mécanique, il alla à Paris en apprentissage mais revint revenu à Calais quand éclata la guerre. Requis pour le travail obligatoire, l’occupant procédant à des rafles arbitraires de main-d’œuvre dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à Bruxelles, il fut envoyé dans une fonderie, dans la région de Thüringen. Au bout de trois mois, il s’évada avec deux camarades, Omer Blavoet et René Lefébure. Recherché par la Gestapo, il se réfugia à Goussainville chez les parents de sa fiancée, Marguerite Lebeur qu’il épousa le 27 septembre 1941. Courant octobre 1941, le couple se fixa à la Plaine Saint Denis 19 impasse Chaudron. Au bout de quelque temps, Alfred Legros obtint un emploi d’ajusteur dans une usine métallurgique. Fin décembre 1941, il reçut une convocation de la police allemande, l’enjoignant de se présenter à la Kommandatur de la Plaine Saint Denis. Il refusa de répondre à cette convocation et le lendemain, il fut arrêté à l’usine où il travaille. Il fut reconduit en Allemagne le 9 janvier 1942. Sa femme, ayant contracté de son côté un engagement volontaire de six mois, l’accompagna mais enceinte revint à Goussainville au bout de trois mois, alors que son mari regagna Calais à l’expiration de ses six mois. Il trouva alors un emploi d’ajusteur mécanicien à la SNCF. Membre des Jeunesses communistes, le 4 mars 1942, il adhéra à une organisation de résistance SNCF. Avec ses camarades cheminots M.A.G, Paul Queste et Fernand Laurence, il organisa l’impression de tracts clandestins. Le 14 Juillet 1942, une trentaine de communistes calaisiens et FTP dont Alfred Legros, Robert Delhaye, Henri Sablons, Georges Pierru, etc… clouèrent un drapeau bleu blanc rouge sur le mur à la sortie du cinéma « Gymnase » rue Champailler , ils invitèrent le public en quittant la salle à chanter la Marseillaise avec eux. Le 16 août 1942, Alfred Legros passa à la lutte armée, il rejoignit les FTP, partie intégrante des Forces Françaises de l’Intérieur. Son sang froid lors de diverses actions lui valut le grade d’adjudant. Suite au sabotage des transformateurs de l’usine Brampton, il fut arrêté, torturé. Il a été fusillé sans jugement, le 4 septembre 1944, à la citadelle de Calais avec Jean Bodechon, Fernand Gouverneur, Alfred Véron, Jean Le Gal.

Il fallut attendre la fin de la guerre pour que la recherche des corps soit entreprise. Enfin des propos de prisonniers de guerre et des interrogatoires effectués en Angleterre apportèrent la confirmation que, après avoir été fusillés, les cinq FTP avaient été enterrés dans la citadelle. Mais compte tenu de l’étendue de cette fortification construite par Vauban, il n’était pas facile de retrouver une fosse avec cinq corps. Après maints recoupements et investigations, la police judiciaire française retrouva en Angleterre, l’officier Allemand qui a lu la sentence de mort à l’endroit de l’exécution, l’Oberleutnant Albin Kellner qui déclara que les cinq jeunes gens avaient été fusillés au matin du dimanche 3 septembre 1944, l’un après l’autre et leurs corps jetés dans une fosse commune dont il désigna l’endroit. C’est dans une fosse située sous un tas de tuiles que les corps des suppliciés sont retrouvés.

La municipalité calaisienne décida de faire à ces héros des obsèques solennelles qui eurent lieu le jeudi 16 octobre 1947. Les corps étaient exposés au Palais de Justice, place Crèvecoeur, où la foule leur rendit un dernier hommage. Le cortège funèbre se rendit ensuite au cimetière Sud où furent inhumés les corps d’Alfred Legros et Jean Bodechon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165532, notice LEGROS Alfred, Jules, Henri par René Vandenkoornhuyse, version mise en ligne le 13 octobre 2014, dernière modification le 8 février 2021.

Par René Vandenkoornhuyse

Tombe d'Alfred Legros
Tombe d’Alfred Legros
Cliché de René Vandenkoornhuyse
Alfred Legros
Alfred Legros
Fourni pas sa famille (sa fille Evelyne).

SOURCES : DAVCC Caen. — Robert Chaussois, Calais au pied du mur Mars 1943 à Janvier 1944, Calais au bout du tunnel Février Août 1944, SA imprimerie centrale de l’ouest, La Roche sur Yon. — Jean-Marie fossier, Zone Interdite Nord Pas-de-Calais, imprimé à Lens (62) dans les ateliers d’IPC pour le compte de la FNDIRP. — État civil.

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