ROMAIN Hector [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né vers 1869, mort à Sturgeon (Penn) en 1904 ; marié ; mineur de fond, puis agent d’une compagnie d’assurances, puis épicier ; syndicaliste, membre de l’UMW ; libre-penseur proche des anarchistes, puis du PSA ; coopérateur et mutualiste ; collaborateur de La Tribune libre ; agent diffuseur officiel et collaborateur occasionnel de L’Union des travailleurs ; franc-maçon.

Arrivé aux États-Unis en 1894 alors qu’il était âgé de 25 ans, Hector Romain se fit mineur et adhéra à l’UMW, dont il resta un adhérent actif aussi longtemps que ses activités lui permirent de rester membre de ce syndicat. Militant révolutionnaire libre-penseur, proche des anarchistes, il fit la connaissance de Louis Goaziou peu après son arrivée outre-Atlantique. En 1895, il entra comme mineur à la coopérative d’Elizabeth (Pennsylvanie) et se retrouva volé. Néanmoins, trois ans plus tard, il se déclarait toujours favorable aux expériences de colonisation et de coopération. Il était également très préoccupé par la question des droits des femmes.

En 1896, Hector Romain s’abonna à L’Ami des ouvriers et versa son écot à la souscription permanente. En 1897, il avait trouvé du travail à Moon Run. Proche de la mouvance libertaire de La Tribune libre, il fut activement impliqué en septembre dans une grève des mineurs de cette localité. Sans doute mis à l’index par les compagnies, il partit s’installer à Sturgeon (Pennsylvanie), où il gagnait sa vie en 1898 en tant qu’agent des principales compagnies d’assurance de Philadelphie et de Pittsburg. Il fut dès lors un collaborateur régulier à La Tribune libre, où il fit notamment paraître en avril 1898 un article contre la religion intitulé « Des croyances et préjugés religieux ». Il contribuait par ailleurs à faire vivre ce journal financièrement en y faisant paraître des publicités payantes. Ses liens avec Louis Goaziou, qui avait commencé à se rapprocher des socialistes, expliquent sans doute un début d’évolution politique puisque dès novembre 1898 Hector Romain se faisait l’avocat des réformes partielles.

En décembre de l’année suivante, Hector Romain ouvrit un commerce d’épicerie à Colusky, près de Sturgeon. L’un des tout premiers abonnés de L’Union des travailleurs, il y fut nommé agent diffuseur officiel de l’hebdomadaire socialiste francophone en juillet 1901. Il en fut également un collaborateur occasionnel, toujours prompt à dénoncer la fourberie des prêtres. Très proche des socialistes bien que n’ayant jamais adhéré au PSA, il communiqua à L’Union des travailleurs les résultats obtenus par les candidats de ce parti aux élections de novembre 1902 à Frontenac (Kansas) dont il avait eu connaissance par un ami ou un parent. Militant actif et dévoué, il plaça 22 abonnements à l’hebdomadaire socialiste francophone dans son entourage début 1903, de telle sorte qu’en août et septembre de la même année, il figurait en tête du concours des abonneurs. Il collecta également en avril la somme de 5 dollars 50 pour financer l’agrandissement du format.

Militant mutualiste, Hector Romain fut élu secrétaire de la Société franco-belge de Sturgeon. Accusé peu après de s’être comporté en piètre gestionnaire, il fut exonéré de toute malversation par un jury d’honneur fin mai 1903.

Début 1904, l’épouse d’Hector Romain fit savoir à la rédaction de L’Union des travailleurs que son mari était très gravement malade. Il mourut peu après d’une hypertrophie du foie ; il était alors âgé de 35 ans. Plus de mille personnes assistèrent à ses funérailles, dont 300 membres de la Société de secours mutuels franco-belge et plusieurs dizaines de membres de la loge des Odd Fellows dont il était membre. Trois orateurs se succédèrent pour l’éloge funèbre : A. Pletincks au nom des Odd Fellows, Gravy pour la société franco-belge, et Louis Goaziou au nom de ses amis socialistes et de la loge du Droit Humain de Charleroi où Hector Romain s’était fait recevoir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165586, notice ROMAIN Hector [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 1er octobre 2014, dernière modification le 24 novembre 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCES : L’Ami des ouvriers, 15 mars, 30 mars 1896 ; La Tribune libre, 25 mars, 23 septembre 1897, 31 mars, 28 avril, 24 novembre 1898, 31 août, 7 décembre 1899 ; L’Union des travailleurs, 11 juillet, 15 août, 22 août 1901, 15 mai 1902, 12 février, 5 mars, 9 avril, 21 mai, 28 mai, 6 août, 3 septembre 1903, 17 mars, 24 mars 1904 entre autres

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable