ROVEIRA Juan [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né vers 1819, mort à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) en 1849 ; médecin à Barcelone (Espagne) ; marié et père d’un fils ; communiste icarien, membre de la première Avant-garde partie fonder Icarie aux États-Unis ; principal chef de la dissidence après l’échec subi au Texas, il s’affronta violemment avec Cabet avant de se suicider.

Juan Roveira écrivit à Cabet dès la parution de la « Confidence » dans Le Populaire le 9 mai 1847 qui annonçait le projet d’aller fonder Icarie en Amérique. Sa lettre fut publiée dans le numéro daté du 20 juin 1847 : « Il nous est impossible de vous dire combien nous a comblé de plaisir votre sublime idée d’une colonisation icarienne. Votre Populaire a été lu et relu avec le cœur ému et les larmes aux yeux par le petit nombre d’Icariens de cette ville. Tous désirent être les premiers au départ, les premiers au travail le plus dangereux, les premiers à démontrer et manifester au monde l’abnégation de soi-même au bénéfice de ses frères, l’amour au travail et la possibilité de mettre en pratique ce que la société actuelle, dans sa démoralisation, appelle utopie irréalisable. Je me crois le droit d’être regardé par vous et par tous les communistes comme un de vos plus zélés correspondants, j’attends avec impatience une des listes que nous promet le Populaire, pour y inscrire le petit nombre de vrais communistes qui désirent partager le bonheur et le travail du premier établissement. Je suis médecin et chirurgien(...). » Une autre lettre de Barcelone fut encore publiée dans le Populaire , le 13 février 1848, expliquant les choix des Icariens de la ville pour désigner Roveira comme leur candidat au premier départ pour les États-Unis (elle était signée par I. Montaldo, Narciso Montoriol, José Febrès, Martin Carle, Jean-Marie Dubor, Vicente Reixach).

Juan Roveira fut en conséquence retenu par Cabet pour faire partie de la première Avant-garde qui embarqua au Havre le 3 février 1848. Il vécut très mal l’échec sans appel de l’expédition au Texas et peut être aussi sa propre incapacité en tant que médecin (une lettre en date du 20 août 1848 dénonçant son incurie, signée par 52 Icariens, fut adressée à Cabet et publiée dans Le Populaire). Devenu très hostile à Cabet et à ses doctrines, il prit la tête des dissidents qui exigèrent de Cabet qu’il leur rende des comptes le jour même de son arrivée à La Nouvelle-Orléans en janvier 1849.
Roveira, qui avait été rejoint en Amérique par son épouse et son fils, se brûla la cervelle quelques mois plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165632, notice ROVEIRA Juan [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 1er octobre 2014, dernière modification le 1er octobre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : BN, Nafr. 18 151, Papiers Cabet, f. 208, lettre à Charles (Louis Krolokowski) ; Le Populaire de 1841, 6 février, 3 décembre 1848, 1er juillet 1849 entre autres ; Colonie icarienne, 4 octobre 1854 ; Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie,1907 ; Note de François Fourn.

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