ROUSSEL Léon, Ernest

Par Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot

Né le 8 janvier 1921 à Guise (Aisne), fusillé le 22 avril 1944 à Laon (Aisne) ; employé SNCF ; militant communiste ; résistant FTP, détachement 23 Gabriel-Péri, groupe Jean-Catelas.

Fils de Henri, Désiré Roussel, manœuvrier, et d’Ernestine Delval, brodeuse, Léon Roussel, célibataire, résidait à Fresnoy-le-Grand (Aisne).

Résistant des Francs-tireurs et partisans (FTP) depuis le mois d’août 1943, une source indique qu’il appartint au groupe Cochet. Il fit partie du détachement 23, Gabriel-Péri, groupe Jean-Catelas, de Fresnoy-le-Grand (Aisne) et Croix-Fonsommes (Aisne), au sein duquel il opérait dans le même secteur géographique. Il était entré en contact avec Dallongeville au mois d’octobre 1943 pour organiser dans le cadre de l’Organisation civile et militaire (OCM) des transports d’armes parachutées.
Le groupe servit de bras armé aux missions du Special Operations Executive (SOE) dans le Saint-Quentinois, réceptionnant des parachutages et sabotant la ligne SNCF entre Fresnoy-le-Grand et Saint-Quentin. Léon Roussel participa ainsi, le 6 septembre 1943 et le 5 octobre 1943, au déraillement d’un convoi de munition (dix wagons détruits), puis à d’autres déraillements le 29 octobre 1943 (trois soldats allemands morts et onze wagons détruits), et enfin le 1er janvier 1944 à un autre déraillement de vingt-neuf wagons de matériel. Une grande partie du groupe fut alors arrêtée vers le 9 décembre 1943.
Maurice Isart, André Dauriol et Léon Roussel participèrent à un parachutage d’arme à l’Étoile du Berger, dans la nuit du 10 au 11 janvier 1944. Les 25 et 28 janvier 1944, les résistants furent arrêtés au cours d’une rafle à Fonsommes, Fresnoy-le-Grand et Étaves-et-Bocquiaux, avec d’autres personnes considérées comme de dangereux terroristes communistes par les autorités allemandes. Peu de ces groupes s’échapperont à temps. Léon Roussel fut arrêté le 26 janvier 1944 chez lui, à Fresnoy-le-Grand, par la Sipo-SD, pour « activité de franc-tireur ». Avec ses compagnons d’infortune, il fut transféré de la prison de Saint-Quentin à celle de Laon, pour y être torturé. Condamné à mort par le tribunal militaire FK 602 de Saint-Quentin le 7 avril 1944, il a été fusillé par les Allemands au champ de tir des Blancs-Monts, le 22 avril 1944, en même temps que Maurice Isart et André Dauriol, qui appartenaient à la même formation. Cette condamnation aurait été le résultat d’un second jugement, le premier ayant fait l’objet d’une grâce.

Léon Roussel laissa une dernière lettre, dont l’original est exposé au musée de Tergnier :

« Laon le 22 avril 1944
 
Chers papa, maman, Henri, Jean-Claude ; chère Paulette et toute la famille et amis.
 
Aujourd’hui 22 avril 1944. A vous tous. Depuis le 7.4.44 nous avons passé de très mauvais jours. Nous attendions confirmation de notre peine. Ce matin, nous voilà finis. Nous allons, Maurice, André et moi être exécutés. Dans une heure ce sera chose faite. Nous avions gardé espoir jusqu’au dernier moment, mais notre espoir s’envole. Que voulez-vous ? Tel est notre destin !… Vous trouverez 885 f dans mon portefeuille, les remettre à Jean Claude. Pour vous, chers parents, à la prison de Saint-Quentin, j’ai fabriqué un sac de voyage blanc et bleu, ce sera pour vous un souvenir.
 
A vous tous, je souhaite bonne chance dans la vie, beaucoup de bonheur, soyez tous heureux.
 
Toi, chère Paulette, je te souhaite un mari digne de toi. Je pars, avec, gravés pour toujours dans mon cœur ton nom ainsi que celui de tous. Je t’aimerai éternellement. Sois heureuse, et beaucoup de bonheur. En souvenir accepte la chevalière ci-jointe, souvenir d’un ami qui t’aime.
 
J’espère que mes bagages vous seront remis intacts. Ci-joint, photos qui ont toujours été sur mon cœur. A vous tous, je dis un dernier adieu ; recevez la dernière étreinte de celui qui ne vous oubliera jamais, même dans la mort.
 
Que renaisse la PAIX, le Bonheur..
 
Tous, soyez heureux.
 
_ Adieu
_ Roussel Léon
_ Le 22 avril ».

Une plaque a été placée à l’entrée du stand de tir des Blancs-Monts en 2011, rendant hommage aux trois membres du groupe Jean Catelas fusillés le 22 avril 1944, ainsi qu’à Gaston Pinot, fusillé le 9 septembre 1941. Le nom de Léon Roussel figure également sur le monument aux morts du Familistère de Guise, où il résidait probablement, sur le monument des Martyrs, le monument aux morts et sur une plaque à l’intérieur de l’église de Fresnoy-le-Grand.
Une autre plaque commémorative a été apposée suer les lieux de son arrestation, à Fresnoy-le-Grand :

« Ici fut arrêté
par les Allemands
le 26 janvier 1944
ROUSSEL Léon 23 ans
soldat des forces françaises libres
Fusillé à Laon
le 22 avril 1944 ».

Léon Roussel a été déclaré « Mort pour la France » à titre militaire (AC 21 P 144367). Il obtint la médaille de la Résistance à titre posthume (décret du 3 février 1960, JO du 28). Il fut homologué FFI, RIF et DIR (GR 16 P 524229).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165722, notice ROUSSEL Léon, Ernest par Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 2 octobre 2014, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Gilles Pichavant, Frédéric Stévenot

SOURCES : SHD, dossiers adm. résistants. DAVCC, Caen, Liste S 1744 (notes Thomas Pouty). Liste des médaillés de la Résistance à titre posthume (ap. 1948). — Notes Julien Lucchini .— L’Union, 11 octobre 2011. – Sites Internet : Mémoire des Hommes ; Mémorial GenWeb ; Généalogie-Aisne ; Rail et mémoire. — Monument du champ de tir des Blancs-Monts. — Musée de la Résistance et de la Déportation, Tergnier.

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