BESOMBES Pierre

Par Roger Bourderon

Né le 17 mai 1903 à Montpellier (Hérault), mort le 24 avril 1990 à Alès (Gard) ; chef de service à l’Énergie industrielle puis cadre à EDF-GDF ; syndicaliste CGTU puis CGT ; conseiller municipal communiste d’Alès.

Fils d’un maître bottier et d’une giletière, Pierre Besombes était l’aîné d’une famille de trois enfants. Bon élève, il obtint le certificat d’études primaires. Il travailla un temps dans l’atelier de son père qu’il quitta pour un emploi chez un marchand de vins de Montpellier. Épisode éphémère : il fut licencié en 1920 pour avoir fait grève.

Il avait fait des études de musique à Montpellier. Bon trompettiste, il tenta de devenir musicien professionnel après les dix-huit mois de service militaire qu’il fit, de juillet 1923 à fin 1924, dans les Chasseurs. Il fut ainsi sollicité comme trompettiste par le chef de musique des sapeurs-pompiers d’Alès. C’est à cette occasion qu’il s’installa dans la capitale cévenole. Il fit partie d’un orchestre à succès, Dynamic 13, dont le chef fut l’un des adeptes de ce style qu’immortalisa plus tard Ray Ventura. Sa première femme, pianiste, y appartenait également. Ils eurent deux filles.

Pierre Besombes fit longtemps de la musique, mais comme amateur car, en 1927, il changea de vie : il fut embauché par la compagnie l’Énergie industrielle, comme chef de service au centre d’Alès où il devint responsable du service clientèle. Membre de la CGTU, il devint secrétaire du syndicat CGT de son entreprise après la réunification syndicale. Après les grèves de 1936, il mit en place la Mutuelle des agents de l’Énergie industrielle. Il fut élu au comité fédéral de la Fédération CGT de l’Éclairage lors de son XVe congrès (Lyon, juin 1937) mais en fut vraisemblablement exclu à partir du changement de direction qui, suite au Pacte germano-soviétique, survint en novembre 1939 à la tête de cette organisation. Pierre Besombes fut également parmi les cadres de l’Energie industrielle qui contribuèrent à la création du Groupement national des cadres (GNC) en 1938. Le 13 juillet 1936, il avait mis sur pied un comité inter-syndical regroupant des cadres d’entreprises d’électricité de Bayonne, Beaune, Grenoble, Montargis, Saint-Nazaire, Saint-Raphäel et Valence. Pierre Besombes fut le secrétaire de ce comité dont Pierre Benielli* fut le secrétaire adjoint, André Bernardy le trésorier, Robert Langevin* le trésorier adjoint et Eugène Saravie* l’archiviste. Le GNC (voir John Ottaway*) dut beaucoup à ce groupement.

Pierre Besombes adhéra au Parti communiste en 1936. Trésorier de la section d’Alès, membre du comité de rayon, il ajouta dès 1936 à ces multiples activités, celle de conseiller municipal d’Alès. Divorcé, il se remaria en 1938 avec une agent comptable de l’Énergie industrielle. De cette union naquirent trois garçons.

Mobilisé le 3 septembre 1939, Pierre Besombes fut démobilisé le 29 juillet 1940 et reprit son travail à l’Énergie industrielle. Mais, déchu le 26 octobre de son mandat de conseiller municipal, il fut interné le 2 décembre au camp de Saint-Hippolyte du Fort (Gard), écroué à la Maison d’arrêt de Nîmes le 9, transféré le 17 janvier 1941 au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) puis astreint à résidence à Montpellier le 3 décembre 1941. Il s’engagea dans la Résistance dans sa ville natale, d’où il s’enfuit pour Rodez le 15 mars 1944 après avoir appris qu’il figurait sur une liste d’otages. Il participa dans les rangs des FTP à la libération de Rodez. Le 30 septembre 1944, il était de retour à Alès dont il devenait membre du Comité de Libération puis à nouveau conseiller municipal et réintégra l’Énergie industrielle.

Son activité syndicale antérieure conduisit Pierre Besombes à collaborer à l’élaboration du statut des entreprises électriques et gazières, aux côtés d’Émile Pasquier*, Marcel Paul*, Jean Nazon*. Au lendemain de la nationalisation, il fut responsable de la gestion de la main-d’œuvre et des rapports avec la clientèle du centre EDF-GDF d’Alès, avant de devenir permanent syndical. Il appartint au comité fédéral de la Fédération CGT de l’Éclairage, à partir de février 1946 et fut réélu à cette instance par le XVIe congrès (septembre 1946). Il organisa la mise en place de la Caisse mutuelle complémentaire d’action sociale (CMCAS) d’Alès qui regroupait le personnel des anciennes entreprises (l’Énergie industrielle, la Société grand-combienne d’éclairage et d’énergie, la Société des forces motrices de l’Aigoual et une partie de la Société du Sud-Électrique). Comme président, il réalisa ensuite l’unification des CMCAS d’Alès et de Nîmes et le transfert à Nîmes de l’organisme unique. Il fut aussi secrétaire général du syndicat CGT du centre de distribution d’EDF-GDF d’Alès puis de celui de Nîmes après la fusion des deux centres. À sa création, il mit en place dans le Gard le GNC et en fut le premier secrétaire.

Pierre Besombes n’avait pas pour autant oublié son passé de musicien : au début des années soixante, il créa, pour les enfants des électriciens et des gaziers, le Club des jeunes, tourné vers les activités culturelles, particulièrement le théâtre et la musique. Cette intense activité - il présida aussi plusieurs années l’Association départementale des parents d’élèves du Gard - continua jusqu’à sa retraite en 1964, à partir de laquelle Pierre Besombes se consacra plus particulièrement à son mandat municipal. Réélu en 1965, il fut le premier adjoint du maire communiste d’Alès, Roger Roucaute*. Il orienta son action surtout vers les plus démunis, tout en veillant au développement de l’École de musique de sa ville. Après un dernier mandat en 1971, il abandonna toute fonction élective en 1977 mais continua à s’occuper du syndicat CGT des agents électriciens et gaziers en inactivité.

Ses toutes dernières années furent difficiles car il perdit peu à peu ses moyens intellectuels et physiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16583, notice BESOMBES Pierre par Roger Bourderon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 10 septembre 2017.

Par Roger Bourderon

SOURCES : Archives familiales. — Jean Médard, Alès au fil des ans et des hommes, Montpellier, Presses du Languedoc, 1995. — B. Weiss, La Fédération légale de l’Éclairage CGT (1936-1944), mémoire de maîtrise, Université Paris VII, 1995. — René Le Guen, en collaboration avec René Gaudy, Voyage avec des cadres, Paris, Éditions sociales, 1977. — Témoignages de J.-M. Gaillard, de Raymonde Maniel et de Norbert Pantel.

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