SAVARIAU Stanislas, Pierre (fils) [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né à Niort (Deux-Sèvres) le 25 mars 1820, mort à Nauvoo (Ill) en 1852 ; marié, père de deux enfants ; menuisier ; communiste icarien, membre de la communauté de Nauvoo, il en fut élu membre de la Gérance peu avant son décès.

Le 16 avril 1848, Stanislas Savariau écrivait à Cabet : « J’ai vu avec peine que l’émigration était quant au présent sacrifiée à la révolution. Ce n’est pas que je veux vous en faire un reproche car les premiers jours de la révolution furent aussi pour nous l’objet d’une grande tâche à remplir, et comme partout, nous nous mîmes en tête du mouvement ; nous avons formé un club (sous le nom de Club républicain), enfin nous nous sommes hâtés de soutenir le gouvernement provisoire (...). Espérons que sitôt après les élections nous partirons pour Icarie. »

Stanislas Savariau partit pour les États-Unis le 16 octobre 1848 avec le départ de Bordeaux emmené par Pépin pour rejoindre la colonie icarienne du Texas. Il arriva à La Nouvelle-Orléans (Louisiane) le 17 décembre. Malgré l’échec de la première expérience au Texas, il ne renonça pas, contrairement à la grande majorité de ceux qui étaient arrivés avec lui, et il décida de partir avec Cabet à Nauvoo (Ilinois).

Le 1er mai 1849, il écrivait à ses parents : « Mes chers parents, je savais par le gérant (Cabet) avant votre lettre, que vous avez versé 1 000 F au Populaire, j’en suis content ; mon engagement est donc rempli ou à peu près... »

Dans une autre lettre adressée à son père, en juillet 1849, et elle aussi publiée par L’Œil du peuple de Niort, il décrivait avec enthousiasme la vie des colons communistes d’Icarie : « Tous les Travailleurs sont organisés en ateliers fixes ou mobiles. Les ateliers mobiles sont formés des agriculteurs, des jardiniers, des bûcherons, des voituriers, etc... Chaque atelier, ainsi composé, nomme son directeur et son chef d’atelier au scrutin secret à la majorité absolue ; puis l’élection est soumise à la sanction du gérant. Les ateliers fixes sont formés des mécaniciens, forgerons en voiture, charpentiers, menuisiers, etc... Cet atelier de menuiserie a fait comme les autres ses élections il y a trois mois ; j’en fus nommé le directeur jusqu’au 1er juillet. Mais, à cause de quelques dérangements dans les travaux, les nouvelles élections n’auront lieu que mercredi prochain 4 juillet, jour de la grande fête nationale de l’indépendance des États-Unis, à laquelle nous nous disposons à prendre part d’après tous nos moyens : nos hymnes icariens, nos chants en chœur et notre musique instrumentale pourront se montrer en public avec toute assurance de plaire aux Américains [...] Enfin, au milieu de tous ces travaux, je suis plus heureux que jamais je ne devais l’espérer. Chère Icarie ! je contemple ton avenir glorieux, et ton triomphe n’est plus douteux pour moi... »

À Nauvoo, Stanislas Savariau soutint Cabet contre ses opposants, et il demanda la citoyenneté américaine le 31 juillet 1852. Il décéda le 9 août 1852, victime du choléra. Il venait tout juste d’être élu membre de la Gérance de la communauté et, selon Cabet, il mourut « probablement par suite de son trop d’ardeur à remplir sa pénible fonction de directeur de l’Industrie et de l’Agriculture. » Il fut remplacé par Caudron.

Stanislas Savariau s’était marié vers 1850 à Nauvoo avec Caroline Eulalie Mazarin (née vers 1832). Son épouse, sa fille Dinaïse (née le 30 juillet 1851) et son fils Stanislas (né le 12 janvier 1853), étaient toujours membres de la communauté en juillet 1854.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article165887, notice SAVARIAU Stanislas, Pierre (fils) [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 6 octobre 2014, dernière modification le 6 octobre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : AN, BB18 1451, doss. 3598 ; BN, Nafr. 18 148, Papiers Cabet, fol. 82 (lettre de Savariau fils à Cabet datée du 16 avril 1848), 174, 209 et 210 ; Federal census 1850 ; Naturalization Records, Hancock County, Ill. ; L’Œil du Peuple, journal socialiste publié à Niort, 15 juillet, 6 septembre 1849 entre autres ; Le Populaire de 1841, 1er juillet, 2 septembre 1849 entre autres ; Colonie icarienne, 16 août, 4 octobre 1854 ; notes de Robert Sutton et François Fourn.

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