BESSE Guy, Antonin

Par Claude Pennetier, Claude Willard

Né le 25 novembre 1919 au Buisson de Cadouin (Dordogne), mort le 16 février 2004 à Arradon (Morbihan) ; professeur de philosophie ; résistant ; secrétaire général de l’UFU (1950-1955) ; directeur des Éditions sociales (1955-1969) ; directeur du CERM (1970-1979) ; membre du comité central du PCF (1956-1985) et du bureau politique (1967-1979).

Le père, de Guy Besse, Gaston Besse, était cheminot, fils de cheminot de souche rurale ; sa mère, Germaine, Alice, née Roche, était couturière.

Guy Besse fit ses études primaires à Saint-Sylvestre (Lot-et-Garonne) et à Larche (Corrèze) ; il étudia ensuite au collège de Brive (1931-1933), puis au lycée de Périgueux (1933-1938).

À Périgueux, il se mêla au combat antifasciste : il assista, avec son père, à un meeting de Maurice Thorez en 1935 et prêta, le 14 juillet 1936, le Serment de fidélité au Front populaire. Cet antifascisme puisait ses sources dans le giron familial : son père votait socialiste, parfois communiste ; son oncle, cheminot à Dieppe, était pivertiste et lui fit lire pour la première fois l’Humanité. Guy. Besse fut aussi profondément marqué par ses lectures, notamment par les Paroles d’un combattant d’Henri Barbusse. Il resta jusqu’à ses derniers jours attaché à l’œuvre du fondateur de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants).

Après le baccalauréat, Guy Besse entra en première supérieure au lycée de Bordeaux (1938-1940), où il excella en philosophie (avec, comme professeur, Louis Lavelle) et en histoire. En 1940-1941, devant gagner sa vie, il fut « pion » au lycée du Puy-en-Velay et « premier collé » au concours d’entrée à l’ENS. Il fit ensuite une année de khâgne à Lyon (1941-1942 avec, comme professeur, Jean Lacroix) et termina sa licence de philosophie.

À la fin de 1942, Guy Besse s’engagea dans la Résistance. Il fut un des créateurs et animateurs du « Comité Interfac » lyonnais, contre le STO et pour l’aide aux étudiants qui désiraient rejoindre un maquis. En vacances à Périgueux, il adhéra à la JC (juin 1943) et y déploya une activité de propagande ; dénoncé, et sous la menace d’un mandat d’amener, il plongea dans la Résistance clandestine. À Saint-Chamant (Corrèze), où il fit la connaissance d’André Malraux, il aida le responsable local du PCF, Naudoux, à diffuser le matériel de propagande, et le responsable de la JC, Henri Mas-Béquart, à ravitailler les maquis. En décembre 1943, il revint à Lyon. Le responsable des étudiants communistes, Roger Crumières, lui confia la responsabilité du Front national étudiant (FNE) ; sous le pseudonyme de "César", il noua de solides relations avec de jeunes militants catholiques (qui créèrent les « Jeunes chrétiens combattants ») et représenta le FNE au sein de l’Union des étudiants patriotes FUEP), adhérente aux FUJF.

Après la Libération, durant l’automne 1944, Guy Besse fut secrétaire de l’UEC (Union des étudiant communistes) et de l’UEP du Rhône. Il adhéra au PCF en février 1945 dans le Ve arr. de Paris. Ce même mois, la direction de la JC le nomma secrétaire national des Étudiant communistes et, à ce titre, membre du bureau national de la JC.

Ayant réussi l’agrégation de philosophie au concours de 1944 (qui eut lieu en 1945), Guy Besse fut nommé professeur au lycée de Saint-Étienne (Loire) 1945-1946), où il fut secrétaire départemental de l’Union nationale des Intellectuels et un des créateurs-animateurs de l’Université du travail, avec Jean Bouvier. En 1946-1947, il enseigna au lycée de Bourges (Cher), où il créa aussi une Université du travail et anima l’Union française universitaire (UFU). Le 5 juin 1947 à Paris (IIIe arr.), il se maria avec la militante communiste, Annie, Juliette Becker, connue plus trad comme historienne, sous le nom d’Annie Kriegel. Il divorça en juin 1954 et se remaria le 12 février 1955 à Nantes, avec une artiste plasticienne, Monique Lairet, connue comme sculpteur sous le nom de Monique Arradon.

De 1947 à 1964, Guy Besse fut professeur de philosophie à l’École normale d’instituteurs de la Seine, à Auteuil, où son enseignement marqua de nombreuses promotions. En 1948, toujours membre du comité national de l’UJRF, il participa au Festival de la Jeunesse à Prague. Par ailleurs, il fut intégré par Étienne Fajon à la section du Travail idéologique du PCF et appartint au petit « staff » (avec Francis Cohen, Pierre Daix, Jean Kanapa, Victor Leduc) qui secondait Laurent Casanova.

Les Cahiers du communisme publièrent, en 1948, deux de ses articles : « L’impérialisme américain menace l’Université française » et « Contre les idéologies de faillite. » Dès cette année, il intervint dans deux domaines et à un double niveau, dans celui de l’école et de la lutte idéologique, dans le syndicalisme enseignant et dans les cercles dirigeants du PCF. Il participa au premier congrès de la FEN CGT à double affilaition, en juillet 1949 et intervint à deux reprises, sur la pédagogie, en insistant sur la primauté du contenu de l’enseignement sur les méthodes, et sur la défense de la paix. Fin 1949, La Nouvelle critique publia son article sur « Instituteurs et classe ouvrière » où il s’affirma comme le porte-parole autorisé du PCF sur la question de l’alliance des enseignants du primaire et du peuple communiste. En 1950, il fut, avec Jean Kanapa, un des fondateurs du Cercle d’études des philosophes communistes. De 1950 à 1955, il fut secrétaire général de l’UFU. Il fut un des créateurs, en octobre 1951, de L’École et la Nation, et y publia à la fin de l’année une série d’articles : « Une enquête sur l’École soviétique. La véritable école nouvelle ». Il entra dans l’équipe de La Pensée. En avril 1953, il intervint dans la campagne contre Célestin Freinet (« Remarques sur un édito de Freinet ») et présenta un rapport sur Freinet et les communistes, lors de la réunion de la commission nationale de l’enseignement du PCF.

Durant toute cette époque, il donna de nombreux cours : de philosophie, tant à l’Université nouvelle qu’à l’École centrale du PCF. En 1954, avec Maurice Caveing, il rédigea les Principes fondamentaux de la philosophie, dont la première mouture avait été l’œuvre de Georges Politzer et qui devint l’ouvrage de référence pour les écoles et les stages du Parti. En 1955, il succéda à Joseph Ducroux à la tête des Éditions sociales et y resta dix ans. Par ailleurs, il fut un des initiateurs du « Mouvement des 150 », mouvement pacifiste, qui le délégua à Moscou en septembre 1951 (avec Henri Pouget, Jean Bouvier, Lucie Aubrac et deux socialistes).

En 1954, il apparaissait comme un des responsables communistes des enseignants du supérieur et des chercheurs. Le secrétariat du 8 novembre 1954 notait : « Besse doit discuter avec les communistes sur les questions qui se posent au CNRS ». Son autorité politique s’appliquait particulièrement aux professeurs des écoles normales. Son entrée au comité central, en 1956 (comme suppléant puis comme titulaire en 1959), renforça son rôle, puis son arrivé au bureau politique en 1967 en fit un acteur majeur du débat théorique et politique avec Roger Garaudy. Lors du comité central d’Argenteuil de 1966, il avait participé à la rédaction des résolutions finales avec [Henri Krasucki-<137530], Jean Suret-Canale et Jacques Chambaz.

En mars 1970, Guy Besse remplaça Roger Garaudy à la tête du CERM, mais la coordination des activités de ce Centre avec celles de l’Institut Maurice Thorez fut placée sous la responsabilité de Roland Leroy. Le Fonds d’archives Gaston Plissonnier, montre un Guy Besse particulièrement actif dans « l’affaire » Politique aujourd’hui, qui était vécue par le responsable du PCF comme une entreprise concurrente, qu’il fallait affaiblir, en dissociant les 150 personnalités qui parrainaient l’initiative.

Son départ du bureau politique en 1979 peut-être diversement interprété. Il sanctionnait peut-être la difficulté à maîtriser la montée de contestation chez les intellectuels communistes. Francette Lazard lui succéda à la tête de l’Institut d’études et de recherches marxistes. Guy Besse prit un poste de maître assistant de philosophie à l’Université de Caen et se consacra à étude de Lumières, particulièrement à Jean-Jacques Rousseau. Il se retira ensuite à Arradon (Morbihan).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16589, notice BESSE Guy, Antonin par Claude Pennetier, Claude Willard, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 3 décembre 2022.

Par Claude Pennetier, Claude Willard

ŒUVRE : Principes fondamentaux de la philosophie, 1954 (avec Maurice Calveing). — Jean-Jacques Rousseau, l’apprentissage de l’Humanité, Scan-éditions-Éditions sociales, 1988.

SOURCES : Fonds Guy Besse, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (347 J), inventaire en ligne. — Arch. comité national du PCF. — Laurent Entre, « Guy Besse. Philosophe communiste », Le Monde, 21 février 2004. — Notes de Jacques Girault. — Arnaud Spire, « Guy Besse, philosophe et militant », l’Humanité, 18 février 2004.

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