Par Marie-Louise Goergen
Né le 10 décembre 1925 à Paris (VIIIe arr.), mort le 10 mai 2022 à Vernouillet (Eure-et-Loir) ; cantonnier puis piqueur ; secrétaire général de la Section technique nationale CGT Voie et Bâtiments (1967-1978) ; militant communiste.
Fils de James et de Suzanne Bureau, qui étaient respectivement cantonnier poseur à la brigade de Paris-Saint-Lazare et employée de maison au moment de sa naissance, Jacques Bureau fut placé en nourrice chez ses grand-parents paternels jusqu’à l’attribution, à ses parents, d’un passage à niveau gardé. James et Suzanne Bureau s’installèrent successivement à Longueville-sur-Scie (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), à Saulnières (Eure-et-Loir), à Aunay, enfin à Vernouillet. Jacques Bureau commença sa scolarité dans la commune de ses grands-parents, Bailleau-l’Évêque (Eure-et-Loir). À l’âge de onze-douze ans, à l’époque du Front populaire puis de l’arrivée des premiers réfugiés espagnols dans la région, il assista aux réunions organisées par sa mère au foyer de Vernouillet. En juin 1938, il eut son certificat d’études primaires, mention « bien ».
Jacques Bureau était au lycée Rotrou à Dreux (Eure-et-Loir) lorsque la guerre débuta. Très rapidement, il abandonna les études et se mit à travailler, en mai 1940, comme mouleur de fonderie à proximité de la gare de Dreux. Le 10 juin, un dimanche, la fonderie fut bombardée, tout comme l’hôpital et la gare, la veille. Ordre fut donné d’évacuer la population et la famille se rendit à Niort (Deux-Sèvres). De retour un mois plus tard, elle trouva la maison pillée et le jardin détérioré, ce qui entraîna un hiver très difficile. À partir de 1941, Jacques Bureau participa à de petits actes de résistance, sous l’impulsion de sa mère (surveillance des alentours lors de réunions clandestines, distribution de tracts), puis se fit embaucher comme maçon dans l’entreprise de travaux publics Gabrielli, qui construisait des pistes pour bombardiers sur le camp d’aviation de Vernouillet. Chargé, en outre, avec cinq autres Français, d’entretenir un champ de légumes placé entre les pistes et servant au ravitaillement des cantines allemandes, il avait comme ordre de distribuer des tracts rédigés en allemand aux ouvriers et aux soldats allemands. Il réussit à gagner la confiance d’un soldat allemand d’une cinquantaine d’années, chargé de le surveiller.
Ses parents étant arrêtés en avril 1941 - son père fut relâché rapidement -, Jacques Bureau, mis en garde par le commissaire qui avait libéré son père, emmena son jeune frère chez ses grands-parents et se rendit chez un oncle évadé d’Allemagne, qui se cachait en Normandie. Tous deux travaillaient le jour comme ouvriers agricoles et se cachaient la nuit. Revenu dans la région de Dreux, il travailla chez un fermier à Puiseux, puis partit pour le Sud-Ouest en compagnie d’un évadé de la région parisienne, avant de revenir à Dreux. Quelques jours après la libération de la ville, le 20 août 1944, il s’engagea à la caserne de Billy, où il fut incorporé dans le 5e génie (chemin de fer). Affecté à la reconstruction, il servit en Normandie, puis en Alsace, une période difficile durant laquelle il vit disparaître plusieurs camarades tués par des obus.
Libéré le 11 novembre 1945, Jacques Bureau fut embauché dans une fonderie de bronze. Marié en été 1948, il entra au chemin de fer le 1er juin 1949 comme cantonnier, alors que sa femme Lucienne devint garde-barrières au passage à niveau 26 de Maulette-près-de-Houdan. Syndiqué à la CGT dès son embauche, il remplaça, six mois plus tard, le receveur syndical parti à la retraite. Très attaché à la défense des garde-barrières et des « gars de la Voie », son milieu d’origine, il fut élu au comité mixte d’arrondissement VB en 1950. Deux ans plus tard, il accéda au grade de sous-chef de canton, nommé à Marchezais, puis fut nommé chef de canton 2e classe à Houdan en 1954, jusqu’à sa mutation à Marchezais comme chef de canton de 1re classe en 1958. Puis ce fut le déplacement à Trappes (Seine-et-Oise, Yvelines) comme chef de canton principal en 1962 et l’installation dans un passage à niveau dont la fréquentation et le confort tranchaient avec les habitations précédentes.
Jacques Bureau y créa une Section technique de la Voie et, avec ses camarades, édita un petit journal mensuel, La Barre longue. Nommé surveillant de la voie en 1967, il fut élu, à la même époque, secrétaire de la STN VB à la place de Raymond Castelin, parti en retraite ; il y resta jusqu’en 1978. Il vécut les événements de mai 1968 dans la joie et « dans une ambiance de victoire ouvrière ». Nommé piqueur l’année suivante, il se lança dans la bataille pour le reclassement des garde-barrières, avec Henri Barlier et Bernard Bourdet, et pour la réorganisation du service de la Voie au moment de la suppression des cantons. Prenant sa retraite administrative de la SNCF en 1980, Jacques Bureau devint ensuite permanent jusqu’en 1984. De 1975 à 1980, il avait représenté la Fédération CGT au conseil d’administration de la Caisse de prévoyance.
Jacques Bureau était militant communiste.
Marié le 17 juillet 1948, Jacques Bureau est père de deux filles, l’une née en 1948, l’autre en 1950. Sa deuxième fille travaille au service Approvisionnement de la gare de l’Est et est adhérente à l’Union fédérale des cadres et maîtrise (UFCM-CGT).
Par Marie-Louise Goergen
SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — La Tribune des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Notes de Jean-Pierre Bonnet, de Georges Ribeill et de Pierre Vincent. — Renseignements communiqués par Jacques Bureau.