Par Michel Cordillot
Communiste icarien originaire de La Nouvelle-Orléans (Louisiane), John Schroeder était membre de la communauté de Nauvoo (Illinois) en juillet 1854 avec son épouse et leurs deux fils Wilhelm et Hugo, nés respectivement les 11 janvier 1851 et 28 mars 1853. Peintre en bâtiment, mais aussi peintre à la fresque, il participa à la décoration des grands bâtiments communs ; sa femme était couturière.
John Schroeder fut élu membre de la gérance de la colonie le 9 septembre 1855. Pendant la crise qui secoua la communauté à partir de décembre 1855 jusqu’à l’automne1856, il se rangea du côté des adversaires de Cabet et fut de ceux qui obtinrent l’expulsion de la communauté de celui qui l’avait fondée. Schroeder était encore membre du conseil de la gérance de Nauvoo au début de l’année 1857, avec le titre de Directeur des Finances. Il semble avoir quitté les Icariens peu après.
John Schroeder demanda à être réadmis en Icarie avec sa famille en 1868 ou 1869. Il était accompagné de son épouse et de deux enfants, Emma, née vers 1864, et Johnny, né vers 1866 ; il avait également avec lui trois enfants nés d’un premier mariage, Hugo, Adèle et Frémont. Sa candidature ayant été agréée, il occupa durant quelques mois la fonction de président de la communauté, tandis que son épouse prenait pour sa part en charge la direction des cuisines.
John Schroeder démissionna en 1871 parce qu’il estimait avoir été désavoué par l’assemblée générale : refusant de suivre ses recommandations, cette dernière avait en effet refusé la réadmission de deux anciens Icariens, Albrecht et Gaskin. Cet échec de Schroeder à faire prévaloir son point de vue marqua le début des dissensions au sein de la communauté, lesquelles aboutirent à la fin de la décennie à la rupture entre la Jeune et la Vieille Icarie.
Les Schroeder quittèrent la colonie dans le courant des années 1870. Ils s’installèrent d’abord à Creston (Iowa), avant de partir à Los Angeles (Californie). Lors de la scission de 1877, dans sa réponse à une lettre de Sauva qui lui demandait d’expliquer sa position, Schroeder prit le parti de la Jeune Icarie (à laquelle son fils Hugo, toujours présent dans la communauté, s’était rallié) tout en soutenant le principe d’une séparation à l’amiable.
Par Michel Cordillot
SOURCES : Colonie icarienne, 26 juillet, 20 septembre 1854 ; Colonie icarienne, 26 juillet, 20 septembre, 27 septembre 1854 ; É. Cabet, Guerre de l’opposition contre le citoyen Cabet, août 1856 ; Revue icarienne, n° 1, octobre 1856 ; L’Étoile du Kansas et de l’Iowa, 1er avril 1878 ; La Jeune Icarie, 15 juillet 1878 ; Marie Marchand-Ross, Child of Icaria, New York, City Printing Company, 1938 ; Fernand Rude, « Allons en Icarie ». Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Grenoble, PUG, 1980, p. 171 ; Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994, passim ; notes de François Fourn et Robert Sutton.