Par Georges Portalès
Née le 13 septembre 1905 à Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), morte le 20 juillet 1996 à Albi (Tarn) ; institutrice puis professeure d’espagnol ; pédagogue ; rédactrice et correspondante de presse à Madrid du journal socialiste SFIO Le Populaire ; militante socialiste SFIO du Tarn.
Georgette Boyé était la fille d’Eugène Boyé, employé intérimaire des chemins de fer à la gare de Tessonières (Tarn), devenu sous-chef de gare à Albi (Tarn) et de Valérie, Angèle Cavallou, institutrice. Le couple eut deux enfants, Maurice et Georgette.
Georgette Boyé fit ses études primaires à l’annexe de l’École normale d’Albi et intégra celle-ci pour devenir institutrice. Son professeur d’espagnol, Léon Pompidou, dont le fils devint président de la République, lui obtint une bourse d’enseignement au lycée français de Madrid où elle fut nommée institutrice. Passionnée par cette langue, elle eut une licence d’espagnol à la faculté des lettres de Toulouse. Elle devint professeur d’espagnol dans les classes secondaires du lycée français de Madrid.
Adepte de la pédagogie moderne, elle fut une spécialiste de cette méthode, appliquée à sa discipline, l’espagnol. Elle rencontra Rodolfo Llopis, alors directeur général de l’enseignement primaire au ministère de l’Éducation nationale, puis ministre, secrétaire-adjoint de la présidence du Conseil des ministres du gouvernement de Francisco Largo Caballero. Georgette et Rodolfo avaient une foi inébranlable en l’école laïque qui pour eux était l’arme nécessaire pour changer l’Homme, la Démocratie et la Société.
Rodofo Llopis entreprit une vaste rénovation de l’enseignement en Espagne, alors sous la coupe des institutions religieuses. Il créa des centaines d’écoles pour combattre l’illettrisme endémique dans le pays ; dès lors laïcité, mixité furent la règle. ( L’article 46 de la Constitution de la République espagnole, élaboré par Rodolfo Llopis, est repris dans la Constitution de 1978).
Georgette Boyé voulut faire connaître à la France l’importance de cette vague de transformations en Espagne et écrivit de nombreux articles dans Le Populaire, organe du parti socialiste SFIO et l’École Libératrice, organe du Syndicat national des instituteurs, qui contenait une partie d’information syndicale et sociale et une partie pédagogique.
Georgette Boyé et Rodofo Llopis se marièrent à Albi le 11 février 1937 en pleine guerre civile espagnole. Le lycée français ferma ses portes et Georgette fut nommée au lycée de Lavaur (Tarn) puis au lycée Rascol à Albi, où elle exerça jusqu’à sa retraite.
Rodolfo Llopis, après la défaite de la France en 1940, fut placé en résidence surveillée à Chambon-le-Château en Lozère par le gouvernement de Vichy. Grâce à son mariage avec une française, il trouva une relative tranquillité vis-à-vis des autorités et put correspondre avec ses amis politiques et syndicalistes espagnols.
Georgette Boyé-Llopis fut très engagée à la fédération socialiste SFIO du Tarn, notamment comme responsable des femmes socialistes de ce département et rédactrice du journal socialiste Le républicain du Tarn. Elle était l’amie de [Maurice Deixonne-21860].
Elle fut un véritable soutien matériel et moral de son mari Rodolfo Llopis qui, durant l’Occupation, s’impliqua dans la Résistance française et fit partie du Mouvement de Libération Nationale, puis du réseau France au Combat : il fut chargé des relations avec les divers mouvements de résistance espagnole qui luttaient contre l’Allemagne Nazie et le régime de Vichy.
En 1947, Rodolfo Llopis était le chef du gouvernement espagnol en exil et le secrétaire général du PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol ) de 1944 à 1972. Il fut aussi président de l’UGT (Union générale des travailleurs d’Espagne). Lors du Congrès de Toulouse en 1972, une scission se produisit au sein du PSOE.
Il devint alors secrétaire général du PSOE historique : Felipe Gonzalez fut élu secrétaire général du PSOE au congrès de Suresnes en 1974.
Jean-Jacques Fleury, ancien adjoint au maire socialiste d’Albi, rendit hommage à Georgette Boyé-Llopis dans un article publié dans les colonnes de la Dépêche du Midi du 13 septembre 1992 : « À Madrid, elle s’était bien intégrée aux cercles littéraires et artistiques et à la vie politique de la capitale espagnole. Elle fut à Albi un grand ambassadeur de la culture hispanique. Elle fut, ici même, un des acteurs de la vie intellectuelle et artistique … »
Le couple Llopis eut deux enfants : Rodolphe et Annie.
Elle est enterrée aux cotés de son mari et de ses parents au cimetière des Planques à Albi.
Par Georges Portalès
SOURCES : Arch. OURS, dossier Maurice Deixonne et la Fédération socialiste du Tarn, 1953-1977, communiqué par Claude Pennetier. — Bruno Vargas, Rodolfe Llopis 1895-1983, thèse de doctorat Université Toulouse Le Mirail, décembre 1996. — Les Républicains espagnols en Midi-Pyrénées, Exil, histoire et mémoire : contribution de Bruno Vargas, maître de conférence à l’Université Jean-François Champollion à Albi, pages 202 à 209 intitulés « L’idéal républicain en exil, Rodolfo Llopis (1895-1983) ».
. — Fondation espagnole Indalecho Prieto, Rodolfo Llopis, pedagogo y politico, par Bruno Vargas, Alfredo Liébana ; Alonso Puerta, Beatriz Garcia Paz. Imprimé en Espagne en février 2014. — José Martinez Cobo, Récuerdos fraternales-España desde el exilio, édité en 2009 en Espagne par la Fondation Pablo Iglesia. — Notice biographique établie avec le concours de Rodolphe Llopis, Bruno Vargas et Claude Pennetier.