VOGEL [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis]

Par Michel Cordillot

Né vers 1815 à Colmar (Haut-Rhin), mort après 1860 ; casquetier ; communiste icarien ; membre de la gérance de la communauté de Nauvoo (Illinois) ; ayant soutenu Cabet jusqu’au bout, il suivit ce dernier à St Louis et assista à son décès ; membre de la communauté de Cheltenham (Missouri), il fit sécession en 1859.

Communiste icarien Vogel était ouvrier casquettier. Il rejoignit les Icariens à Nauvoo (Illinois) le 17 mai 1850, sans doute en compagnie de sa sœur. Membre, en 1854, de la gérance, il était chargé du secrétariat et de l’imprimerie. À ce titre, il aida Cabet à publier Der Communist, Organ der ikarischen Güter Gemeinschaft qui parut jusqu’en 1856 ; il faisait également partie de la musique icarienne. Mlle Vogel travaillait comme lingère.

Au moment de la crise de 1855-1856, Vogel fut l’un des principaux soutiens de Cabet face à ses opposants qui avaient résolu de la chasser de la communauté. Membre du conseil de la gérance élu le 9 septembre 1855, il aurait théoriquement dû rester en fonction encore un an. Dans la séance du 12 au 13 mai 1856, séance à l’issue de laquelle Cabet perdit le soutien de la majorité des Icariens, Vogel fut l’un des seuls, avec Blondeau et Mercadier, à oser prendre sa défense devant une assemblée déchaînée. En août, Vogel, qui détenait les livres de comptes et les clefs du secrétariat refusa de les donner à J.-B. Gérard qui les réclamait, et qui fut violemment pris à partie à cette occasion.

Vogel gagna Saint Louis (Missouri) avec la minorité. Avec Raynaud et son épouse, Mercadier et Baron, il était au chevet de Cabet quand celui-ci mourut le 8 novembre 1856 à cinq heures du matin. Immédiatement après la mort du fondateur d’Icarie, il fut élu membre de la gérance de la communauté de Saint Louis avec Heggi, Roy, Ch. Mesnier et Mercadier, et il resta en fonction jusqu’au 3 février 1857. À ce titre, il fut l’une des dix personnes admises à suivre le convoi funèbre de Cabet jusqu’au cimetière de Riddle, le 9 novembre 1856.

Vogel commença à s’opposer à Benjamin Mercadier à partir de janvier 1858. Lorsque la communauté s’installa à Cheltenham, il se fit le porte-parole d’un groupe qui exigeait un remaniement approfondi de la constitution icarienne, constitution que Mercadier désirait pour sa part maintenir aussi conforme que possible aux recommandations de Cabet. Les discussions durèrent tout au long de l’année. Finalement, Vogel démissionna le 19 mars 1859, entraînant avec lui 44 Icariens, soit près du tiers de l’effectif de la colonie de Cheltenham. Cette dernière ne se releva jamais véritablement de cette défection.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166404, notice VOGEL [Dictionnaire biographique du mouvement social francophone aux États-Unis] par Michel Cordillot, version mise en ligne le 9 octobre 2014, dernière modification le 9 octobre 2014.

Par Michel Cordillot

SOURCES : BN Nafr 18 150, ff. 303 et 304, lettre de Raynaud à Béluze datée du 11 novembre 1856 ; Le Populaire de 1841, passim ; Colonie icarienne, 26 juillet, 27 septembre 1854 ; Bulletin des Lois, 1er mars 1858 ; J.-P. Béluze, Lettres icariennes, Paris 1859-60, p. 77 sq., 409 ; Jules Prudhommeaux, Icarie et son fondateur Étienne Cabet, Paris, Cornély & cie, 1907, p. 397, 444 ; Fernand Rude, « Allons en Icarie ». Deux ouvriers viennois aux États-Unis en 1855, Grenoble, PUG, 1980, p. 56 ; Robert P. Sutton, Les Icariens : The Utopian Dream in Europe and America, Urbana, University of Illinois Press, 1994 ; note de François Fourn.

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