LEBAN Max, Jacques, Lucien, Émile

Par Daniel Grason

Né le 29 mai 1909 à Saint-Pierre (Saint-Pierre et Miquelon), fusillé le 2 décembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; directeur d’une agence de location ; résistant du réseau Johnny puis Jade Fitzroy.

Originaire de la Manche près de Granville, la famille Leban émigra sur plusieurs générations à Saint-Pierre-et-Miquelon. Le père de Max Leban, Lucien était armateur à la naissance de son fils Max le 29 mai 1909, sa mère Jeanne, née Regnard était sans profession. Lucien Leban ruiné par la Grande Guerre revint en métropole, puis résida à New York où il devint sous-directeur de la chocolaterie Menier.
En octobre 1929, Max Leban vint à Granville et s’engagea dans l’armée. Affecté dans l’infanterie, il suivit les cours de l’École des sous-officiers à Saint-Maixent et devint de sergent-chef. Il épousa une femme originaire de Saint-Pierre et Miquelon, Émilienne Theberge, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Max et Émilienne s’installèrent à Paris où ils tenaient une blanchisserie. À la suite de la mort de leur première fille à l’âge d’un mois en décembre 1932, ils retournèrent en Ille-et-Vilaine et s’installèrent à Paramé (aujourd’hui rattaché à Salint-Malo, Ille-et-Vilaine), le couple eut quatre enfants : Jacqueline (1932), Jacques (1935), Lucien (1938) et Michel (1941). Employé à la Compagnie d’électricité Lebon, Max Leban se mit à son compte comme agent immobilier.
Mobilisé en septembre 1939, il fut affecté au Centre d’instruction de la Mission française de liaison auprès de l’Armée britannique le 10 novembre 1939, puis versé dans un dépôt du Train. Il fut démobilisé le 23 juillet 1940. De retour à Paramé, il reprit son activité professionnelle et entra dès août 1941 dans la Résistance, d’abord au réseau Johnny, rapidement démantelé, puis devint l’un des agents de renseignements P 2 (rémunéré) du réseau Jade Fitzroy. Sergent-chef de réserve dans l’infanterie, il était chargé de mission dans le réseau ce qui équivalait à lieutenant.
Il fut arrêté le 8 mars 1943 à Saint-Malo avec Arthur Lambert, dit Vlado, par la police de sécurité et du service de renseignements de la SS (Sipo-SD), appelée communément la Gestapo. Torturé lors des interrogatoires, il fut incarcéré à la prison Jacques-Cartier de Rennes. Transféré à Paris, emprisonné à Fresnes, il comparut le 16 novembre 1943 devant le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.).
Condamné à mort pour « complicité d’espionnage », Max Leban était passé par les armes le 2 décembre 1943 à 9 h 26 au Mont-Valérien en compagnie de six autres Malouins du réseau Jade-Fitzroy (Arthur Lambert, René Boltz, Marcel Bosquet, Marcel Cotteret, Léon Humbert et Isidore Leroux), ainsi que trois Polonais (Octav Firla, Zbigniew Jablonski, Boguslaw Kieres) et un Russe, Kasimir Luczinski. L’inhumation de Max Leban eut lieu au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; son corps fut restitué à sa famille le 18 juillet 1950.
Le réseau Johnny fut homologué comme unité combattante du 18 mars 1941 au 15 juillet 1942 et le réseau Jade-Fitzroy du 1er janvier 1941 au 30 septembre 1944. À titre posthume, Max Leban reçut une citation à l’ordre de l’armée et une citation à l’ordre du corps d’armée portant attribution de la Croix de guerre avec palme et étoile de vermeil : « Il s’occupait de recueillir par lui-même toutes indications intéressante sur l’activité des allemands dans la région malouine : mouvements de troupes, trafic en gare auprès de laquelle il habitait et surtout mouvement de bateaux ». La surveillance des navires de la Kriegsmarine retenait toute son attention. Le ministère des Anciens combattants lui attribua la mention « Mort pour la France », il a été homologué membre des Forces Françaises Combattantes (F.F.C.) d’obédience gaulliste. Max Leban reçut une citation à l’ordre de l’Armée et une citation à l’ordre du Corps d’Armée portant attribution de la Croix de guerre avec palme et étoile de vermeil. Par décret du 9 janvier 1986, il a été décoré de la médaille de la Résistance.
Une rue de Saint-Malo et une de Saint-Pierre honorent sa mémoire.
Son nom est gravé sur le monument-cloche du Mont-Valérien.

Dernière lettre.

Fresnes, le 2 décembre 1943
 
Ma bien tendre aimée,
mes chers petits enfants,
 
Hier j’ai eu le bonheur, ma chérie de te voir pour la dernière fois. Il faut avoir du courage, beaucoup de courage, car ton petit homme qui t’a tant aimé avec ses petits va donner sa vie pour que vive la France. Ce matin à neuf heures, je serai allé rendre compte au Bon Dieu de ma vie et je suis certain qu’il sera clément.
 
Dans un moment je vais avec mes camarades assister a la Sainte messe et communier. Il faudra remercier ceux qui ont été bons pour mol, et pardonner à tous ceux qui m’ont fait du mal.
 
Je viens, ma chérie, a l’Instant de recevoir l’absolution et je pars le cœur tranquille dans une vie meilleure où je vais rejoindre ma petite Jacqueline, mon papa, ma maman, ma bonne-maman et tous les miens. Tu me rejoindras un Jour là-haut et nous serons à nouveau heureux. Jusqu’à ce temps, sols bonne chrétienne, élève chrétiennement mon petit Jacky, ma Jacqueline, mon petit Lulu et mon petit Michel que j’embrasse bien tendrement. Fais en de bons français et confie toi comme mol à la Divine providence dont les desseins sont Impénétrables.
 
Adieu à tous... Adieu mes petits enfants, soyez bons pour votre maman qui vous aime tant. Adieu ma chérie, toi qui m’as donné tant de joie, nous nous reverrons bientôt au ciel. Reçois les derniers baisers et la bénédiction de celui qui t’a tant aimée.
 
Vive la France.
 
Max

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166450, notice LEBAN Max, Jacques, Lucien, Émile par Daniel Grason, version mise en ligne le 9 octobre 2014, dernière modification le 28 mars 2021.

Par Daniel Grason

SOURCES : DAVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII 4, Liste S 1744-388/43 (Notes Thomas Pouty). – SHD, Caen AC 21 P 69574. – Bureau Résistance : GR 16 P 345 486. – Transmis par Delphine Leneveu : DAVCC : 21 P 33 618. – François Marcot (sous la dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit. – Site Internet Souvenir français de Saint-Malo.— mémoiredeguerre35.

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