BIAGGINI Paul, surnommé Gino

Par Jean-Claude Lahaxe

Né le 5 août 1934 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; ajusteur-outilleur, puis technicien de haut niveau dans l’industrie des matières plastiques ; membre du PCF depuis 1952 et du comité fédéral des Bouches-du-Rhône (1960-2001), député suppléant, conseiller général (1973 puis réélu en 1979), conseiller d’arrondissement (1995, réélu en 2001), directeur du quotidien La Marseillaise (depuis la fin 1983).

Paul Biaggini naquit dans une famille de quatre enfants. Son père fut pointeur dans la réparation navale avant de devenir facteur des PTT. Sa mère, Lucie née De Julis, fut tout d’abord ouvrière dans une entreprise de spiritueux, puis mère au foyer. Ses parents n’avaient pas d’engagement politique. Paul Biaggini fit des études au lycée technique des Remparts à Marseille où il obtint un brevet d’enseignement industriel. À dix-huit ans, du fait de sa situation familiale, il entra dans la vie professionnelle, comme ajusteur-outilleur dans un atelier de mécanique de précision de l’entreprise Azur Plastic qui s’occupait de transformation de matières plastiques. Sportif, il pratiqua dès l’âge de treize ans le cyclisme au Vélo Club de Saint-Just à Marseille, puis le football aux AIL de la Belle-de-Mai (un autre quartier de la cité phocéenne). Paul Biaggini épousa, en septembre 1958, Marcelle Estanislao, secrétaire à l’Éducation nationale, qu’il avait connu en 1955 alors qu’elle militait à l’UJFF (elle rejoignit plus tard le PCF). Le couple eut deux enfants, Paul et Valérie.
En 1952, Paul Biaggini adhéra au cercle de l’Union de la jeunesse républicaine de France (UJRF) du quartier des Chartreux, puis au PCF. Il participa activement aux nombreuses initiatives contre la guerre d’Indochine et pour la Paix organisées alors à Marseille. En 1954, il devint membre du bureau fédéral de l’UJRF et adhéra également au syndicat CGT Bois et assimilés.
En octobre 1955, Paul Biaggini fut appelé au service militaire à la base aérienne d’Istres. En décembre de la même année, il fut envoyé pendant trente mois en Algérie dans les bataillons de l’armée de l’Air. Il fut emprisonné une quinzaine de jours pour avoir fait circuler une pétition dénonçant cette guerre et pour avoir refusé de participer à quelques opérations. À la suite de cette sanction, il fut muté dans différentes garnisons.
Revenu à la vie civile, Paul Biaggini reprit son activité professionnelle dans la même entreprise marseillaise en septembre 1958. Il suivit parallèlement pendant plusieurs années des cours par correspondance, puis un stage de six mois de formation dans une école et une entreprise de plasturgie à Oyonnax. À son retour, il fut appelé à d’autres fonctions par son employeur. Paul Biaggini travailla plus particulièrement à la conception et à la création d’outillages de haute technicité et dirigea les secteurs de la mécanique et de la transformation des matières plastiques. En 1962, devenu technicien de haut niveau, il fut élu délégué CGT dans le collège cadres-techniciens de son entreprise.
Sur le plan militant, Paul Biaggini fut nommé en 1958 secrétaire de la section du PCF de Menpenti, section qui rayonnait sur plusieurs quartiers populaires de la vallée industrielle de l’Huveaune correspondant au 10e arrondissement de Marseille. En 1960, il fut élu au comité fédéral et accéda au conseil national de la Jeunesse communiste. Paul Biaggini fréquenta l’école d’un mois du PCF en 1961. Lors des législatives de l’année suivante, il fut l’un des principaux acteurs de la victoire de Pierre Doize dans une 5e circonscription pourtant depuis longtemps détenue par la droite. Élu en 1965 au bureau de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône, il y assuma la responsabilité de l’éducation et de la formation des cadres. Paul Biaggini fut promu au secrétariat fédéral après la conférence du 10 mars 1968. Il s’y occupa plus particulièrement du travail du Parti en direction de la jeunesse. Il participa activement aux débats parmi les jeunes et les étudiants et aux grandes manifestations de mai 1968. Devenu permanent en 1969, il cessa d’être secrétaire de section en 1970 pour assumer dans le département la responsabilité de la politique communiste en direction des intellectuels et de la culture. En 1974, il suivit les cours de quatre mois dispensés par l’école centrale du PCF.
Parallèlement, Paul Biaggini exerça aussi plusieurs mandats électifs. Lors des municipales de mars 1971, il figura sur la liste conduite par Pierre Doize dans le 5e secteur de Marseille. Ce scrutin vit la liste socialiste conduite par Gaston Defferre et Irma Rapuzzi l’emporter au second tour. En décalage avec les succès nationaux des listes d’union de la gauche, ces élections se traduisirent d’autre part à Marseille, du fait de la division des partis de gauche, par un recul de 20 000 voix pour les communistes. Le PCF essaya de tirer les enseignements de ce résultat et de repenser son activité. Cet effort déboucha, lors des législatives de mars 1973, sur le succès de Georges Lazzarino dans la 5e circonscription. En septembre de la même année, Paul Biaggini, son suppléant fut élu conseiller général du 11e canton de Marseille. Devenu vice-président du conseil général, il fut réélu en 1979. Au sein de cette instance, son activité s’exerça à deux niveaux. Il assuma la responsabilité du développement de l’enseignement et de la formation professionnelle dans les Bouches-du-Rhône. Il mena bataille avec d’autres élus communistes, pour obtenir du préfet et de l’État le financement et un programme de grands travaux d’aménagement de l’Huveaune dont les crues de 1978 avaient dévasté de nombreuses habitations dans l’Est du département.
En 1975, le comité de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône confia à Paul Biaggini le poste de premier secrétaire du comité de ville de Marseille. À cette place, il s’efforça d’amplifier la mise en œuvre des orientations du Parti pour la défense des activités portuaires et navales, contre la fermeture d’entreprises dans les secteurs de la réparation navale, de la métallurgie et de l’agro-alimentaire, pour la défense du logement social et l’amélioration du cadre de vie dans les cités, le développement des transports publics et de la santé publique dans les hôpitaux de la ville. Lors des élections municipales de 1977, alors que Gaston Defferre refusait toujours l’union de la gauche, Paul Biaggini travailla pour ouvrir les listes communistes à des personnalités progressistes de la ville. Avec 102 000 suffrages et 30,7 % des voix exprimées, le PCF enregistra un progrès de plus de 3 % sur ses résultats de 1971. À l’occasion des législatives de 1978, l’influence du Parti progressa encore avec 116 000 suffrages et 31,7 % des voix exprimées. Il obtint quatre députés sur sept à Marseille. Avec ses 14 000 adhérents, le PCF apparaissait alors comme la première force politique de la ville. Il le restera en 1981 en recueillant près de 26 % des voix lors de l’élection présidentielle.
Lors des municipales de 1983, Paul Biaggini prit une grande part à la constitution avec les socialistes conduits par Gaston Defferre des listes d’Union de la Gauche. Ce scrutin permit aux communistes de revenir, trente-six ans après leur éviction, à la direction de la cité phocéenne. Paul Biaggini fut par la suite présenté dans la 5e circonscription lors des législatives de 1985, 1988 et 1993. Élu conseiller d’arrondissement de la mairie du 5e secteur municipal en 1995, il fut réélu en 2001.
Depuis quelques années déjà, les activités de Paul Biaggini au sein du Parti avaient pris une orientation nouvelle. Fin 1983, tout en continuant à siéger au sein du comité fédéral, il avait quitté ses fonctions de secrétaire du comité de ville et son poste au secrétariat fédéral pour prendre le relais de Georges Righetti* à la direction générale du quotidien La Marseillaise. Tout en s’appuyant sur les valeurs initiales de ce titre, il s’attacha à le moderniser afin de répondre aux mutations technologiques et aux multiples besoins d’information. Après la tentative de 1985, adoption d’un format de type tabloïd et d’une formule rédactionnelle plus ouverte (ces mesures se révélèrent insuffisantes pour enrayer l’érosion du lectorat), Paul Biaggini et la direction du quotidien préconisèrent en 1997 de passer d’un journal partidaire à un organe d’information et d’opinion ayant une démarche et une conception journalistiques nouvelles, basées sur l’ouverture au monde et à la société, aux réalités et aux luttes locales et régionales, aux débats d’idées. L’activité de Paul Biaggini dépassa le cadre de la seule Marseillaise puisqu’en 1991 il était membre du Syndicat des quotidiens régionaux (SQR) et du directoire de l’Agence centrale de publicité (ACP).
Jusqu’en 2001, Paul Biaggini demeura membre du comité de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône et conseiller d’arrondissement. Il est aujourd’hui encore directeur du quotidien La Marseillaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article16646, notice BIAGGINI Paul, surnommé Gino par Jean-Claude Lahaxe, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 7 février 2022.

Par Jean-Claude Lahaxe

SOURCES : Archives Fédération du PCF des BDR et données à la suite de l’élection des instances dirigeantes. — Archives La Marseillaise, depuis 1952. — Documentation permanente de la Société Générale de Presse. — Renseignements fournis par Paul Biaggini à Claude Pennetier, avril 2006.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable