TIROT Pierre, Florentin, Charles

Par Daniel Grason

Né le 13 juin 1908 à Caen (Calvados), fusillé, par condamnation, le 17 avril 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; ajusteur mécanicien ; militant communiste ; volontaire en Espagne républicaine ; résistant de l’Organisation spéciale (OS), puis FTPF.

Pierre Tirot
Pierre Tirot

Fils de Joseph et de Berthe, née Durand, Pierre Tirot obtint à l’issue de l’école primaire le certificat d’études primaires. Il épousa Clotilde Givry à la mairie de Caen le 14 août 1928. Il se remaria avec Raymonde Bravo à Deauville le 28 juin 1939. Il travaillait dans la métallurgie à Issy-les-Moulineaux (Seine, Hauts-de-Seine) et exerçait le métier d’ajusteur mécanicien à la Société d’outillage mécanique et d’usinage d’artillerie (SOMUA), qui fabriquait les chars de combat AMX.
Il adhéra au Parti communiste, participa le 2 septembre 1932 à un rassemblement de lutte contre la guerre impérialiste à la salle Bullier à Paris (XIVe arr.). Des affrontements avec la police eurent lieu après le meeting, vingt-cinq participants, blessés, furent pansés à l’hôpital Cochin (XIVe arr.). Des policiers interpellèrent Pierre Tirot, qui comparut devant le tribunal correctionnel et fut condamné à quinze jours de prison pour « violences à agents ». Le 24 septembre, l’Humanité salua sa sortie de prison où il passa six jours au cachot ; il effectua en réalité vingt et un jours de prison, « car les assommeurs ne voulaient [pas] le relâcher avec des marques trop apparentes des coups qu’il reçut ».
Il s’engagea à vingt-huit ans dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole. À la base d’Albacete, il fit la connaissance d’une des filles de Benito Bravo, révolutionnaire espagnol qui s’était exilé en France et en Belgique en 1912 : Raymonde Bravo, née le 1er novembre 1914 à Vichy (Allier), devint sa seconde femme. Il combattit jusqu’à la fin sur les terres espagnoles, et fut rapatrié début 1939.
Mobilisé en septembre 1939 à Sainte-Menehould (Marne), puis démobilisé, Pierre Tirot ne reprit pas son poste de travail, refusant de fabriquer des blindés pour les Allemands. Il trouva du travail dans un garage. Le couple habitait 65 rue Dutot dans le XVe arrondissement de Paris.
Pierre Tirot entra dans l’OS et fut instructeur dans le secteur 149 de Paris, région Sud. Il participa à plusieurs actions : destruction d’un poste de radio allemand en mai 1941 à Goussainville (Seine-et-Oise, Val-d’Oise) ; vol d’explosifs le 1er octobre 1941 près de la gare de Lagny (Seine-et-Marne) ; jet d’un engin explosif le 2 décembre 1941 vers 17 h 10 dans la permanence du Rassemblement national populaire (RNP), 14 boulevard Blanqui à Paris (XIIIe arr.), qui provoqua quelques dégâts matériels ; enfin, tentative d’attaque du Lido, lieu de ripailles des occupants allemands.
Arrêté le 26 février 1942 par la Brigade spéciale no 2 (BS2), Pierre Tirot resta au Dépôt jusqu’au 13 mars. Il fut livré au Sonderkommando de la Geheimfeldpolizei, police secrète de campagne, et fut incarcéré dans la cellule 94, 3e division de la prison de la Santé (XIVe arr.). Il fut condamné à mort le 13 avril 1942 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait à la Maison de la Chimie. La presse collaborationniste, dont Le Matin, annonça le verdict : « 25 condamnations à mort au procès de terroristes ». Il fut passé par les armes le 17 avril 1942 à 17 h 22 avec ses compagnons, au Mont-Valérien. Son inhumation eut lieu au carré des corps restitué au cimetière d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne).
Son épouse témoigna le 6 février 1945 devant la commission d’épuration de la police. Elle indiqua que Pierre Tirot avait été arrêté le 9 février 1942 boulevard Edgar-Quinet (XIVe arr.) lors d’un rendez-vous, par deux policiers. Le soir, vers 23 heures, leur domicile avait été perquisitionné, mais rien ne fut saisi. Elle porta plainte contre les policiers qui avaient arrêté son mari et l’avaient livré aux Allemands.
Dans une salle de la Maison de la Chimie, une plaque commémorative a été apposée avec les noms des fusillés : « En ce lieu ont été jugés du 7 au 14 avril 1942 par un tribunal militaire nazi, siégeant à la Maison de la Chimie réquisitionnée, 27 combattants membres des premiers groupes de résistance armée (O.S. – F.T.P.F.), livrés à l’occupant par la police de Vichy ». Le nom de Pierre Tirot figure également sur la plaque de la Bourse du Travail rue du Château-d’Eau (Xe arr.) : « À la Mémoire des dirigeants de Syndicats tombés dans les combats contre le nazisme pour la libération de la France – Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés et ce sera justice – Paul Eluard ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166550, notice TIROT Pierre, Florentin, Charles par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 octobre 2014, dernière modification le 12 avril 2022.

Par Daniel Grason

Pierre Tirot
Pierre Tirot

SOURCES : Arch. RGASPI, 545.6.1039 (Moscou), fiches individuelles des brigadistes au 31 octobre 1937. – Arch. PPo. 1W 1775, BA 1752, KB 26. – AVCC, Caen, Boîte 5, Liste S 1744-219/42 (Notes Thomas Pouty). – Le Matin, 15 avril 1942. – S. Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – André Rossel-Kirschen, Le procès de la Maison de la Chimie (7 au 14 avril 1942), L’Harmattan, 2002. – L’Humanité, 2, 3, 4, 24 septembre 1932. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Mémorial GenWeb. – État civil, Caen.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 189 cliché du 10 février 1942.

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