ROYANNEZ Adolphe, Joseph, François

Par Jean Maitron

Né le 7 mars 1829 à Paris (VIe arr. ancien) ; mort le 1er octobre 1894 à Paris (XVIIIe arr.) ; opposant au Second Empire ; journaliste socialiste.

Photographie de Adolphe Royannez dans L’Invasion, le Siège, la Commune, 1870-1871 par Armand Dayot (Flammarion).

Fourrier de la garde mobile en Juin 1848, Adolphe Royannez combattit pour l’ordre et fut blessé. Cependant, selon la presse au moment de sa mort, il aurait refusé de tirer sur les insurgés.
Il fut professeur de latin en 1850 à Saint-Germain-en-Laye, puis en 1851 chez Jacquet, chef d’institution à Dreux (Eure-et-Loir). Il fut interdit en juin 1851 par le Conseil académique, après traduction devant la cour d’assises, pour la publication du roman Ernest Dubosse. En relations avec Noël Parfait et Théodore Bac, son défenseur, il vint s’établir à Paris, 198, quai de Jemmapes, où il vivait maritalement avec une ouvrière fleuriste. Journaliste et rédacteur du Glaneur d’Eure-et-Loir en décembre 1851, il se trouvait, en compagnie d’un autre rédacteur du Glaneur, rue du Faubourg-Montmartre, au moment où la troupe tira. Il paraît s’être trouvé rue Pelletier dans une réunion de représentants montagnards, mais surtout il était dénoncé par sa propre mère qui voulait l’obliger à renoncer à la politique et à quitter sa maîtresse. Il fut expulsé.

Le Glaneur d’Eure-et-Loir demandait déjà, dans son numéro du 6 janvier 1848, « l’amélioration du sort des classes nombreuses ». Il était devenu l’organe des démocrates socialistes chartrains. Royannez, poursuivi en 1851, ainsi que le gérant Bureau, avait été acquitté après une plaidoirie de Théodore Bac.

Adolphe Royannez vint s’établir à Marseille dans les dernières années du Second Empire. Il y milita dans les rangs de l’opposition la plus avancée, se disant lui-même révolutionnaire, athée et socialiste. « Je crois, écrivait-il, qu’en dehors du socialisme, seul, pouvant mettre un terme à l’antagonisme du travail et du capital, et faire cesser radicalement et à jamais l’exploitation de l’homme par l’homme ». Il continua, après le 4 septembre 1870, à jouer un certain rôle dans la vie politique marseillaise, toujours à l’extrême gauche.

Dès juillet 1871, dans sa modeste gazette La Voix du Peuple, socialiste d’inspiration proudhonienne, il osa attaquer le gouvernement de Thiers et glorifier la Commune et le Socialisme. Il fut plus tard, à Toulon, le rédacteur en chef du journal radical le Progrès du Var. Sa fille Jeanne épousa, en 1876, le poète ouvrier Clovis Hugues.

Son enterrement civil eut lieu au cimetière du Père-Lachaise.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article166553, notice ROYANNEZ Adolphe, Joseph, François par Jean Maitron, version mise en ligne le 13 octobre 2014, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Jean Maitron

Photographie de Adolphe Royannez dans L’Invasion, le Siège, la Commune, 1870-1871 par Armand Dayot (Flammarion).

OEUVRE : (cotes de la Bibl. Nat.) : À propos du congrès de Liège : l’athéisme et la révolution devant le « Courrier de Marseille » et la « Gazette du Midi », Lyon, 1866, in 8°, 30 p., Rp 3457. – Appel à la démocratie pour la création à Marseille... d’un journal quotidien sous le titre « La Voix du Peuple », Marseille, 1867, in-8°, 16 p., 8° Lc 11/635 (11). – L’Échéance de 1869, lettre sur les prochaines élections générales à très grande et très noble dame « Gazette du Midi », Marseille, 1868, in-16, 31 p., 8° Lb 56/1955. — La France sous Napoléon III, Marseille, 1868, in-16, 61 p., 8° Lb 56/2127. — Loisirs d’un prisonnier, ouvrage écrit sous les verrous de la maison d’arrêt de Marseille, in-8°, I. — Confidences et méditations, 1867, Z 59449, II. — La Petite fille de l’émigré, Z 59450. — La Révolution en Espagne [...], Paris, 1868, in-8°, 15 p., 8° Oc. 1379. — La « Voix du Peuple » et la démocratie marseillaise, histoire d’un fiasco, Marseille, 1868, in-8°, 12 p., 8° Lc 11/635 (12). --- La Revendication, brochure politique, Toulouse, 1869, in-16, 38 p., 8° Lb 56/2385. — L’École des jeunes filles ou Lettres d’un athée, 1870, in-16, 72 p., R 49643. — La République, lettre à un bourgeois réactionnaire, Marseille, 1871, in-8°, 32 p., 8° Lb 57/2340. --- Y a-t-il une question sociale ? lettre familière à Jacques Bonhomme, Paris, 1876, in-16, 29 p., 8° Lb 57/5494. — La Crise municipale et le comité central à Marseille, Marseille, 1879, in-8°, 20 p., 8° Lk 7/21209. À citer encore un drame historique et quelques oeuvres « d’éducation récréative ».

SOURCES : Arch. Min. Guerre, B 837. — M. Dessal, La Révolution de 1848 et la Seconde République dans le département d’Eure-et-Loir, Chartres, 1948. — A. Olivesi, La Commune de 1871 à Marseille, Paris, 1950, pp. 56-57 et 155. — Le Progrès du Var, 2 décembre 1876 et passim (collection aux Arch. Dép. Var). — La Petite République, 3 et 5 octobre 1894. — Notes de J. Chuzeville.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit., p. 279.

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